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Alimentation du bétail
Pas de précipitation sur les protéines animales transformées dans l'industrie de la Nutrition animale

Après l’aquaculture en 2017, c’est au tour des monogastriques d’avoir le droit de consommer des protéines animales : PAT et protéines d’insectes ne devraient pourtant pas bousculer les formules des aliments pour porc et pour volailles.

Malgré l’autorisation européenne publiée cet été (UE 2021/1372), les protéines animales transformées (PAT) ne devraient pas revenir en force dans les formules des fabricants d’aliments européens pour animaux terrestres. C’est en tous cas l’une des conclusions de la table-ronde organisée lors du FeedInfo Summit à Genève, jeudi 27 octobre. Les participants estiment que cette réintroduction n’aura qu’un impact très limité à court terme, tout au moins dans les deux prochaines années. Plusieurs motifs sous tendent cette analyse.

Le premier concerne les questions de logistique exigées par le nouveau cadre européen imposant le « non cannibalisme ». Les PAT de porcs sont exclusivement réservées aux volailles et celles de volailles aux porcs, l’origine « ruminant » restant interdite : la collecte et le traitement des matières autorisées, leur transport puis leur utilisation dans les usines d’aliments exigent donc une stricte séparation, ce que peu d’acteurs européens sont actuellement en capacité d’assurer. L’autre contrainte sera la disponibilité et le prix. Il y aurait environ 500 000 t de PAT exportées de l’UE sur les 1,3Mt produites, pour des valorisations à moins forte valeur ajoutée que ce que génèrerait la nutrition animale et qui pourraient rester dans l’UE.

Même si le secteur, par la voix du néerlandais Darling Ingrédients affirme qu’il privilégiera des débouchés locaux, ces 500 000 t ne seront pas forcément disponibles. Les analyses varient entre 160 000 t et 250 000 t : ça reste peu en volume face aux près de 150 Mt d’aliments pour animaux produits dans l’UE (données Fefac) mais elles contribueraient au mix de solutions pour réduire les importations de soja. En effet, après l’interdiction des anciennes farines animales, suite à la crise de l’ESB, les importations européennes de soja avaient progressé de 2 à 3% pour remplacer ces protéines concentrées dont les profils en acides aminés conviennent particulièrement bien à des espèces comme la dinde.
A noter que ce serait principalement des PAT de porcs qui pourraient enrichir le panier des matières premières des fabricants d’aliments pour volailles, celles de volailles étant très prisées par les fabricants de petfood et n’auraient donc que peu d’intérêt économique pour les aliments pour porcs.

Troisième limite à l’arrivée de ces matières en France : les cahiers des charges mis en place après l’ESB comportent les mentions alimentation 100% végétale, minérale et vitaminiques. Les fabricants d’aliments dépendent donc de la volonté des filières de modifier ces contraintes.

L’expérience des filières aquacoles, qui ont ouvert la porte aux PAT dès 2017, a montré la faisabilité d’une telle introduction avec des usines dédiées et des filières totalement séparées. Il y a néanmoins eu quelques alertes de contamination, surtout dans les premiers mois.

Peu de disponibilité pour les insectes
L’autorisation européenne de l’été dernier permet aussi l’introduction de protéines d’insectes dans les aliments pour animaux terrestres. Si l’utilisation des huiles d’insecte a déjà fait l’objet de quelques filières (truites ou poulets Auchan par exemple), les protéines ne devraient pas trouver leur place comme matières premières. C’est la seconde conclusion de la table ronde du FeedInfo Summit : les participants sont encore plus dubitatifs sur leur capacité à entrer massivement dans leurs silos que pour les PAT malgré les annonces et les financements massifs annoncés par les opérateurs de cette filière. Certains estiment même que seuls des éléments fonctionnels, et donc minimes en volumes, trouveront le chemin de leurs usines à court voire à moyen terme.
Ils comptent donc beaucoup plus sur des matières premières végétales de remplacement (protéines européennes, protéines d’herbe, voir algues) et sur la R&D (optimisation de la digestibilité des tourteaux de soja par l’action d’enzymes, travail sur la génétique animale) pour réduire leur besoin en soja d’importation.

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