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Contractualisation
NatUp développe sa filière Lentille de Normandie

À l’initiative de sa filiale Légumes vapeur Lunor, qui souhaitait en 2017 valoriser l’origine France de ses 1000 t de lentilles transformées, NatUp a lancé une filière Lentille de Normandie. Elle représente 294 ha en 2020 (50 ha en 2018 et 300 ha en 2019) et 50 à 55 producteurs.

La gamme Fraîchement cuit de Lunor, filiale du groupe coopératif NatUp, est à trouver dans le rayon "fraîche découpe" des supermarchés.
© NatUp/Lunor

Les producteurs ont tout de suite adhéré à la démarche en 2018/2019. « À l’époque, les prix des matières premières agricoles – telles que le blé, l’orge, le colza et la féverole – n’avaient pas une forme olympique et les agriculteurs étaient à la recherche de cultures de diversification plus rémunératrices », explique Pierre Ouvry, en charge du pôle agricole de NatUp. Le contrat proposé par NatUp les a convaincus de participer à l’aventure.

Des avantages économiques

Il s’agit un contrat annuel reconductible qui lie l’agriculteur, la coopérative NatUp et le transformateur Lunor. Ce dernier fixe la quantité et la qualité de la lentille à livrer, à savoir un beau visuel, une absence de grains cassés, un bon goût et une résistance à la cuisson vapeur. Le prix est fixé à un niveau supérieur de 20 à 25 % au cours de la lentille sur le marché international. Ainsi, le prix payé à l’agriculteur est de l’ordre de 500 à 600 €/t, sachant que le rendement peut varier entre 5 et 30 q/ha en lien avec le contexte climatique et les performances de l’agriculteur (20 à 25 q/ha en moyenne en 2018). « De fait, quand le prix du blé tendre s’élève à 150 €/t, il est intéressant de produire de la lentille. En revanche, quand il dépasse les 200 €/t, l’intérêt est moindre », souligne Pierre Ouvry.

Ainsi, pour les assolements de 2021, deux facteurs sont venus perturber la dynamique en place. « D’une part, les deux derniers printemps se sont avérés très secs, ce qui a découragé certains producteurs. D’autre part, la remontée des cours du blé, de l’orge et du colza fait que l’agriculteur est plus enclin à privilégier un blé sur blé que pérenniser la filière Lentille de Normandie », s’inquiète le dirigeant.

« L’intérêt économique de cette démarche contractuelle à prix fixe doit être analysé sur plusieurs années », ajoute-t-il. Un avantage pécuniaire d’autant plus vrai que les agriculteurs, engagés dans la démarche de certification HVE, gagnent une plus-value qui n’est pas anodine (cf. encadré ci-dessous).

La démarche HVE au cœur de la stratégie de NatUp

Si 80 adhérents sont déjà engagés dans la démarche HVE (Haute valeur environnementale), une centaine d’agriculteurs supplémentaires – sur les 116 qui ont participé « avec engouement » à la formation d’initiation à cette certification collective proposée par NatUp – devraient les rejoindre d’ici le mois de juillet, selon un communiqué en date du 23 avril. Le groupe coopérative offre « un accompagnement technique personnalisé pour améliorer leurs points de progrès » afin d’atteindre les exigences de niveau 2 de la certification HVE, qui sont soumises à la validation d’un organisme habilité en conseil agricole ou d'un organisme certificateur. Par la suite, les agriculteurs, qui le veulent, peuvent aller jusqu’à la certification HVE en validant les exigences de niveau 3 associées. « Si aujourd’hui tous les volumes collectés par NatUp n’ont pas encore trouvé leur débouché rémunérant l’effort de l’agriculteur, la coopérative tient à rendre accessible une telle plus-value à une majorité de ses adhérents et élargit, sous certaines conditions (contrats de commercialisation et d’accompagnement spécifique), une valorisation à tous les agriculteurs ayant une certification de niveau 2 », précise le groupe coopératif. A titre d’exemple, la plus-value pour le producteur s’élève à 35 €/t en lentilles. Au titre de la campagne 2020/2021, les blés panifiables, les orges de mouture et le colza bénéficieront, dans ce cadre, d’un complément de rémunération, de 2 €/t pour les céréales et de 5 €/t pour l’oléagineux. « Ce dispositif va monter en puissance sur la campagne 2021/2022 pour bénéficier à une majorité d’adhérents », ajoute NatUp.

