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De l’herbe de qualité avec l’agrivoltaïsme

Le couvert végétal des centrales photovoltaïques doit être réfléchi par l’éleveur. Ce sera la principale source alimentaire de son troupeau.

L’Institut de l’élevage le rappelle dans le guide de l’agrivoltaïsme « la qualité de la ressource fourragère est déterminante dans la réussite de ces projets. Un couvert végétal dégradé ou non adapté au pâturage ne satisfera tout simplement pas les besoins des animaux et/ou nécessitera une intervention supplémentaire de l’éleveur, ce qui n’est pas le but premier des projets d’agrivoltaïsme. Il est donc fondamental de connaître la qualité initiale du couvert végétal et de mettre en place une stratégie de gestion adaptée à chaque situation. »

Il revient alors à l’éleveur, accompagné du gestionnaire de la centrale, d’effectuer un diagnostic agronomique initial. En connaissant le type de sol, le climat, l’exposition de la parcelle où se trouve le parc photovoltaïque, il est possible de déterminer le potentiel fourrager de la zone. Une étude de la végétation initiale est recommandée, elle permettra de définir le calendrier le plus adapté pour la mise au pâturage, mais aussi le chargement en animaux ou encore les besoins en réensemencement voire les besoins en travaux mécaniques sur la prairie. Le diagnostic initial permet aussi de noter la présence ou non d’espèces indésirables, soit invasives soit de piètre qualité nutritionnelle. En effet, les ovins peuvent dans une certaine limite empêcher l’embroussaillement et le développement des espèces ligneuses mais si la pression est très importante, il sera alors nécessaire d’avoir recours au broyage mécanique.

Selon les résultats de ce diagnostic initial, l’éleveur peut incliner vers différentes stratégies de gestion. Dans les zones « difficiles » en termes pédoclimatiques, avec plus de 80 % d’espèces végétales de qualité médiocre, il est préférable de garder la prairie naturelle en place et d’ajuster la ration du troupeau ou de mettre sur place des animaux à faibles besoins nutritionnels (brebis à l’entretien par exemple).

Dans les zones à conditions pédoclimatiques plus favorables, deux types de gestion sont envisageables.

L’éleveur peut faire le choix de maintenir le couvert initial et d’avoir recours à sursemis. Cette stratégie est à adopter dans le cas où la prairie naturelle est de bonne qualité, n’est pas dégradée et présente plus de 50 % d’espèces végétales qualifiées de « bonnes fourragères ». Un sursemis est à prévoir pour enrichir cette végétation et combler les trous dans la prairie (zones moins denses ou dégradées) qui ont pu se former suite aux travaux d’installation des tables photovoltaïques. Le sursemis participe à augmenter l’appétence du fourrage et limite la concurrence des espèces indésirables. Il est à réaliser en un seul passage du semoir. Le sursemis doit se composer d’un mélange d’espèces ayant un pouvoir de colonisation rapide, agressives qui parviennent à repeupler les zones dégradées. On choisira alors du ray-grass anglais, italien ou hybride ou encore du brome. Au niveau des légumineuses le trèfle violet et le trèfle blanc peuvent tout à fait convenir.

L’autre choix de gestion qui s’offre à l’éleveur est le réensemencement total de la surface. L’implantation de la prairie nécessite alors de s’y intéresser bien en amont dans la conception du projet. Le réensemencement total est à prévoir si le diagnostic initial révèle une prairie en mauvais état, avec un faible recouvrement et de nombreuses espèces indésirables, qui couvrent en 20 et 30 % de la surface. Le réensemencement total doit être réalisé avant la construction de la centrale, contrairement au sursemis qui doit être fait après le gros œuvre. Il faut compter au minimum un an pour une implantation correcte de la prairie, le délai optimal étant de trois ans.

Quelle que soit la stratégie choisie par l’éleveur, la végétation devra faire l’objet d’un suivi régulier. Dans les premières années après l’arrivée des animaux sur le parc, il est préférable de faire un point tous les ans, puis tous les trois à quatre ans. Cela permet de faire le bilan de la co-activité, réfléchir aux améliorations possibles, imaginer d’autres mélanges prairiaux, etc.

Choisir des espèces végétales adaptées à l’agrivoltaïsme

Dans le cas d’un parc photovoltaïque, les prairies vont être principalement destinées au pâturage et peu à la fauche. Les mélanges de semences doivent prendre en compte cette particularité. La diversité d’espèces végétales des prairies permet de valoriser davantage les surfaces et d’augmenter les performances zootechniques. Le recours aux mélanges prairiaux multi-espèces est recommandé si ceux-ci comportent au moins trois espèces différentes. L’ombre apporté par les panneaux solaires est à prendre en compte dans le choix des espèces. En effet, s’il n’existe pas à proprement parler d’espèces fourragères se développant mieux en conditions ombragées, certaines s’y adaptent bien. Parmi ces espèces, les graminées à port gazonnant ou stolonifère sont les plus adaptées. En effet, les stolons permettent aux plantes de coloniser rapidement des espaces sans végétation et rendent les graminées plus résilientes face aux sécheresses.

Les légumineuses, qui sont bénéfiques à la prairie car autonomes en azote, riches en protéines et souvent très mellifères, se propageront surtout en situation ensoleillée et se plairont ainsi sans doute mieux dans les allées et entre les rangs de panneaux solaires. Outre les légumineuses et les graminées, le plantain peut être ajouté dans les mélanges car il est facilement consommé par les ruminants et a une capacité naturelle de réensemencement.

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