La recherche ovine aux 3R
La 23e édition des 3R, Rencontres autour des recherches sur les ruminants, a rassemblé chercheurs et techniciens début décembre à Paris.
Pas d’impact à long terme de l’allaitement artificiel
L’Inra testé les effets de l’allaitement artificiel sur la santé, le comportement et les performances des agneaux. En effet, cette technique, qui concerne en moyenne 13 % des agneaux français, induit souvent une mortalité plus élevée, 14 % en moyenne mais pouvant parfois monter jusqu’à 50 %. « Cette mortalité élevée peut être causée par des pathologies digestives ou par l’inadaptation des agneaux à l’allaitement artificiel, explique Raymond Nowak de l’Inra de Nouzilly. C’est aussi dû au choix des agneaux placés à la louve, pas toujours les plus gras ou les plus vigoureux… ». L’Inra a suivi trois lots de 16 agneaux Romane : des agneaux restant avec leur mère et des agneaux mis en allaitement artificiel à trois jours d’âge et nourris, soit avec du lait commercial reconstitué, soit avec du lait de brebis Lacaune traites quotidiennement. Au sevrage à 45 jours, tous ces agneaux ont été retriés et alimentés avec du foin et du concentré. Des différences de croissance sont observées avant 22 jours : les agneaux nourris au lait commercial grossissent moins vite que ceux nourris au lait de brebis qui eux grossissent moins vite que ceux restés sous la mère. Par contre, les différences de croissance s’estompent rapidement et, au bout de 150 jours, le poids final est équivalent dans les trois lots. Les agneaux allaités artificiellement, quel que soit le lait, sont apparus plus actifs en case d’élevage et moins craintifs vis-à-vis de l’homme à 21 jours. Par contre, ils ont eu tendance à avoir l’arrière-train plus sale lorsqu’ils sont nourris avec l’aliment d’allaitement que celui des agneaux nourris au lait de brebis. « Si l’allaitement artificiel peut constituer un risque dans le jeune âge, il n’a pas d’effet durable après le sevrage » conclut le chercheur.
La situation épidémiologique de la FCO en France
Stéphan Zientara, responsable de l’unité de virologie de l’Anses/Inra/École vétérinaire de Maisons-Alfort, a présenté la situation épidémiologique de la fièvre catarrhale ovine (FCO) en France. La FCO est une maladie infectieuse des ruminants domestiques et sauvages. Elle se transmet par l’intermédiaire d’un moucheron. Trois ans après que la France ait été déclarée indemne de la FCO, le virus est réapparu en août 2015 dans l’Allier. Les analyses ont montré qu’il s’agissait du sérotype 8, le même qui avait sévi en France entre 2006 et 2012. Le virus avait été éradiqué après plusieurs campagnes vaccinales de grande envergure. Mais depuis septembre 2015, 1 028 foyers ont été répertoriés en France, la zone indemne (sans contamination) se réduit de mois en mois. Stéphan Zientara n’a pas d’explication quand à la réémergence de ce virus après trois ans de disparition du territoire français. Elle peut être due à une persistance du virus chez des moucherons plusieurs hivers durant. "Le rôle de la faune sauvage de cervidés est faible voire nul" estime le virologue. Cependant, contrairement à la précédente période de contamination par le sérotype 8, le virus est beaucoup moins virulent et les animaux infectés présentent peu de signes cliniques. Stéphan Zientara ne s’explique pas pour le moment "la faible virulence de ce virus de sérotype 8 comparé à sa virulence entre 2006 et 2012". Il rappelle tout de même qu’il "est important de continuer à surveiller ce virus et de vacciner les animaux". En 2015, les campagnes de vaccination avaient commencé trop tard et permis la diffusion de ce virus de sérotype 8. Lors de son intervention, il a aussi présenté l’apparition, en décembre 2016, d’animaux contaminés par un virus de FCO de sérotype 4 en Corse. Ce virus est cette fois beaucoup plus virulent et risque de contaminer les élevages de l’hexagone. Il sera donc important, selon le chercheur, de "mettre rapidement à disposition des doses de vaccin pour ce stéréotype 4 et de lancer des campagnes de vaccination dans les mois à venir".
Du méteil pour remplacer le soja
Le centre de recherche et d’expérimentation ovine de Coulaures en Dordogne a testé des sources de protéines alternatives au soja sur l’engraissement des agneaux post-sevrage. Trois lots de 31 agneaux issus de brebis Romane et de béliers Charollais ont reçu, en plus de la paille, trois types d’alimentation à volonté : un mélange fermier à base soit de tourteau soja (85 % de triticale, 11 % tourteau de soja), un mélange de méteil récolté (67 % de triticale, 17 % d’avoine, 11 % de vesce, 5 % de pois) ou du foin de luzerne (52 % de triticale, 37 % de foin de luzerne, 8 % de mélasse). À l’abattage, à 153 jours, le poids vif, de 38 kg en moyenne, était similaire entre les trois lots. Le lot nourri au foin de luzerne avait de moins bonne conformation et un poids de carcasse des agneaux plus faible de 7 % que les autres. Du point de vue économique, le solde sur coût alimentaire du lot avec le méteil était meilleur. « Ce système d’alimentation permet de simplifier la préparation, la distribution de l’aliment et de s’inscrire dans une démarche de traçabilité et durabilité à l’échelle de l’exploitation » concluent les auteurs de l’étude.
L’ajout d’additifs, à base d’huiles essentielles et d’extraits naturels de plantes, dans les aliments d’engraissement peut être un levier pour maximiser l’efficacité alimentaire des animaux. Ainsi, l’ajout de Viandi, commercialisé par Idena, à la ration des agneaux de la ferme de Grignon a permis une croissance plus importante lors de la dernière phase des 12 semaines d’essai.