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Les services rendus par l’élevage ovin allemand

La diversité des fermes ovines en Allemagne soutient et protège efficacement le patrimoine immatériel de l’élevage. Sa rentabilité économique moindre par rapport au reste du monde met la filière en position de faiblesse.

Un grand nombre d'éleveurs considèrent l'entretien du paysage comme un service à part entière.
Un grand nombre d'éleveurs considèrent l'entretien du paysage comme un service à part entière.
© L. Geoffroy

Partant du constat que la filière de production ovine allemande est en déclin structurel depuis une vingtaine d’années, le chercheur Johan Schütte a entrepris de produire une typologie des exploitations ovines de son pays. Son objectif est de poser la première pierre d’une série de projets de recherche sur la situation de l’élevage de moutons outre-Rhin.

Production de services non marchands

Le chercheur a identifié neuf fermes types, produisant de la viande, du lait ou de la laine. Cependant le modèle économique et l’intensité de production sont différents selon les modèles. L’entretien du paysage est un enjeu d’intérêt pour la filière ovine. Dans quatre des cinq catégories types représentant les exploitations à temps plein, une grande proportion d’éleveurs indique que la gestion du paysage est leur objectif principal de production. Trois des fermes types au total voient même cet objectif affiché plus fréquemment que celui de la production de viande.

« Cela montre que de nombreux éleveurs de moutons interviewés semblent conscients de leur importance pour la préservation du paysage, et ne considèrent pas cela seulement comme un effet secondaire positif, mais comme un service qu’ils produisent », explique le chercheur allemand.

​​​​Un patrimoine pastoral ancré

L’ouverture du paysage n’est pas le seul service non marchand pourvu par l’élevage de brebis. Les exploitations de loisir et de très petites échelles ont l’intérêt d’avoir, selon les résultats de l’enquête, un rôle important dans la conservation d’espèces ovines rares et menacées. De plus, les traditions pastorales germaniques inscrites au patrimoine culturel national de l’Unesco représentent un atout identitaire remarquable pour les bergers allemands. La transmission du savoir-faire professionnel et des nombreux chants et poèmes créés au fil des siècles est particulièrement due aux types d’exploitation de temps plein, celles-ci étant en plus grande proportion gérées par des éleveurs ayant reçu une formation de berger.

Une filière en danger

Malgré la pluralité des bénéfices non consommables de l’élevage ovin, il reste une filière à la rentabilité économique relativement faible en Europe, et a fortiori en Allemagne. « Ce déficit de rentabilité, en plus d’une charge de travail importante, a été décrit par les éleveurs de tous types de ferme comme la principale difficulté à laquelle ils se heurtent », renseigne Johan Schütte.

Johan Schütte, « Typology of German Sheep Farms - Differences in Structure, Characteristics, Challenges and the Provision of Goods and Services », Small Ruminant Research, (2023)

Neuf fermes types identifiées

À temps plein

1. Berger transhumant, conduite indépendante d’un site particulier (1 019 brebis)
2. Conduite dépendante d’un site particulier exploité en conventionnel (626 brebis)
3. Mix de conduite et d’enclos (607 brebis)
4. Production conventionnelle de viande, animaux en enclos ou hangars (476 brebis)
5. Élevage extensif en parcelles clôturées (440 brebis)

À temps partiel

6. Élevage extensif en parcelles clôturées (69 brebis)
7. Exploitation en vente directe (62 brebis)

Très petite échelle

8. Élevage d’autoconsommation (16 brebis)
9. Élevage de loisir (13 brebis)

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