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Adèle Lemercier à Rostronen dans les Côtes d’Armor
« J’ai créé ma micro-entreprise de tonte »

Tondeuse de moutons professionnelle, Adèle, Bretonne de 27 ans, travaille de fermes en fermes entre l’Océanie et la France.

Adèle Lemercier tond en moyenne 15 à 25 brebis à l’heure. Le corps à corps ne dure que quelques minutes. © M. Carre
Adèle Lemercier tond en moyenne 15 à 25 brebis à l’heure. Le corps à corps ne dure que quelques minutes.
© M. Carre

« J’ai été fascinée la première fois que j’ai découvert la tonte, il y a dix ans en Ardèche. J’étais en première année d’école d’ingénieur à Angers et je me destinais à une carrière de conseillère agricole ou commerciale. Ma voie était tracée. Mais j’ai toujours préféré le terrain au bureau. À la fin de mes études, en 2013, je suis partie en Nouvelle-Zélande explorer les systèmes d’élevage et j’ai trouvé du travail comme trieuse de laine sur les chantiers de tonte. En France, où la sélection génétique est axée sur la viande, le tri est une activité peu reconnue, mais au pays du Mérinos, les woolhander ont un rôle essentiel. « Money is on the table, l’argent est sur la table de tri », martèle-t-on. C’est aussi en triant qu’on apprend à tondre, à maîtriser chaque passe pour récolter une belle toison sans stresser ni blesser l’animal. Là-bas, j’ai observé la technique et découvert un art.

De retour en Bretagne, j’ai décidé de tenter ma chance. J’ai rangé mon diplôme d’ingénieur et j’ai contacté des tondeurs. Le centre Bretagne n’est pas le pays du mouton et je cumulais les difficultés : diplômée, femme et même pas fille d’éleveurs ! Je me suis accrochée et j’ai fini par dénicher un tondeur de Charente-Maritime qui s’était cassé la jambe en début de saison. Je suis partie pour l’aider deux ou trois jours et je suis restée un mois. Il m’a appris à tondre ma première centaine. C’était génial !

Après un nouvel hiver en Nouvelle-Zélande à trier la laine, je me suis lancée. J’ai créé ma micro-entreprise de tonte de moutons en 2016 et j’ai enchaîné les chantiers. Des tondeurs plus expérimentés m’ont parrainée et les éleveurs m’ont fait confiance pour déshabiller leurs bêtes. Petit à petit, je me suis aguerrie. J’ai suivi un stage de perfectionnement organisé par l’Association des Tondeurs de Moutons (ATM). Je n’étais pas très sûre de moi au départ, et je ne pensais pas rencontrer autant de bienveillance et de reconnaissance de la part des tondeurs. Ils ont agi comme des grands frères. Aujourd’hui, je couvre la saison de tonte de mars à août dans l’Ouest de la France. L’hiver, je retourne en Nouvelle-Zélande trier la laine.

Ce qui me passionne dans la tonte, c’est le côté sportif, le rapport à l’animal et tout ce qui se passe d’humain dans la bergerie entre tondeurs, éleveurs et ramasseurs de laine. Sur un chantier, tout le monde travaille et avance ensemble, chacun à sa tâche, dans la même énergie. Et à la fin de la journée, la satisfaction est collective. »

« J’ai rangé mon diplôme d’ingénieur et j’ai contacté les tondeurs. »

Concours de tonte : les mondiaux en France en 2019

Adèle participe régulièrement aux concours de tonte. « La raison d’être des concours est de maintenir les standards de qualité au travail. Le métier étant saisonnier, nous voyageons toute l’année. Ces temps de rencontre favorisent les échanges de travail ». En février 2017, Adèle représentait la France aux championnats du monde en Nouvelle-Zélande, dans la catégorie des trieuses de laine (elle a terminé en demi-finales). En juin, elle a participé au tournoi des Six nations en Irlande, puis aux championnats de France à Nandax (Loire). En septembre, elle concourrait dans la catégorie « intermédiaire » de Tech-Ovin. En 2019, la France sera pour la première fois organisatrice du championnat du monde de tonte de moutons, du 1er au 7 juillet, à Le Dorat en Haute-Vienne.

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