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Qualité du lait : le changement au niveau des cellules repoussé au 1er avril

Le recalibrage annoncé des analyseurs aurait, à l’échelle d’une entreprise, un impact de 1 à 2 euros pour 1 000 litres. Pas question pour les producteurs de payer la facture.

Dans tous les grands pays laitiers, le même matériel de référence sera bientôt utilisé pour calibrer les analyseurs. © D. Hardy
Dans tous les grands pays laitiers, le même matériel de référence sera bientôt utilisé pour calibrer les analyseurs.
© D. Hardy

Nous vous avions annoncé un recalibrage des appareils de comptage des cellules somatiques pour le 1er décembre. L’utilisation d’un nouveau matériel de référence international, disponible depuis février dernier, est repoussée au 1er avril 2021. Cette date a été décidée le 2 décembre pour les trois filières laitières (vaches, chèvres et brebis).

Une très grande variabilité des résultats des tests

Actuellement, en France, les analyseurs sont étalonnés sur des ETG fournis par le laboratoire de référence français Actalia-Cecalait, qu’il s’agisse des appareils des laboratoires interprofessionnels pour le paiement du lait ou de ceux des entreprises de contrôle de performances. Une chose est sûre : l’utilisation d’ETG internationaux va conduire à une baisse des comptages cellulaires pour le paiement du lait. Quelle sera cette baisse ? Des tests ont été conduits cet été automne dans trois laboratoires interprofessionnels. L’écart moyen se situe autour de 15 à 20 %. Mais cette moyenne cache « une grande variabilité avec des valeurs allant de 0 à 40 %, sur un nombre de valeurs assez faible. Les résultats ne sont pas linéaires », précise Caroline Le Poultier.

Une surestimation connue depuis longtemps

Cette surestimation des comptages cellulaires en France est connue depuis très longtemps. « Au niveau international, des essais inter-laboratoires sont réalisés régulièrement. Cela fait des années que l’on sait que nos étalons sont différents de ceux d’autres pays du monde (il existe 22 matériaux de référence différents dans le monde). » Pourquoi avoir attendu pour corriger le tir ? « Ce qui nous importe, c’est que tous les producteurs français soient traités de la même manière. Nous voulions une référence internationale pour gommer les disparités entre pays avant de changer nos étalons. Les travaux de normalisation au niveau international sont très longs. » La France a été motrice dans la création d’une commission analytique(1) au niveau de la Fédération internationale de laiterie (FIL) il y a 8-9 ans.

« Il a fallu du temps pour que les scientifiques aboutissent à une proposition d’échantillons homogènes sur le monde entier. La question est de savoir comment mettre en œuvre ce nouveau calibrage, explique Jehan Moreau, directeur général de la Fnil. Ce n’est pas si simple car l’application du nouveau calage peut avoir des conséquences sanitaires. Et elle va avoir un impact pour certains producteurs, alors que pour d’autres cela ne va rien changer. » L’impact économique moyen à l’échelle des entreprises serait, selon la Fnil, autour de 1 €/1 000 l, jusqu’à 2 € pour certaines. « Chaque entreprise aura à se déterminer. Ce sera certainement un sujet à aborder de façon transparente avec les OP : la qualité du lait fait partie des sujets qu’elles abordent. »

Un sujet sensible qui ne doit pas faire diversion

Pour Daniel Perrin, secrétaire général de la FNPL et administrateur au Cniel, « il n’est pas question que ces 1 à 2 euros soient un sujet de discussion avec les OP. Les entreprises les ont engrangés pendant des années, maintenant on arrête. Avec l’ETG international, la France passerait du neuvième au troisième rang : qu’elles se servent plutôt des résultats qualité du lait français comme argument de vente auprès de leurs acheteurs ».

70 % des laits français sont en dessous de 250 000 cellules. « Il faut savoir raison garder, plaide-t-il. Il y a beaucoup plus d’enjeu avec la loi Egalim qu’avec les cellules qui vont concerner moins de 10 % des producteurs. Il ne faut pas faire diversion avec ces 1 à 2 euros et oublier que les entreprises, dans leurs conditions générales de vente, doivent appliquer le nouvel indicateur prix de revient du Cniel de 403 € ! »

(1) Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Belgique…
 
Article modifié le 3 décembre 2020.
 

Suspension de collecte : une application souple

La surestimation des comptages cellulaires a pu jouer pour les éleveurs qui étaient au seuil de suspension de 400 000 cellules de la réglementation européenne. « Mais la France a une application très souple de ce couperet, contrairement à d’autres pays (Allemagne, Pays-bas, Belgique…) qui appliquent stricto sensu la réglementation dès qu’une analyse dépasse les 400 000 cellules », souligne Caroline Le Poultier. Les producteurs français ont six mois à un an pour se remettre dans les normes. Les suspensions de collecte n’arrivent qu’après plusieurs analyses convergentes et la mise en place d’un plan de suivi.

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