La feuille de route pour éradiquer la peste des petits ruminants
La FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale prévoient d’éradiquer la peste des petits ruminants en 2030 grâce à la vaccination. Rappel des enjeux et feuille de route de la lutte.
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« C’est très excitant de programmer l’éradication de la plus dévastatrice des maladies pour les petits ruminants » s’enthousiasmait David Sherman de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) lors de la dernière conférence internationale caprine (IGA) à Antalya en Turquie. D’autant que la présence des petits ruminants coïncide avec les zones de pauvreté dans le monde. « Les chèvres et les moutons sont d’une extrême importance pour les familles rurales des pays pauvres » explique le vétérinaire de l’OIE, listant les atouts du ruminant : adaptabilité à différents climats et à différentes tailles de troupeau, valorisation des terres marginales…
Un seul vaccin et pas de réservoir dans les zones sauvages
La peste des petits ruminants est une maladie contagieuse hautement infectieuse. Surtout présente dans l’hémisphère sud, elle continue de se répandre dans le monde, touchant par exemple cet été la Mongolie et ses 45 millions de petits ruminants. « La peste des petits ruminants touche directement 300 millions de familles dans le monde et les répercussions de la maladie sont estimées entre 1,4 et 2,1 milliards de dollars par an » calcule le scientifique. Avec un taux de mortalité proche de 100 % dans les troupeaux naïfs, cette maladie cause aussi fièvre, diarrhées, pertes de production et mort dans les zones où la maladie est installée.
Aussi ambitieuse que peut sembler la tâche d’éradiquer une maladie de la surface du globe, se débarrasser de cette maladie semble cependant possible. « Il n’y a qu’un seul sérotype, et donc qu’un seul vaccin, il n’y a pas de réservoir dans la faune sauvage et l’immunité est acquise pour longtemps » explique David Sherman. Dans la feuille de route que l’Organisation mondiale de la santé animale a construite, l’éradication définitive est programmée pour 2030. Car pour vacciner correctement les animaux, il faut renforcer les services vétérinaires des pays pauvres pour qu’ils puissent surveiller, diagnostiquer et prévenir la maladie. Le protocole prévoit deux ans de vaccination suivis d’une à deux années de revaccination des jeunes animaux.
Comme la peste bovine éradiquée en 2011
« L’éradication de la peste des petits ruminants améliorerait la sécurité alimentaire, réduirait la pauvreté et faciliterait les efforts en vue du développement durable. En 2011, grâce à un effort mondial coordonné par la FAO et l’OIE, la peste bovine a été éradiquée de la planète. Ces deux maladies sont proches et les outils disponibles pour les éradiquer sont similaires » conclut David Sherman.
Damien Hardy