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Ensilage : La coupe longue fait débat chez les constructeurs

Défibré ou non, l’ensilage coupe longue séduit certains éleveurs depuis deux saisons. État des lieux des stratégies techniques des constructeurs pour répondre à cette tendance.

© Claas

Effet de mode ou tendance durable, l’ensilage brins longs fait de plus en plus d’émules ces deux dernières saisons. Principale initiatrice du mouvement, la technique Shredlage, importée des États-Unis par Claas, a eu deux effets sur la réflexion des éleveurs. D’une part, l’augmentation des longueurs de coupe et le défibrage, d’autre part l’éclatage du grain. Si le constructeur allemand mise beaucoup sur l’ensilage brins longs et défibrés, les autres marques d’ensileuses n’ont pas tardé à riposter en proposant des solutions techniques capables d’assurer des longueurs de coupe élevées et un éclatage optimal des grains.

Au niveau de l’ensileuse, les organes principaux mis en jeu sont le rotor de coupe et surtout l’éclateur. Pour les entrepreneurs, l’idéal est d’avoir une machine qui puisse répondre à la plus grande plage de longueurs de coupe, avec le moins d’intervention technique. Au niveau du rotor de coupe, les constructeurs offrent un éventail très large de longueurs de coupe avec généralement trois à quatre versions de rotors avec plus ou moins de couteaux. Afin d’offrir la plus large plage, ils proposent de choisir un rotor avec de nombreux couteaux, efficace pour les coupes courtes voire très courtes pour le biogaz, sur lequel on démonte la moitié des couteaux pour atteindre les coupes très longues. Krone fait exception avec son dispositif Variloc, intégrant une boîte de vitesses dans la poulie d’entraînement du rotor, offrant deux régimes de rotation. Le constructeur affiche ainsi une longueur de coupe de 4 à 30 mm avec le même rotor de 28 couteaux.

Des éclateurs à rouleaux plus serrés

Une fois obtenue la longueur de coupe désirée, la pièce maîtresse est l’éclateur. Le discours des nutritionnistes est désormais très clair. Les grains de maïs ne doivent plus seulement être touchés, mais le plus possible découpés ou pulvérisés, afin d’optimiser la disponibilité de l’amidon. Pour démontrer l’efficacité de leurs éclateurs, les constructeurs passent au crible du test CSPS (Corn silage processing score), indicateur de référence du taux d’éclatement des grains. Le but est d’obtenir un score supérieur à 70 %. D’après les constructeurs, il y a plusieurs façons d’y arriver. La première consiste à utiliser un éclateur à rouleaux « standard » que l’on fait travailler à un écartement très réduit, souvent 1 mm, et avec un différentiel de vitesse plus important entre les rouleaux pouvant atteindre 40 %. Les rouleaux peuvent aussi avoir un nombre de dents différent. En travaillant à écartement réduit, les rouleaux sont plus sensibles à l’usure, d’où le développement de versions à revêtement chromé, plus résistant. Des versions pour un usage intensif, destinées notamment aux grosses machines, font aussi leur apparition, comme le DuraCracker de New Holland, l’USA intensif de John Deere ou le MCC Max de Claas. Ce dernier s’illustre par sa structure en segments qui augmente la surface de friction. Outre l’usure, le travail efficace de l’éclateur aura forcément un impact sur le débit de chantier et la consommation de la machine.

L’éclateur défibreur pour les brins très longs

Pour les coupes supérieures à 22 mm, l’éclateur se voit imposer une seconde mission, celle de défibrer les tiges. C’est là qu’intervient l’éclateur Schredlage de Claas, dont les rouleaux ont un profil particulier rainuré en spirale et un différentiel de vitesse de 50 %. D’autres constructeurs proposent des solutions équivalentes en utilisant des rouleaux Scherer et un différentiel de 40 %. New Holland choisit de décliner un modèle spécifique DuraShredder, quand John Deere ou Krone les montent à la demande, à la place de rouleaux standard. De par leur structure, ces éclateurs assurent une pulvérisation du grain. Ils imposent en revanche à l’entrepreneur de dédier une machine à la coupe longue défibrée ou de changer d’éclateur en cours de saison pour faire de la coupe standard. Ces éclateurs étant plus coûteux (3 000 à 4 000 euros supplémentaires), sensibles à l’usure (durée de vie divisée par deux) et gourmands en puissance (consommation en hausse de 4 à 15 % et débit de chantier en baisse de 4 à 15 % selon les estimations des constructeurs), les entrepreneurs répercutent un surcoût de 30 à 40 euros par hectare sur la prestation. Reste aux éleveurs à faire leur calcul : le gain alimentaire obtenu par l’ensilage brins longs défibrés rentabilise-t-il l’écart de tarif de l’ensileuse ? Les avis divergent encore, à l’image des conclusions des différents tests expérimentaux réalisés en Europe. Les ETA vont également faire leurs calculs : le choix de l’éclateur ne peut pas dégrader la rentabilité parfois déjà précaire d’une ensileuse…

L’éclateur à disques peine à convaincre

Troisième technologie qui reste plus marginale, l’éclateur à disques est au catalogue de plusieurs constructeurs : Fendt, John Deere et Krone. Seul, Fendt le met réellement en avant en le proposant comme seule solution. Les deux autres marques restent plus discrètes sur cette technologie qui a pourtant l’avantage d’offrir une surface de friction bien supérieure à celle d’un modèle à rouleaux. Mais l’usure rapide des premières générations et la prise de puissance supérieure malgré un serrage moins fort, ont quelque peu terni l’image de ces éclateurs.

 

 

 

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