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Chute du TB : attention à la teneur en acides gras polyinsaturés de la ration

Si la baisse du taux butyreux du lait peut être liée à l’acidose, celle-ci n’est pas toujours la seule responsable. Une ration riche en acides gras polyinsaturés peut aussi en être la cause.

Jean-Michel Bonnefoy. « Des rations riches en acides gras polyinsaturés augmentent le risque de chute du taux butyreux du lait. »
© V. Bargain

On parle de chute du taux butyreux du lait lorsque deux analyses consécutives de lait de tank révèlent une chute d’au moins deux points par rapport à l’analyse de référence. « Ces chutes du TB ont en général plusieurs causes, complémentaires et synergiques, explique Jean-Michel Bonnefoy, de la commission Vaches laitières de la SNGTV (1). Si l’acidose du rumen est une cause bien connue de la dépression du taux butyreux, une ration riche en acides gras polyinsaturés entraîne également une baisse du TB. » Les matières grasses du lait renferment des acides gras à longue chaîne, prélevés dans le sang ; ils sont issus d’une part de l’alimentation et d’autre part de la lipomobilisation. Elles contiennent aussi des acides gras à chaîne courte synthétisés dans la mamelle à partir du butyrate (fermentation ruminale du sucre) et de l’acétate (fermentation ruminale de la cellulose).

Un impact sur la synthèse des acides gras dans la mamelle

Lors du métabolisme ruminal des lipides alimentaires, certains acides gras à longue chaîne, les acides gras polyinsaturés (AGPI) notamment les acides oléique, linoléique et alpha-linolénique, subissent des transformations qui passent par des acides gras Trans. « Or, certains acides gras Trans sont des inhibiteurs de la synthèse des acides gras courts dans la mamelle, une des causes de la baisse du taux butyreux du lait, explique Jean-Michel Bonnefoy. Une ration riche en acides gras polyinsaturés peut donc entraîner une chute du TB, en dehors de toute acidose ruminale. »

Les ingrédients entrant dans la composition des rations contiennent en effet souvent des quantités non négligeables d’acides gras polyinsaturés. Les céréales, les ensilages de maïs riches en grains ou de maïs épi, les protéagineux, les tourteaux expeller, les drêches de brasserie sont riches en acide linoléique. Les fourrages, notamment l’herbe de printemps et les repousses d’automne, sont bien fournis en acide alpha-linolénique. Et les graines d’oléagineux (lin…) sont riches en acide oléique.

Rations riches en grains et en coproduits

« Les rations actuelles de plus en plus riches en grains prédisposent donc les animaux à l’acidose subaiguë du rumen mais contiennent aussi des quantités importantes d’acides gras polyinsaturés, les deux composantes pouvant s’ajouter pour entraîner une chute du taux butyreux, souligne Jean-Michel Bonnefoy. On rencontre aussi des problèmes de chute du TB avec des rations incorporant des coproduits comme les drêches de brasserie ou de résidus de distillerie, dont le prix d’achat est intéressant mais qui sont riches en acides gras polyinsaturés. »

Face à une chute du taux butyreux, l’acidose ruminale doit être éliminée en priorité en se référant aux symptômes qui l’accompagnent et en prenant les mesures nécessaires pour minimiser ses effets. Et dans un second temps, il est important de prendre en compte les apports alimentaires en acides gras polyinsaturés. « La balance entre le prix de revient de la ration et la plus-value éventuelle d’une remontée du TB sur la paye de lait doit permettre de trancher sur l’intérêt de mesures correctives », conclut le vétérinaire.

(1) Lors des journées des groupements techniques vétérinaires en mai dernier.

Des chutes transitoires « normales »

En début de lactation, le déficit énergétique conduit à une augmentation du TB. Au premier contrôle, entre 6 et 35 jours post-partum, il n’est pas rare d’observer une augmentation de 3 points par rapport à la moyenne du troupeau. En revanche, au second contrôle, entre 30 et 60 jours post-partum, la production augmentant et du fait du phénomène de dilution, il est possible d’observer une chute de 3 g/l du TB.

De même, pour les troupeaux qui pâturent, le stade de végétation de l’herbe influe sur sa teneur en acide alpha-linolénique et peut donc modifier la teneur en matières grasses du lait. Enfin, toute modification de la ration comme l’ouverture d’un nouveau silo peut contribuer à une dépression du taux butyreux du lait.

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