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« Ce qui nous motive, c’est le retour aux producteurs »

Entretien avec Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, deux semaines après la fin des négociations commerciales sur les marques et à la veille de l’assemblée générale du syndicat les 20 et 21 mars, à Arras dans le Pas-de-Calais. 

Thierry Roquefeuil, président de la FNPL.
© A. Conté

Mi-mars, quel premier bilan tirez-vous des négociations commerciales?

Thierry Roquefeuil - Les échos sont plutôt favorables pour les marques. Les efforts doivent se poursuivre sur les marques de distributeurs et les premiers prix. Mais ces négociations ne sont qu’une première étape. Ce qui nous préocuppe, c’est le retour sur le prix du lait aux producteurs : comment seront menées les discussions sur les prix entre les industriels et les producteurs, et si les engagements pris dans les négociations commerciales seront tenus. La FNPL sera la garante des EGA, notamment avec l’entrée de la distribution dans l’interprofession.

Qu’attendez-vous de l’entrée prochaine de la distribution dans l’interprofession ?

T. R. - Le fait de mettre tout le monde autour de la table doit faciliter les relations entre les uns et les autres. On le constate lors de la concertation avec les ONG qui vient d’être lancée au Cniel, se parler crée des passerelles. Le but est que tout le monde soit au même niveau d’information, ait conscience de la diversité des élevages en France, que cette diversité a une valeur. On peut avoir du lait moins cher qui vient d’autres pays ; après, à chacun de prendre ses responsabilités en connaissance de cause. En présence de toutes les parties, il sera plus difficile aussi pour les distributeurs de rejeter la faute sur les transformateurs et vice-et-versa. L’élargissement de l’interprofession doit conduire à plus de transparence et à des objectifs plus partagés qu’ils ne le sont aujourd’hui.

Les OP ont elles aussi leur place dans l’interprofession ?

T. R. - Un réseau d’OP s’est mis en place en 2018 au niveau de l’interprofession. C’est ce qui avait été validé par tous les signataires du plan de filière. Il s’est réuni à plusieurs reprises ; un membre de chaque collège de l’interprofession participe à chaque réunion ce qui permet aux OP d’être informées et de poser toutes les questions qu’elles souhaitent à chaque collège. Dans quelques mois, elles pourront aussi discuter directement de la même manière avec la grande distribution.

Notre position à la FNPL est la même depuis le début. Pour nous, il n’y a pas lieu de créer un collège d’OP. Si elles sont non commerciales, elles sont représentées au niveau du collège producteurs. Si elles sont commerciales, ce sont des metteurs en marché, et le collège de la coopération l’a dit clairement : il est prêt à les accueillir.

Dans quel état d’esprit abordez-vous les autres points du plan filière ?

T. R. - La FNPL entend garder le cap sur le plan de filière et mettre en place tout ce qui est écrit. Mais les quatre axes du plan doivent avancer ensemble. L’enjeu du revenu des producteurs reste la base des EGA. Si cela n’avance pas sur l’économie, tout ce qui est environnement, sanitaire, bien-être animal n’avancera pas non plus.

Pour ce qui est du bien-être animal, des indicateurs communs au Cniel et Interbev vont être proposés prochainement. Le bien-être animal est intégré dans le socle de base du plan filière (France Terre de lait) et adossé à la charte des bonnes pratiques. Ce n’est pas un critère de segmentation du marché : il ne doit pas y avoir des élevages qui le respectent et d’autres non. Contrairement au critère de pâturage et au non-OGM qui sont deux leviers de différenciation pour aller chercher de la valeur supplémentaire, et pour lesquels le plan filière prévoit de proposer un cadre qui est partagé collectivement.

Pourquoi organiser une table-ronde sur les charges à votre AG ?

T. R. - Nous nous sommes battus pour aboutir au plan de filière qui a été signé en décembre 2017. Il est indispensable avec les EGA (l’inversion de la construction du prix, la prise en compte du prix de revient) et tout le travail que la FNPL a porté ces dernières années, d’aboutir rapidement à du concret sur le prix du lait. Nous avons par ailleurs mis en place un groupe de travail au sein de la FNPL pour améliorer aussi le produit viande. Il ne faudrait pas que les gains que l’on pourrait obtenir à l’avenir sur nos productions soient absorbés par des charges supplémentaires par l’ensemble des structures qui gravitent autour de nous. Nous voulons alerter sur ce point. Certains pays ont des services d’appui aux éleveurs laitiers simplifiés par rapport à ceux qu’on a en France. Face aux crises, iI n’y a pas que les producteurs qui doivent se remettre en cause.

Pour la future PAC

Pour Thierry Roquefeuil, " si la PAC ne parle que d’aides à l’hectare, beaucoup d’agriculteurs feront le choix de ne pas garder l’élevage. Il faut un outil qui fasse le lien avec l’élevage. Pas forcément une aide couplée, je suis ouvert à tout. On peut imaginer de nouvelles idées avec les programmes opérationnels ou avec le verdissement, par exemple une certification collective des producteurs ».

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