De plus, la lentille verte Anicia (vigoureuse, tolérante au froid, qui se sème en mars) possède un intérêt agronomique indéniable car elle se cultive sur des sols pauvres comme les terres séchantes et argilo-calcaires. Elle demande peu d’intrants (pas besoin de fertilisation azotée, utilisation limitée de produits phytosanitaires) et présente un bon précédent pour le blé, avec un reliquat d’azote de l’ordre de 20 à 30 unités.

Un gros potentiel de développement

Des recherches sont effectuées pour améliorer la conduite culturale de la lentille dans les terroirs normands dans l’objectif d’« optimiser le rendement et le goût de la lentille ». Des essais en plein champ permettent de mieux cerner les types de sol les plus appropriés à la culture de la lentille. À titre d’exemple, « des expérimentations sur des limons profonds ont conduit à la production d’une biomasse importante mais au rendement limité », illustre Pierre Ouvry. Par ailleurs, il apparaît que le réglage de la machine à récolter et de la batteuse sont primordial pour récupérer le maximum de graines et éviter les grains cassés. NatUp a, de plus, décliné 5 à 10 % de la sole en agriculture biologique. « Un agriculteur teste ainsi la cameline comme tuteur de la lentille », raconte le dirigeant. Enfin, la coopérative poursuit ses essais avec d’autres variétés, telles que la lentille noire et la lentille corail.

« Le potentiel des surfaces disponibles est lié à la gestion du risque sur l’ensemble du territoire de la coopérative mais la sole ensemencée dépend de l’attractivité du produit auprès des consommateurs », souligne le dirigeant. Et, dans ce cadre, la lentille cuite à la vapeur, telle que proposée par Lunor, présente de nombreux atouts comme sa richesse en fer et en protéine, ainsi que sa facilité de préparation. « Si nous avons besoin de 500 ha supplémentaires, nous les trouverons car l’attrait des agriculteurs, en quête de nouvelles solutions de diversification, ne se dément pas. Mais tout dépendra des prix relatifs des différentes cultures en concurrence », tempère Pierre Ouvry.

Les filières de production, une ambition forte de NatUp

La filière historique du groupe coopératif concerne le colza érucique, avec ses débouchés spécifiques que sont la cosmétique et la chimie. « Cette culture représente les trois-quarts de notre sole de colza, soit une dizaine de milliers de tonne de graines », indique Pierre Ouvry, en charge du pôle agricole de NatUp. Et d’ajouter : « la filière Orges brassicoles d’hiver et de printemps s’est renforcée à l’occasion de l’actionnariat récent d’Axéréal dans Bourmalt (racheté à Cargill), dans le capital duquel NatUp est actionnaire minoritaire. » Le groupe coopératif a, par ailleurs, lancé il y a trois ans une filière Lentille et depuis un an une filière Blé dur, dont la culture en Normandie « devient intéressante et rentable avec les étés qui sont de plus en plus chauds ». Cette année, NatUp a créé une filière Sorgho, avec 1 200 ha plantés d’un coup, les essais ayant montré la parfaite rentabilité de la production. « Nous avons dû plafonner les emblavements car le nombre d’agriculteurs désirant s’engager dans la démarche était trop important par rapport à la demande des fabricants d’aliments pour animaux », affirme le dirigeant. D’autres filières sont à l’étude, comme le soja et la graine de chia pour l’alimentation humaine et le lupin pour la nutrition animale. Ces filières sont basées sur le même schéma que celle de la lentille, avec un partenariat amont/aval réunissant des agriculteurs, la coopérative et un industriel.

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