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« Les prix du blé dur devraient rester stables jusqu’à la fin de la campagne », selon Patrick Jouannic de Soufflet by Invivo

Lors de la journée filière blé dur, organisée par Arvalis le 6 février dernier, une table ronde a rassemblé des acteurs du marché français. Pour Patrick Jouannic, chargé du commerce du blé dur de Soufflet by Invivo, le marché a déjà pris en compte le remaniement des flux et le manque de liquidités se fait sentir.

Yannick Carel (Arvalis), Patrick Jouannic (Soufflet Négoce), Charles Neron Bancel (Panzani), Clément Roux (Durum) et Nicolas Prevost (Emeric) lors de la table ronde marché du blé dur organisée par Arvalis lors de la journée blé dur du 6 février 2025
De gauche à droite : Yannick Carel (Arvalis), Patrick Jouannic (Soufflet Négoce), Charles Neron Bancel (Panzani), Clément Roux (Durum) et Nicolas Prevost (Émeric) lors de la table ronde sur le marché du blé dur, organisée par Arvalis à l'occasion de la Journée blé dur du 6 février 2025
© Adèle d'Humières

« Il n’y a pas beaucoup de rencontre entre offre et demande », a déclaré Patrick Jouannic lors de la table ronde organisée par Arvalis à l'occasion de la Journée blé dur, qui s'est déroulé le 6 février à Aix-en-Provence. Pour lui, les prix du blé dur ne devraient pas évoluer dans les mois à venir. Une vision partagée par d’autres opérateurs du marché présents lors de la rencontre.

Lire aussi : « Le potentiel de baisse des prix du blé dur est limité », selon le cabinet d'analyse Areté

L’Algérie devrait être peu présente sur la fin de campagne

« Historiquement, l’Algérie avait des besoins en blé dur et était présente aux achats entre mars et juillet, ce qui pesait sur le marché », rappelle l’expert. Cette année, si le Mexique n’est pas présent à l’exportation à cette période et devrait même devenir importateur de blé dur, cela n’est pas synonyme de débouchés en plus pour la France pour autant. En effet, « l’Algérie a déjà acheté pour avril auprès du Canada », révèle Patrick Jouannic. Celui-ci a ajouté que l’absence du Mexique avait déjà été prise en compte dans les cours.

« L’Algérie a déjà acheté pour avril auprès du Canada » selon Patrick Jouannic, Soufflet négoce by Invivo

Le Canada retrouve sa place de leader sur le marché, mais celle-ci reste fragile

Après la faible récolte 2023, la production canadienne a retrouvé un niveau plus important, ce qui devrait permettre au pays d’assurer 56 % des exports mondiaux de blé dur en 2024-2025 contre 39 % en 2023-2024, selon des chiffres de Stratégie Grains by Expana. Mais « la variabilité de la récolte canadienne reste importante, notée à 20 % pour la production et 15 % pour les surfaces », rappelle Matthieu Killmayer, animateur de la filière blé dur pour Arvalis. « En début de campagne, le marché s’attendait à 7 Mt de production canadienne, et celle-ci s’est finalement avérée largement moindre », a déclaré Nicolas Prevost, courtier en grain pour la société Émeric. Mais le Canada reste présent sur les marchés. « Le retard de l’Italie dans son programme d’importations est à nuancer », avance-t-il. « Une armada de bateaux canadiens, dont certains de 80 000 t et d’autres de 60 000 t, est en approche des côtes italiennes », a-t-il annoncé. Des flux canadiens risquent aussi d’être redirigés vers le Mexique, avec la probable mise en place de taxes à l’importation de la part des États-Unis.

Lire aussi : Donald Trump lance un bras de fer brutal avec ses partenaires commerciaux

L’absence de la Turquie en début de campagne a compliqué la lecture du marché

Pour Nicolas Prevost, des volumes de blé dur sont disponibles en Turquie, et leur arrivée sur le marché pourrait changer la donne d’ici à la fin de campagne. « Pour l’instant, les prix sur le marché intérieur turc sont de l’ordre de 300-310 $/t », a-t-il précisé. Le prix minimum sur le marché turc a freiné les exportations alors que le marché attendait ces volumes. L’absence de la Turquie en début de campagne a été compensée par des flux de blé dur espagnol et grec sur l’Europe. Selon Clément Roux, directeur commercial de Durum, « la Turquie a sorti 40 % de son volume disponible sans faire baisser le marché, contrairement à l’an dernier ». Les opérateurs turcs ont désormais la capacité d’exporter en volume sans peser sur les prix. 

« La Turquie a sorti 40 % de son volume disponible sans faire baisser le marché, contrairement à l’an dernier », selon Clément Roux, directeur commercial de Durum 

La Russie est peu présente pour le moment, mais pourrait gagner en puissance sur le marché du blé dur

Pour le moment, le blé dur russe est dirigé vers la Turquie, d’après Patrick Jouannic. « 2 Mt de blé sont stockées en Turquie », a d’ailleurs rappelé l’expert. Si pour l’instant la taxe à l’importation sur le blé dur russe à 145 €/t est très prohibitive, la donne pourrait changer si elle est modifiée. De plus, « 6 Mt de blé dur ont été promises par Vladimir Poutine d’ici à 2030 », a-t-il ajouté. En effet, la production russe pourrait augmenter sous l’effet du changement climatique, a annoncé Matthieu Killmayer. Ceci devrait être lié à une progression des surfaces.  Pour le moment, « les volumes russes de blé dur n’arrivent pas. La place de la Russie et du Kazakhstan est incertaine cette année, à la fois pour des raisons logistiques, de qualité et géopolitiques », selon Nicolas Prevost.

Lire aussi : Blé dur : le Kazakhstan peut-il remplacer la Russie pour subvenir aux besoins de l'UE ?

L’approvisionnement français en blé dur se maintient

Pour le moment, « les approvisionnements français en blé dur se maintiennent, malgré la mauvaise production », d’après Clément Roux. Mais celui-ci a également pointé du doigt le danger pour la filière de perdre sa place à l’exportation, le blé dur étant un des seuls produits agricoles exportables du Bassin méditerranéen. Pour Charles Neron Bancel, responsable achats blé dur du groupe Panzani, « il est plus compliqué de trouver de la marchandise. Nous nous adaptons pour utiliser les blés présents. Mais l’approvisionnement pour faire tourner les usines est compliqué quand les vendeurs se font rares sur certaines périodes ». Les semouliers français ont ainsi tendance à sortir d’une logique de marché via des partenariats avec leurs fournisseurs.

La montée en puissance de la Turquie pénalise aussi les exportations françaises de semoule, a ajouté Charles Neron Bancel.

Lire aussi : Tour de plaine moisson 2025 : faut-il craindre l’excès d’eau ?

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