« Mon épandeur dose les fientes de volailles à deux tonnes par hectare »
Pour optimiser la fertilisation organique de ses cultures, Alexandre Guinard, éleveur costarmoricain, a investi dans un épandeur de pointe, spécifiquement conçu pour répartir les fientes à des dosages extrêmement faibles.
Pour optimiser la fertilisation organique de ses cultures, Alexandre Guinard, éleveur costarmoricain, a investi dans un épandeur de pointe, spécifiquement conçu pour répartir les fientes à des dosages extrêmement faibles.





À la ferme avicole de la Ville Moussard, située à Hénansal dans les Côtes d’Armor, l’autonomie est un principe fondamental. Alexandre Guinard est à la tête d’un élevage de 70 000 poules pondeuses, entièrement nourries avec les aliments produits et transformés sur l’exploitation. Soutenu par six salariés, il maîtrise chaque étape de la chaîne : de la poussinière pour l’élevage des poulettes à l’unité de conditionnement qui lui permet de commercialiser 20 millions d’œufs par an. Pour travailler ses 175 hectares de cultures avec précision, l’agriculteur a fait le choix d’un parc matériel complet, du semis à la récolte.
Après avoir eu recours à la location d’épandeurs à fumier auprès d’ETA locales, Alexandre Guinard a investi il y a deux ans dans un Sodimac Rafal 3600. Cet appareil, doté d’une caisse étroite de 18,5 m3, intègre une table EGL Performeur de dernière génération. Il est équipé d’un pilotage DPAE (débit proportionnel à l’avancement électronique) avec pesée, associé à une gestion automatique de la porte guillotine, garantissant une remarquable précision.
Une fertilisation 100 % organique pour le maïs
« Les appareils que j’ai pu tester en location n’offraient pas la précision suffisante pour épandre des fientes très légères (80 % MS, densité de 0,5 à 0,6) à de faibles dosages, explique Alexandre Guinard. En étant tributaire de la disponibilité de l’épandeur, j’avais aussi du mal à exploiter les fenêtres météo sans vent, indispensables à la régularité de l’épandage des fientes. »
L’épandeur est principalement utilisé au printemps avant l’implantation du maïs grain et en été avant le colza. « Avec une dose de quatre tonnes par hectare, j’assure 100 % de la fertilisation du maïs, sachant que les fientes affichent un NPK de 40/30/30 et que l’azote est plafonné à 160 unités. En colza, je descends à deux tonnes par hectare et je complète un peu en minéral par vingt unités d’azote », détaille l’éleveur, qui s’assure par ailleurs de la stabilité de la valeur fertilisante de ses fientes grâce à deux analyses annuelles.
Une largeur d’épandage optimale entre 10 et 13 mètres
Lorsque la fiente est stockée en bout de champ, le gros tombereau Sodimac permet d’épandre 25 à 30 hectares par jour. « Peu tirant lorsqu’il embarque six tonnes de fiente sèche, il donne en revanche plus de fil à retordre au tracteur de 250 chevaux quand il est chargé de douze tonnes, voire quinze, de fientes humides. La vitesse d’avancement varie en moyenne de sept à douze kilomètres par heure. »
La table d’épandage procure une très bonne qualité de répartition à condition de limiter la largeur de travail. « En fiente sèche, il ne faut pas dépasser dix mètres, tandis qu’il est possible de monter à treize mètres quand elle est plus humide », garantit Alexandre Guinard. « J’aurais souhaité atteindre dix-huit mètres pour faire des apports sur le blé, mais la répartition ne serait pas garantie. » Depuis l’arrivée du Rafal, l’agriculteur n’observe plus aucune vague dans son maïs, preuve selon lui, d’une nappe d’épandage homogène. « Auparavant, les surdosages pouvaient même s’observer par des zones de verse dans le blé succédant le maïs. »
Le respect de la dose se prépare dès le remplissage de l’épandeur. « Il faut le charger à ras les ridelles pour respecter le volume de caisse, gage d’un calcul fiable de la densité du produit à partir de la mesure de pesée. Avec une hauteur de 3,12 mètres au sommet des ridelles, le télescopique est indispensable. Pour avoir du débit, j’utilise un godet de 2,5 m3. Il suffit ensuite d’indiquer la valeur du tonnage par hectare sur le terminal en cabine. »
DPA, pesée et porte automatique
L’éleveur garde la main sur le niveau d’ouverture de la porte guillotine qu’il adapte selon le produit épandu. « Elle est un peu plus relevée en fiente humide pour faciliter l’évacuation de la matière. » Le DPA régule automatiquement l’allure du tapis en fonction de la vitesse d’avancement. Lorsque l’épandeur est vidé environ aux deux tiers, la gestion automatique de la porte entre en action. Un capteur ultrasons mesure la hauteur de fiente pour positionner la porte de manière affleurante. Le système évalue ainsi précisément la section de matière arrivant aux hérissons et accélère en conséquence le tapis pour maintenir une dose constante. « On dispose aussi d’une touche d’amorçage pour accélérer le tapis en début d’épandage, afin que la table monte en charge sans trop de délais », apprécie Alexandre Guinard. Le dispositif se corrige par ailleurs en comparant le volume estimé avec une pesée tous les 0,9 are épandus. L’éleveur met aussi en avant l’intérêt des volets de bordure, qui lui permettent d’épandre la juste dose jusqu’aux limites de la parcelle sans empiéter chez le voisin.
Chiffres clés
70 000 poules pondeuses en volière (35 000 au sol, 35 000 plein air)
35 000 places de poulettes en volière
20 millions d’œufs vendus par an
175 ha de cultures (90 ha de maïs, 70 de blé et 15 de colza) et 15 ha de parcours
450 tonnes de fientes épandues par an
18,5 m3 de volume de caisse de l’épandeur
80 000 euros : prix public de l’épandeur mis à jour en juillet 2025
Une table d’épandage performante et bien alimentée
L’épandeur Sodimac Rafal 3600 affiche un volume généreux de 18,5 m3. Son homologation avec une charge de 4 tonnes sur la boule d’attelage permet de reculer l’essieu et ainsi d’améliorer le report de charge sur le tracteur, malgré le poids de la table d’épandage. L’alimentation de cette dernière est favorisée par une caisse étroite verticale, qui assure une progression homogène de la matière, sans effet de voûtage. La largeur du cadre des hérissons démêleurs est identique à celle de la caisse pour ne pas ralentir le flux.
Sodimac a positionné ces hérissons au-dessus du tapis, de manière que la hotte ne soit pas trop reculée, pour bien orienter le flux vers les deux plateaux d’épandage d’un mètre de diamètre, munis de trois pales. Pour s’adapter aux différents produits, l’angle de la table est réglable, ainsi que l’ouverture du volet situé sur le bas de la hotte. À noter que cet épandeur est chaussé en pneumatiques 710/70 R38, tout en respectant un gabarit routier de moins de 3 mètres.