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Chez Yann Thomas, dans les Ardennes
Des agneaux choyés pour une valorisation maximale

Éleveur de 550 brebis sur 64 hectares de prairies, Yann Thomas apporte un soin minutieux à l’élevage de ses agneaux pour maximiser sa productivité numérique et son produit viande.

« De la naissance à la sortie, un grand soin est apporté à la croissance des agneaux, témoigne Yann Thomas, éleveur de 550 brebis Texel dans les Ardennes. L’objectif est de les vendre le plus tôt possible pour en tirer un bon prix. » Les agnelages s’étalent sur deux mois mais sont plus particulièrement concentrés en mars. C’est une période particulièrement intense pour l’éleveur. « Nous produisons des agneaux lourds, et quasi aucune brebis ne met bas seule. Nous devons toujours être là pour surveiller et intervenir si besoin et nous nous relayons pour être présents aussi la nuit. » Installé à la suite de son père sur l’exploitation familiale depuis deux ans, l’éleveur s’appuie encore beaucoup sur l’aide de ce dernier. Tous les agneaux sont passés en case d’agnelage avec leur mère et la prise collostrale est surveillée. « Nous avons quand même un taux de mortalité agneau de 10 %, regrette l’éleveur, ce qui n’est pas satisfaisant. Mais ce taux est dû principalement à des maladies abortives et nous avons très peu de mortalité sur les agneaux nés vivants ».

Les agneaux reçoivent systématiquement un anticoccidien à la mise à l’herbe, en même temps que la première injection du vaccin contre l’entérotoxémie. Ils sont ensuite vermifugés tous les mois, en alternant les molécules, contre les strongles et les ténias. « Comme nous n’avons que des moutons, la pression parasitaire peut être importante » justifie l’éleveur. En même temps, les animaux sont passés au pédiluve car les terrains sont humides et il y a des problèmes de dermatite interdigitée. « J’essaie d’éviter tous les facteurs qui pourraient nuire au développement de l’agneau » résume l’éleveur.

Un soin particulier porté aux agnelles

Les agneaux ont à disposition du granulé dès tout petits afin qu’ils se familiarisent avec en jouant et commencent à en manger le plus tôt possible. Élevés à l’herbe, ils ont toujours du concentré à disposition dans des nourrisseurs quelles que soit la qualité et la pousse de l’herbe. Il s’agit d’un mélange composé à 50 % d’un aliment complet et à 50 % de blé ou d’orge pour essayer d’avoir de belles carcasses sans trop de gras. Sa consommation sera plus ou moins importante selon la disponibilité de l’herbe. « Cette année, fin août il n’y avait plus d’herbe et ils ont consommé près de 1,5 kilo par agneau et par jour » note l’éleveur.

Un soin particulier est porté aux agnelles, de leur naissance à un an et demi. Elles sont sélectionnées uniquement sur la prolificité de leur mère. « En cinq ans, cela nous a permis de passer d’une prolificité moyenne de 1,5 à 1,8 », se félicite l’éleveur. Elles sont nourries toute l’année, même à l’herbe, jusqu’au sevrage de leur premier agneau. Et l’éleveur ne les laisse jamais élever deux agneaux : si elles ont des doubles, un agneau est élevé à la louve afin de permettre à l’agnelle de finir sa croissance. Les brebis avec des problèmes de pis ou des productions laitières insuffisantes se voient aussi retirer un agneau. Pour la réussite de cet atelier, les agneaux sont séparés de leur mère dès la prise colostrale passée pour qu’ils n’aient pas le temps de s’habituer au pis et la louve est désinfectée tous les jours. En tout, ce sont une cinquantaine d’agneaux qui sont élevés ainsi. Ils sont sevrés entre 13 et 14 kilos après une phase de transition au seau tétine et sont engraissés en bergerie.

Une valorisation moyenne de 140 euros par agneau

Les premiers agneaux sont vendus non sevrés vers trois mois. L’objectif est de les vendre le plus tôt possible pour bénéficier de prix intéressant lié à la saisonnalité. L’essentiel est vendu à un négociant. « Je négocie un prix fixe sur l’année. Si j’en fournis suffisamment tôt dans la saison, mon négociant s’engage à me maintenir un prix intéressant toute l’année. Le prix baisse seulement sur la fin de saison, quand j’ai plus d’agneaux avec de moins belles carcasses ou trop gras… Les individus ne correspondant pas aux critères recherchés par mon acheteur partent en vente directe. » Les agneaux font en moyenne 22 kilos, et sont conformés U2 et U3. Ils sont valorisés en moyenne à 140 euros, soit 6,45 euros par kilo. Pour cela l’éleveur est intransigeant sur la qualité des carcasses et le gras : les agneaux sont triés et pesés toutes les semaines. C’est un système qui demande beaucoup de manipulations, et l’éleveur a pour cela un parc de contention avec des claies, barrières, cage de pesée sur chacun de ses deux sites… Il livre lui-même les agneaux à l’abattoir de Rethel, à une trentaine de kilomètres de l’exploitation.

Éviter tous les facteurs qui nuisent au développement de l’agneau

Des brebis en état pour bien nourrir les agneaux

Toutes les brebis sont rentrées en bergerie au 1er janvier, six semaines avant le début des mises bas. L’objectif est d’obtenir des brebis en état à l’agnelage et un bon poids d’agneaux à la naissance. Elles sont échographiées pour être allotées en fonction de la date prévue de mise bas et du nombre de fœtus. Toutes vont recevoir du foin à volonté ou de l’enrubannage, produits sur l’exploitation. Pour garantir un fourrage de bonne qualité, les coupes sont effectuées jeunes et l’herbe est enrubannée quand le climat ne permet pas de garantir la qualité du foin. Elles sont aussi complémentées en minéraux et vitamines mélangées à l’eau. Elles reçoivent en plus 600 g pour les mères de simples et 800 g pour les mères de doubles et de triples d’un mélange fermier orge et luzerne. Après la lactation, est incorporé un complément azoté et elles passent à une consommation totale d’un kilo de concentré pour les mères de simple et 1,2 kilo pour les doubles. Un mois après la mise bas, les brebis ressortent avec leurs agneaux et après une phase de transition, elles sont nourries exclusivement à l’herbe. Les prairies sont fumées ou fertilisées tous les ans et un broyage est effectué là où le relief le permet.

Des coûts de production maîtrisés

« Les bons résultats s’expliquent par la très bonne productivité et par un prix de l’agneau supérieur à la moyenne des éleveurs, commente Aline Rouleau, de la chambre d’agriculture des Ardennes. Mais la différence se fait aussi sur les charges ». Les annuités sont peu élevées. La bergerie est une ancienne étable réaménagée. « C’est vrai que je pourrais me faciliter le travail avec un bâtiment plus adapté aux moutons, reconnaît l’éleveur, mais dans un premier temps je préfère ne pas me mettre la tête sous l’eau avec les investissements ». Les charges de mécanisation et de surface sont elles aussi limitées. Par contre, les charges d’alimentation et les frais d’élevage sont plus élevés que la moyenne car tous les aliments concentrés sont achetés et l’éleveur prend bien soin à ne rater aucun traitement.

Chiffres clés 

550 brebis
64 h a de prairies
1,5 UMO (dont 0,5 de main-d’œuvre familiale bénévole)
1,79 de prolificité
1,38 de productivité numérique
10 % de mortalité agneaux

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