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« Construisons sur les points positifs de l’élevage laitier » (NIV1-)

À la veille de l’assemblée générale de la FNPL, les principales questions qui seront abordées les 20 et 21 mars prochains avec son président Thierry Roquefeuil.

Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, en EARL avec un salarié dans le Lot. « Les producteurs doivent s’emparer du sujet de la Responsabilité sociétale et environnementale à l’amont."
© A. Conté
Phil Hogan sera présent à votre AG. Quels messages comptez-vous lui transmettre ?
Thierry Roquefeuil - "D’ici dix ans, la moitié du lait changera de mains en France. La dynamique de la filière laitière dépendra de la capacité à renouveler les générations. Les jeunes ont besoin de perspectives. Encore plus que les autres producteurs, ils ont besoin d’outils pour faire face à la volatilité des prix.
Or pendant ces deux années de crise, les producteurs ont été les seuls à subir la volatilité. Beaucoup sont à bout. Phil Hogan dit que les industriels doivent être l’interface entre les producteurs et le marché, mais concrètement que fait-il ? Un producteur qui reçoit de l’argent de l’Europe le reçoit sous conditions. Un industriel qui stocke à l’intervention reçoit indirectement de l’argent de l’Europe, sans aucune contrepartie. Il y a deux poids deux mesures : l’aide aux entreprises devrait elle aussi être conditionnée à la réduction de la production en cas de crise. Nous travaillons, à la FNPL, à rallier le maximum de monde à cette idée. Mais il y a encore des pays qui ne sont absolument pas convaincus que la maîtrise de la production en période de crise soit la solution. En Allemagne, il a fallu attendre qu’un trop grand nombre de producteurs allemands mettent la clé sous la porte pour que la position du ministre allemand évolue. Mais les administrateurs de la coopérative DMK ne sont toujours pas convaincus."
En organisant une table ronde autour de la valeur ajoutée, quel est votre objectif ?
T. R. - "Les éleveurs ne produisent pas seulement du lait. Par l’acte de production, ils répondent aussi à un certain nombre d’attentes sociétales. Cette réponse crée de la valeur. Ils doivent s’emparer du sujet, s’ils veulent que cette valeur ne soit pas uniquement captée par les transformateurs ou les distributeurs. C’est le grand chantier prospectif qu’a lancé la FNPL à l’AG 2016. En France, les entreprises nous disent, 'ce que vous faites c’est juste pour l’accès au marché, cela n’a pas de valeur'. Aux Pays-Bas, la coopérative Friesland accorde une prime au pâturage de 10 euros et redonne 30 euros sur le prix, c’est bien parce que de la valeur a été créée ! Les OP doivent intégrer cette logique de la RSE (Responsabilité sociétale et environnementale) amont dans leur négociation prix du lait. En revanche, les coopératives font avancer le sujet sans trop se concerter avec les coopérateurs. La FNPL a demandé au Cniel de dresser un bilan des démarches qualité au sens large, réalisées au niveau européen, pour voir qui fait quoi, avec ou sans valeur rétrocédée aux producteurs…
En France, il y a des signaux positifs qui sont importants comme celui donné par le succès de la marque 'C’est qui le patron ? !', qui sera représentée à notre table ronde. Je suis convaincu que demain la société percevra les bénéfices réels engendrés par l’activité laitière sur nos territoires et exigera une viabilité économique des éleveurs : les entreprises seront obligées d’afficher, pour vendre une marque qui s’appuie sur de la RSE, que les producteurs vivent dignement de leur métier."
Comment la FNPL se positionne-t-elle par rapport aux OP ¶
T.  R. - "Les OP ont besoin d’améliorer leur expérience, d’avoir accès à des informations économiques, juridiques et techniques. La FNPL doit jouer un rôle de facilitateur, car les OP ce sont les producteurs. Un groupe de travail a été constitué au niveau du Cniel pour mettre à la disposition des OP toutes les informations dont elles ont besoin et assurer un travail d’expertise dans le cadre du renouvellement des contrats. La FNPL, avec les syndicats minoritaires réunis dans le collège de l’interprofession, seront acteurs de cette relation entre les OP et le Cniel.
Nous avons par ailleurs bâti avec notre réseau et les juristes de la FNSEA, un modèle d’accord cadre comme le prévoit la loi Sapin2. Ces 40 pages sont à la disposition de nos adhérents. Nous proposons aussi un outil de simulation destiné à l’animation des réunions de notre réseau, qui permet de comprendre la construction du prix du lait. Les OP peuvent se l’approprier pour tester des combinaisons d’indicateurs de marché : il permet d’estimer leur impact sur la réactivité et l’amplitude du prix du lait sur les cinq dernières années.
Le rôle de la FNPL est aussi d’anticiper. Notre charte des valeurs a inspiré la loi Sapin2. Nous avons pleinement joué notre rôle de syndicat précurseur en obligeant les entreprises à proposer un contrat-cadre aux OP dans cette loi."
Quel message voulez-vous transmettre à l’AG¶T
. . R. - "La France laitière a tellement d’atouts que ce serait un gâchis de ne pas construire sur ses points positifs : son amont avec une production de qualité et une bonne autonomie fourragère, sa diversité de modes de production qui a généré une diversité de produits. C’est cette richesse qui est créatrice de valeur ajoutée. Le problème est que cette valeur échappe trop souvent aux producteurs. Il faut y remédier pour que chacun comprenne que les producteurs doivent pouvoir continuer à vivre de leur production. 'Nos valeurs ont de la valeur' : c’est le titre de notre AG de Langres en Haute-Marne."

À propos des coopératives

"Nous sommes favorables à ce que les coopératives adhèrent à des associations d’OP territoriales où les producteurs pourraient jouer un rôle actif. La FNCL y est aujourd’hui opposée. C’est une question qui sera débattue lors de l’AG : comment les adhérents peuvent reprendre du pouvoir au sein de leur coopérative ? Je crois au collectif encore faut-il que les acteurs de l’aval jouent le jeu en respectant les règles."

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