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La récolte française de blé tendre 2022 conviendra à la boulangerie et à la meunerie

Le taux de protéines moyen est un peu bas, mais les autres indicateurs se révèlent corrects, voire excellents, selon FranceAgriMer et Arvalis-Institut du végétal.

© Skitterphoto-Pixabay

La qualité de la récolte française 2022 de blé tendre est jugée bonne pour la meunerie ou la boulangerie par les analystes de FranceAgriMer et d’Arvalis-Institut du végétal, qui ont présenté leur enquête commune finalisée le 28 septembre 2022. Chatou Laouan Brem Boundi, chargée d’études de FranceAgriMer, a précisé, lors de la conférence de presse suivant le Conseil spécialisé Grandes cultures du 14 septembre à Paris, que l’enquête, réalisée auprès des organismes collecteurs (ou organismes stockeurs), présente des résultats au champ. En effet, les échantillons ont été prélevés avant leur entrée en silos, et donc avant travail du grain (nettoyage, séchage, etc.). Ainsi, il se pourrait que les résultats soient quelque peu différents après divers traitements au sein des installations des organismes stockeurs et des industriels.

Des farines qui donnent de bons pains

FranceAgriMer explique que 518 échantillons ont été analysés, sur 270 sites. Il en ressort que la note moyenne de panification s’élève à 258 sur 300, contre 263 l’an dernier. « Il y a peu de différences entre 258 et 263. La panification, jugée à partir d’une trentaine de critères et dépendant de la quantité mais aussi de la qualité de la protéine, est très bonne à partir d’un score de 250. Une note de 258 reste donc un résultat tout à fait convenable », commente Adeline Streiff, ingénieure au sein du pôle qualité technologique et sanitaire des céréales d’Arvalis-Institut du végétal. Et 82 % des volumes hexagonaux affichent une note de panification supérieure à 250, contre 81 % en moyenne sur les cinq dernières années (cf. graphique). « La pâte se comporte très bien, donnant de très bons pains, bien volumineux, des coups de lame bien développés et une belle coloration », détaille l’experte.

Seul petit bémol, le taux moyen de protéines, qui tombe à 11,4 % en moyenne, contre 11,9 % en 2021 et lors des cinq dernières années. Les taux les plus élevés se situent dans le sud du pays, où les rendements sont faibles, et les plus faibles dans le Nord, secteur de hauts rendements. « Nous n’avons que des hypothèses à émettre, car on ne peut pas l’expliquer avec certitude. Nous pouvons juste supposer que ce taux de protéines bas, qui masque une forte hétérogénéité, s’explique par le manque de pluies en fin de cycle (empêchant une absorption optimale de l’azote par les plantes), des rendements élevés (diluant la protéine) et peut-être un usage moindre d’engrais azotés par les agriculteurs, au vu du haut niveau des prix de l’azote », déclare-t-elle. L’enquête affirme que 73 % des blés tendres présentent des taux de protéines supérieurs à 11 %, contre 92 % en moyenne sur les cinq dernières années, et 42 % au-dessus des 11,5 %, contre 72 % sur la période 2017-2021.

Mais la faible quantité de protéines contenue dans les blés français est compensée par sa qualité, permettant l’obtention de la bonne note de panification.

Les temps de chute de Hagberg s’avèrent excellents, naturellement bien meilleurs que l’an dernier, la récolte 2021 ayant été touchée par les pluies en fin de cycle. L’enquête FranceAgriMer et d'Arvalis-Institut du végétal révèle que 96 % des lots analysés présentent un temps de chute de Hagberg supérieur à 240 secondes, en hausse de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale. Ainsi, peu de risque d’obtenir des pâtes trop collantes ou qui vont trop brunir.

La force boulangère est correcte, à 177 en moyenne, mais en léger recul par rapport à l’an dernier. « La force boulangère, jugée satisfaisante à partir de 170, est corrélée positivement avec la quantité de protéines. Cette année, nous avons un taux de protéine en léger recul, donc nous avons une force boulangère en léger recul », justifie Adeline Streiff. Il s’avère que 54 % des volumes hexagonaux dépassent les 170, contre 71 % en moyenne sur la période 2017-2021.

Le taux d’humidité moyen est excellent, à 12 %, ce qui permettra une bonne conservation des grains, se réjouissent les experts.

Du côté des poids spécifiques, les résultats sont convenables, à 78,3 kg/hl en moyenne, malgré une certaine hétérogénéité. Il faut dire que 2021 avait été problématique, tant les pluies durant les récoltes les avaient pénalisées. En 2022, 88 % des lots affichent un poids spécifique supérieur à 76 kg/hl, contre 77 % en moyenne lors des cinq dernières années, sachant que 61 % dépassent même les 78 kg/hl.

Moins de lots Premium pour l’export

La qualité pour les meuniers s’avère au rendez-vous, malgré les taux de protéines un peu bas. Pour l’export, les lots de qualité premium seront moins nombreux que lors de la période 2017-2021. « Des lots vont avoir de bons taux de protéines, mais pas de bons poids spécifiques, et vice versa. Raison pour laquelle nous n’aurons pas autant de volumes de qualité premium (selon les critères de la grille de qualité Intercéréales) », relève Adeline Streiff. 

Selon FranceAgriMer et Arvalis-Institut du végétal, 18 % des volumes seront qualifiés de Premium cette année (38 % sur la période 2017-2021), 42 % de qualité Supérieur (30 % sur la période 2017-2021), 26 % de qualité Médium (27 % sur la période 2017-2021) et 14 % de qualité Access (5 % sur la période 2017-2021). 

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