Au Vigeant, dans la Vienne
L’abattoir de la Sodem investit pour l’avenir
La Sodem-Covimo axe son développement sur les démarches qualités, l’optimisation de sa chaîne d’abattage et une meilleure valorisation des sous-produits.
Sur la chaîne d’abattage de la Sodem-Covimo, premier abattoir indépendant spécialisé ovin de France, les animaux défilent au rythme moyen de 340 par heure. Une des cadences les plus rapides d’Europe, prévue pour aller jusqu’à 380, voire 425 pendant la fête de l’Aïd. Depuis sa construction, la société a multiplié les opérations de rénovation et modernisation pour améliorer la cadence et soulager le travail. Elle a notamment investi en 2015 dans un double restrainer pour augmenter la performance de la chaîne, notamment pendant la période de l’Aïd. Il permet de respecter le délai de 14 secondes entre chaque agneau, imposé par la réglementation bien-être animal, lors de l’abattage sans étourdissement. Elle va aussi s’équiper d’un Vapo Vac qui envoie de la vapeur et aspire les souillure pour parfaire le nettoyage des carcasses.
La Sodem va chercher des agneaux de plus en plus loin
Pour diluer les coûts de fonctionnement de l’outil et atteindre l’équilibre, l’optimisation du remplissage de la chaîne est très importante. L’objectif d’abattre 9 000 têtes par semaine est atteint les semaines précédant Noël et largement dépassé la semaine de l’Aïd avec 14 000 têtes, mais ce n’est pas le cas pour les mois d’automne. Face à la diminution des cheptels dans la zone, la Sodem-Covimo va chercher des agneaux de plus en plus loin. Si sa zone principale d’activité reste le Centre-Ouest, avec les groupements Poitou ovin, Ecoovi et Terrena qui représentent 30 % des approvisionnements, ainsi que les associations d’éleveurs Adov, Adeds et Opalim, la Sodem achète aussi des agneaux en Aveyron, dans le Lot, le Centre-Val-de-Loire et dans l’Est de la France… Enfin, elle abat aussi des animaux pour le compte de tiers en prestation de services, essentiellement des brebis et chèvres de réformes, notamment pour l’entreprise Pierrepont.
90 % de la commercialisation se fait en carcasse, essentiellement auprès de grossistes de la région parisienne et du Nord-Ouest. Si l’abattoir est équipé pour faire de la découpe et des barquettes sous vide, cela ne représente plus que 10 % de son volume. Très coûteux en main-d’œuvre et frais de transport, ces produits sont concurrencés par des agneaux européens beaucoup moins chers et la Sodem-Covimo préfère trouver des partenariats auprès de découpeurs spécialisés géographiquement plus proches des lieux de consommation. La société a plutôt choisi d’axer sa stratégie de développement sur les démarches de qualité et elle a en 2015 vendu 25 % de ses agneaux sous signes d’identification de la qualité et de l’origine (Label rouge le Diamandin, IGP agneau de Poitou-Charentes, marque Agneaux des bocages et Filière qualité carrefour), soit une hausse de 4 % par rapport à 2014. Elle vient aussi de signer l’agrément pour faire du Bio. La dernière quinzaine de décembre, la Sodem achetait ses agneaux U2 certifiés labellisés aux environs de 7,5 euros le kilo. Pour les éleveurs de Poitou ovin, qui a mis en place une prime de saisonnalité, maximale à cette période, le prix perçu était finalement d’environ 8,3 euros par kilo de carcasse. Le prix de revente par la Sodem du même agneau U2 labellisé est compris entre 8,5 et 9,3 euros. « Il s’agit d’un seuil psychologique à ne pas dépasser. » Le gras constitue souvent le principal défaut des carcasses. « Les magasins n’acceptent plus en rayons les agneaux trop gras, l’agneau est vu comme un produit de niche et doit donc être irréprochable. »
Un projet de méthaniseur pour traiter une partie des déchets
Le traitement des coproduits et des déchets est aussi un enjeu de taille pour la Sodem-Covimo. « Un animal vivant, c’est en moyenne 50 % de carcasse et 50 % de sous-produits ». Une meilleure valorisation des sous-produits est donc une piste pour améliorer l’équilibre économique de l’abattoir. D’autant plus que l’équarrissage coûte cher. Près d’un euro par tête abattue, environ 200 000 euros pour l’année 2015. Faisant face à des coûts croissants d’élimination des déchets, l’abattoir a signé un objectif de réduction de ses déchets de 5 %.
La Sodem-Covimo a acquis cette année une nouvelle machine à traiter les boyaux, favorisant le recyclage des eaux usées. Elle possède sa propre station d’épuration avec un agent affecté à temps plein au suivi de son bon fonctionnement. Elle s’est de plus engagée dans un projet de construction de méthaniseur associant plusieurs structures afin de traiter et valoriser sur place une partie de ses déchets : fumiers, boue de station d’épuration, matière stercoraire (matière fécale et en digestion)… Le site permettra également la fourniture d’eau chaude pour l’abattoir et la réduction des émissions de gaz à effet de serre de la structure.
Optimiser le fonctionnement de la chaîne pour diluer les coûts
Un abattoir aux mains des éleveurs
La Sodem-Covimo est détenu à plus de 99 % par des organisations d’éleveurs. À sa création en 1978 par les coopératives Poitou ovin et Campal et un négociant local, l’objectif poursuivi est que les agneaux de la région ne partent plus se faire abattre ailleurs afin de conserver la valeur ajoutée dans la zone. L’Alliance pastorale a racheté fin novembre les anciennes parts de la Campal passées entre-temps aux mains de Somafer. « Nous voulions que l’actionnariat de la Sodem soit constitué d’organisations d’éleveur et que l’outil reste ainsi aux mains des éleveurs » explique Olivier de la Rochethulon, directeur de l’Alliance pastorale. Aujourd’hui, l’abattoir appartient à 40 % à Poitou ovin, 47 % à l’Alliance pastorale, et 8 % à Ecoovi, le reste étant réparti entre quelques autres groupements et individuels. Le fait que les coopératives soient actionnaires de l’abattoir permet d’avoir des liens de proximité renforcés entre les éleveurs et leur abattoir. « Pour Poitou ovins, l’intérêt de ce partenariat, c’est d’abord que la Sodem collecte les animaux chez les éleveurs et les amène directement sur le site d’abattage, explique Catherine Falcoz, directrice de l’OP Poitou ovins, ainsi nous n’avons aucun frais de transport. Nous fixons les prix ensemble, dans une relation de proximité et les adhérents peuvent avoir leurs retours d’abattage dans la journée. En contrepartie, Poitou ovins fait pour la Sodem tout le travail d’organisation de la production avec la prime saisonnière, le suivi d’élevage, la génétique… »