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L’impact de la vaccination circovirus mesuré à la SCEA Caux porcs

À la maternité collective SCEA Caux porcs, une étude de suivi portant sur 14 000 porcs jusqu’à l’abattage a démontré l’intérêt économique de la vaccination des porcelets contre le circovirus PCV2.

Un gain de 1,4 à 1,8 euro par porc, coût du vaccin déduit : tel est le retour sur investissement de la vaccination contre le circovirus PCV2, calculé pour le site de post-sevrage et engraissement SCEA Genes Caux, en Seine Maritime, approvisionné en porcelets par la maternité collective Caux porcs, tous deux gérés par Benoît Breemeersch, l’un des associés. Ce bilan est d’autant plus remarquable qu’avant la vaccination démarrée en mars 2018, il n’y avait pas de signes cliniques nets du virus dans l’élevage qui engraisse environ 10 000 porcs par an (ni en maternité). Les performances de croissance et d’IC étaient bonnes avec un taux de mortalité post-sevrage/engraissement de 2,2 %. C’est la mise en évidence de symptômes plus flagrants de circovirose (hétérogénéité, baisse de croissance, mortalité) chez d’autres engraisseurs livrés par la même maternité qui a amené Vincent Charlier, vétérinaire conseil, à suspecter une circovirose subclinique, confirmée par des analyses sérologiques.

Une analyse avant/après la vaccination

La maternité collective de 1 350 truies produit environ 40 000 porcelets par an, destinés pour moitié aux engraissements des deux associés, pour 20 % à des façonniers et pour 30 % à des engraisseurs indépendants. Benoît Breemeersch était d’accord pour mettre en place une vaccination contre le virus PCV2 dans la nurserie de sa maternité, en plus de la vaccination contre le mycoplasme pratiquée depuis plusieurs années, mais à condition de prouver la rentabilité de cette nouvelle prophylaxie. « Elle représente un investissement lourd d’environ 36 000 euros par an », souligne l’éleveur. C’est ce qui a justifié la mise en place d’une étude de terrain de grande ampleur, qui a impliqué le laboratoire MSD, le vétérinaire Vincent Charlier, basé à Bosc-Le-Hard et Élise Pype, technicienne au sein du groupement Cooperl. Elle a porté sur l’analyse statistique des résultats techniques et sanitaires de trois sites d’engraissement, en comparant les données des porcs abattus un an avant le début de la vaccination (de septembre 2017 à septembre 2018) à ceux abattus un an après (de septembre 2018 à septembre 2019). Cela représente au total 24 000 porcs suivis individuellement, grâce aux fichiers Uniporc et aux fiches bande. 14 000 d’entre eux sont issus du site d’engraissement Genes Caux (8 000 porcs avant vaccination et 60 00 après vaccination), qui a fait l’objet d’une étude chiffrée plus poussée.

Le niveau sanitaire monté d’un cran

De prime abord, l’impact de la vaccination dans cet élevage peut paraître décevant si l’on ne s’en tient qu’à l’amélioration des performances zootechniques. La mortalité post-sevrage-vente, qui était déjà à un niveau bas, est restée stable (alors qu’elle a baissé de 20 % et 25 % dans les deux autres engraissements). Le GMQ naissance-vente a augmenté de 9 g pour atteindre 655,7 g par jour de vie. « Cette étude à si grande échelle donne du poids aux résultats technico-économique, grâce à une bonne représentativité statistique », souligne Élise Pype. Au final, le poids de carcasse net payé a progressé d’1,8 kg, grâce à une hausse du poids vif à l’abattage et à une baisse (non significative) du taux de saisie de 0,37 à 0,29 %. L’effet le plus marquant de la vaccination circovirus porte sur les contrôles pulmonaires à l’abattoir. Le score pulmonaire est passé de 3,4 à 2,3 tandis que la part de poumons avec des lésions étendues a chuté de 13,5 à 7,7 %. Des données confirmées par l’éleveur qui observe beaucoup moins de toux dans les salles d’engraissement. « Les résultats des bandes sont de plus en plus réguliers. Je constate une meilleure stabilité sanitaire. Une amélioration qui a permis en parallèle d’avancer dans notre démarche de démédication. » Les traitements antibiotiques sur les truies ont été arrêtés en novembre 2018. Et surtout, l’élevage a intégré en mars 2019 un cahier des charges zéro antibiotique dès la naissance (au lieu de 42 jours auparavant). « Une étape que j’aurais crue impensable à franchir, il y a encore quelques années, relève Benoît. Nous sommes dans une démarche d’amélioration continue du sanitaire, avec notamment la mise en place de la marche en avant. Avec la vaccination circovirus, on a l’impression d’avoir franchi un palier supplémentaire. » Un récent passage avéré de grippe en maternité le démontre bien : il n’a pas eu de conséquences majeures ni sur les truies, ni sur les porcelets et n’a nécessité aucun traitement. « Le circovirus est un cofacteur aggravant d’autres pathologies. La vaccination a permis de réduire la circulation du PCV2 dans l’élevage. On peut donc penser que, grâce à cela, les animaux développent une meilleure immunité et sont plus résistants », confirme Vincent Charlier. Par ailleurs, l’élevage a subi des retards d’enlèvements des porcs charcutiers pendant une grande partie de l’année 2019, ce qui a induit une augmentation des chargements en engraissement. « Grâce à cette meilleure stabilité sanitaire, cette prise de risque a été maîtrisée et a été sans impact sur les performances », poursuit l’éleveur.

Le suivi dans les deux autres sites d’engraissement a montré également une amélioration des résultats pulmonaires et du taux de saisies. « Dans l’un des engraissements avec des signes cliniques de la MAP, l’effet de la vaccination circovirus s’est surtout ressenti par une baisse de mortalité », précise Élise Pype. Mais c’est pour la SCEA Genes Caux que la valorisation économique par porc a été la plus élevée. Cela confirme l’intérêt de la vaccination PCV2 des porcelets dans un contexte de circovirose subclinique.

Un gain positif calculé par un simulateur

 

 
Le retour sur investissement de la vaccination circovirus a été calculé avec l’outil GT-Direct de l’Ifip, à partir des données GTTT et des résultats de productivité en PS-engraissement. Il montre une amélioration de la marge annuelle de l’élevage de 13 000 euros dans un contexte de cours du MPB bas (1,196 €/kg) et de 18 000 € avec un cours à 1,495 €/kg. Ce chiffre ne tient pas compte des différentes plus-values (VPF, cahiers de charges privés…), ni de l’économie sur les coûts de traitements antibiotiques en nurserie et sur les truies. Il intègre le coût de la vaccination de 0,9 €/porc, sachant qu’il n’y a pas eu de surcoût de main-d’œuvre, la vaccination circovirus étant réalisée en même temps que la vaccination mycoplasme, grâce à l’injecteur intradermique à deux têtes Idal 3G-Twin de MSD. Chaque bande de 1 500 porcelets est vaccinée à l’entrée en nurserie à 21 jours, en 3 h 30 avec quatre personnes.

 

Fiche élevage

Maternité collective SCEA Caux porcs

1 350 truies
Conduite en 10 bandes
Sevrage à 21 jours puis passage en nurserie jusqu’à 40-47 jours
40 000 porcelets sevrés par an

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