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Les négociations autour de la déforestation inquiètent l'industrie de la nutrition animale

La table ronde consacrée, lors de la récente assemblée générale de la Fefac à Utrecht (Pays-Bas), à la déforestation ou, plutôt, à la non déforestation montre que le processus règlementaire en cours peut déboucher sur des contraintes et donc des surprimes importantes pour la nutrition animale européenne.

A gauche Nicolas Coudry Mesny, responsable Approvisionnement chez Sud-Ouest Aliment
© Yanne Boloh

La lutte contre la déforestation est un objectif partagé dans l’UE et va bientôt bénéficier d’un cadre règlementaire. En effet, la Commission européenne a rendu son texte le 11 novembre dernier, le Conseil européen va le scruter le 28 juin, dernier jour de la Présidence française, et le Parlement européen devrait boucler le tour des négociations en septembre. Mais à Utrecht, lors de la récente assemblée générale publique de la Fefac (Fédération européenne des fabricants d'aliments composés), le jeudi 2 juin, sont apparues quelques inquiétudes sur la manière dont elle va être comptabilisée.

« Nous sommes parfaitement capables de créer des corridors pour des flux de soja issus de zones sans risque de déforestation », estime Wei Peng (Louis Dreyfus). « Il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur notre capacité à fournir un tel soja. Mais pour garantir une ségrégation tout au long de la chaine d’approvisionnement, il faudra que les utilisateurs payent ».

Le risque d’une traçabilité de ségrégation

Qui dit ségrégation dit en effet, à l’image de ce que le marché du non OGM connaît depuis deux ans, risque d’explosion d’une telle prime avec un surcout, dans le cas de la non déforestation, estimé de 20 à 35%. « Et si l’UE qui ne représente que 10 à 15% des exportations brésiliennes, veut vraiment lutter contre la déforestation et non pas uniquement s’assurer de ne pas consommer des graines issues de la déforestation, alors la ségrégation n’est pas la bonne solution. Il faut inciter de plus en plus de planteurs à ne pas déforester », estime Hugo Bryrnes, représentant du distributeur Ahold-Delhaize.

« C’est la méthode de la balance des masses (mass-balance en anglais) qui garantirait le mieux une véritable action en faveur d’une production sans déforestation ni conversion des sols », complète Nicolas Coudry-Mesny, acheteur de la SOAL (groupe Maïsadour). Vice président de la Fefac, il préside Eurofac, l’instance qui regroupe les trois syndicats de la nutrition animale française et qui les représente au niveau européen.

 

La balance des masses serait plus incitative

Le concept de la balance des masses repose sur le fait que le critère certifié (ici la non déforestation mais ce peut aussi être le non travail des enfants) ne peut être analysé en laboratoire sur les graines, contrairement à une caractéristiques nutritionnelle ou de structure (non OGM par exemple).

A l’image de l’électricité verte, les électrons produits en respectant l’environnement ne sont pas différenciés et rejoignent le flux commun mais le fournisseur d’énergie garantit au consommateur désireux de soutenir cette production vertueuse, un volume d’énergie verte inférieur ou égal à celui réellement production selon cette norme.

Des ONG comme Max Havelaar ont aussi retenu cette méthode de la balance des masses par exemple pour certifier des productions d’oranges éthiques : les consommateurs payent plus chers du jus d’orange certifié par l’ONG, les producteurs recevant en retour une prime incitative qui doit faire progresser les modalités de la production autour de chez eux et l’ONG ne certifiant qu’un volume d’orange similaire à celui produit selon les règles fixées.

« Il faut évidemment disposer de toutes les garanties non seulement sur le fait que les parcelles ne soient pas déforestées mais aussi que le volume vendu avec une certification ne dépasse pas celui réellement produit sur de telles parcelles », complète Nicolas Coudry-Mesny.

Toutes les organisations européennes veulent faire entendre leur voix sur cette question et la présence, lors de l’AG de la Fefac, du directeur général de la DG Agri, Wolfgang Burtscher, pourrait contribuer à rendre le message plus audible dans les institutions.

 

 

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