Aller au contenu principal

Nutrition animale : la filière porcine cherche à réduire son empreinte carbone

Avec une part de soja plus faible que dans les aliments des autres espèces, les aliments porcs travaillent déjà leur empreinte carbone mais peuvent encore la réduire via leur alimentation.

« L’impact sur l’aliment dépend du taux d’incorporation de soja » selon Sandrine Espagnol de l'Ifip.
© Yanne Boloh

La décarbonation des filières d’élevage repose pour beaucoup sur celle de l’alimentation des animaux. Elle représente par exemple 42% des émissions de GES d’un kilogramme de porc « au portail de la ferme » expliquait Sandrine Espagnol (IFIP) lors du récent Space de Rennes. Cette part agrège la production des intrants des matières premières, la production de ces matières premières, leur transport jusqu’à l’usine d’aliment, la fabrication puis la livraison de ce dernier en élevage. En amont, le protoxyde d’azote est concernée puis, tout au long de la chaine d’approvisionnement de l’élevage, s’y ajoute le carbone et, très peu, le méthane.

Le calcul de l’équivalent carbone d’une tonne d’aliments s’appuie donc à la formule : kg (N2O)*298+kg (CO2)*1. En prenant les données de la base Agribalyse, Sandrine Espagnol parvient à un impact carbone de 349 kg équivalent CO2/tonne d’aliment engraissement moyen. Ce dernier est composé à 70% d’un aliment acheté et de 30% fabriqué à la ferme. Au total, l’impact carbone d’une tonne d’aliment rendu en élevage s’explique principalement par la production des matières premières (92%) et très peu par le transport des matières premières et des aliments finis ainsi que leur fabrication.

L’impact carbone des différentes matières premières varie aussi très fortement, de quelques dizaines de kilogrammes équivalent CO2 pour le pois à plus de 3000 kg eq CO2 pour la L-Lysine en passant par près de 1500 pour le tourteau de soja.

Baisser la protéine

Les deux facteurs principaux sont les émissions directe au champ liées à la fertilisation et à la dénitrification des sols et le changement d’affectation des sols, ceci concernant un nombre réduit de matières premières dont le soja s’il est associé à la déforestation. Celle ci pèse en effet autour des trois quarts de l’impact carbone d’une tonne de soja… « L’impact sur l’aliment dépend du taux d’incorporation », résume Sandrine Espagnol. Son collègue Didier Gaudré, rappelle que le porc est bien moins consommateur de soja que les bovins et surtout que les volailles (5,7% des consommations de tourteaux de soja en France pour les porcs, 26,7% en vaches laitières et 64% en aviculture, bovins viandes et autres espèces se partageant le restant).

Il est toutefois encore possible techniquement de se passer de soja pour certains stades physiologiques : le porc croissance, le porc finition, la truie gestante, même si cette éviction est impossible sur trois stades qui représentent toutefois une part mince (16%) des volumes d’aliments consommés en élevage de porc : le porcelet 1er âge et 2nd âge ainsi que la truie allaitante. La stratégie d’une alimentation par phases pour coller le mieux possible aux besoins de chaque stade physiologique colle avec cette recherche de décarbonation.

Le contenu en acides aminés digestibles des matières premières, notamment en lysine et en thréonine digestibles, comme le tourteau de colza ou de tournesol, reste très loin de celui du soja. Les céréales contribuent cependant aussi largement à cet apport. Ce sont donc les acides aminés de synthèse qui ont permis de réduire la part du soja dans l’alimentation des porcs. A noter que réduire d’un point la protéine d’un aliment réduit de surcroit les émissions d’ammoniac de 10% (volatilisation ammoniacale) en plus de la réduction directe des émissions d’azote. Encore faut il que les acides aminés qui viennent, en substitution, répondre aux besoins nutritionnels du porc, ne viennent pas de l’autre bout du monde. Or, l’UE est très fortement dépendante de la Chine notamment.

Mais la technologie contribue également à l’amélioration de la digestibilité du contenu des matières premières : le coefficient de digestibilité d’une farine est en effet inférieur à celui d’un aliment granulé. Ne serait-ce que pour l’azote, il passe ainsi de 73,8% à 80,3% après le passage par la presse. Un élément à chiffrer face à la consommation énergétique de cette opération unitaire.

 

 

 

Les plus lus

Engrais chimique en granulé
Marché des engrais : demande encore timorée et prix en repli

Dans un contexte de cours du blé français au plus bas et des trésoreries affectées dans les fermes, l'activité est limitée.

La main d'une personne avec une poignée de blé au dessus d'un tas de blé.
Récolte 2025 : une bonne qualité des blés français et des exportations tirées par le Maroc

À l’issue de son conseil spécialisée de la rentrée le 17 septembre, FranceAgriMer a présenté la mise à jour de ses…

Philippe Heusele, secrétaire général et Éric Thirouin, président de l'AGPB, lors de la conférence de presse de rentrée le 16 septembre 2025
Prix du blé : les producteurs demandent une revalorisation des prix d’intervention

Lors de la conférence de presse de rentrée de l’AGPB le 16 septembre, les représentants de la profession ont fait part de leur…

Portrait d'Olivier Duvernoy, président de l’Aemic.
« L’Aemic, le réseau des filières céréalières, est aujourd’hui la plateforme de tous les professionnels du secteur des grains »

Olivier Duvernoy, président de l’Aemic, revient sur les évolutions que l’ancienne association des élèves de l’école de…

Champ de maïs, Vexin, septembre 2025
Céréales et oléoprotéagineux bio : regain d’activité pour la rentrée

En ce début septembre, l’activité du marché des grains bio reprend de la vigueur. 

Antoine Hacard, président de La Coopération agricole - Métiers du grain et Catherine Matt, directrice
La profession céréalière se réjouit de la levée des taxes sur les importations d'engrais états-uniens

L’AGPB et La Coopération agricole – Métiers du grain s’inquiètent de la remontée des prix des engrais depuis le printemps, et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne