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Meunerie internationale
[Covid-19] La demande en farine et en blé très dynamique en Asie et en Afrique, moins en Europe, selon des analystes

La première journée du Global Grain (17 au 19 novembre) a permis de recueillir la vision d’experts sur les marchés mondiaux du blé tendre et de la farine.

© 272447 (Pixabay)

La pandémie de Covid-19 a eu des effets divergents selon les régions du globe sur la consommation de blé tendre par les moulins, et de farine par la boulangerie et les consommateurs finaux. Des analystes intervenant le 17 novembre en visioconférence lors du Global Grain (du 17 au 19 novembre), ont expliqué que, dans l’ensemble, la demande pour ces produits s’est avérée très dynamique ces derniers temps en Asie et en Afrique, et moins en Europe.

Pour Gunham Ulusoy, président directeur général du moulin turc Ulusoy Un, insiste sur l’originalité de la configuration du marché cette année : « nous avons une production planétaire de blé tendre élevée, mais actuellement, la demande l’est encore plus. Nous sommes un peu dans un cercle vicieux : les pays importateurs de blé tendre veulent faire davantage de stocks afin d’éviter une inflation des prix alimentaires, et les exportateurs tentent de vendre moins, pour profiter de la hausse des prix ou pour ne pas épuiser leurs stocks ». Ce dernier ajoute que dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique, « le pain est la principale denrée alimentaire », et les gouvernements veulent à tout prix limiter son inflation.

Le Pakistan et l’Iran se ruent sur le blé tendre

Le constat du meunier turc est assez partagé par la dirigeante du cabinet d’analyse français Tallage/Stratégie Grains Andrée Defois: « la pandémie de Covid-19 n’a pas atténué la demande en blé tendre dans des régions comme le Moyen-Orient ou le Sud-Est Asiatique. Le Pakistan a passé de nombreux appels d’offres, tout comme l’Iran lors de la présente campagne ». Malgré une production mondiale 2020/2021 à 772,38 Mt selon le dernier rapport mensuel du département états-unien de l’agriculture (USDA), contre 764,94 Mt l’an dernier, le marché mondial du blé tendre est jugé tendu par l’analyste. « Nous avons certes des hausses de production en Australie, dans les Pays-Baltes et en Russie, mais de fortes baisses dans l’UE et en Argentine. Et rappelons qu’en Russie, les récoltes de blés ont été bonnes dans des secteurs éloignés des ports, générant un surcoût », détaille Andrée Defois.

Des achats de farine moins importants dans l’UE

En revanche, la demande de farine, de pain, et par ricochet de blé tendre, a été, semble-t-il, pénalisée par la pandémie de Covid-19 en Europe. « Nous voyons moins d’échanges en B to B dans notre secteur au niveau de l’UE. Et tant qu’un vaccin n’aura pas vu le jour, nous ne voyons pas la situation changer avant l’été prochain », soutient Scott Wellcome, directeur de la division Risk Management de Goodmills Group, groupe meunier autrichien gérant 25 moulins à travers l’Europe. Ceci en raison de la baisse de la consommation des secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, rappelle-t-il.

Scott Welcome, observant la demande des meuniers européens en matières premières régresser, estime que la hausse des prix du blé tendre vient en partie d’un phénomène de rétention de la part des vendeurs, notamment de Russie. Andrée Defois n’est pas totalement en phase avec cette analyse : « les russes peuvent dans certains cas retarder leurs ventes. Mais depuis le début de la campagne, ils ont bien vendu et exporté. Le marché est tendu car la demande est très intense, alors que certains pays exportateurs voient leurs disponibilités moins abondantes cette année ». Un avis partagé par Arina Korchmaryova, vice-présidente de la division mers Baltique, Noire et Caspienne de la société d’analyse et de certification d’origine Suisse Cotecna : « nous n’avons pas vu de phénomène généralisé de rétention de marchandises en Russie. Les agriculteurs russes ont de la qualité et ont vendu dans l’ensemble, bien qu’ils aient pu parfois, et de manière ponctuelle, agit de la sorte, ne facilitant pas toujours la vie des traders ».

Davantage d’affaires en B to C pour la meunerie ?

La pandémie de Covid-19 va-t-elle changer drastiquement la configuration des marchés mondiaux de la farine et du blé tendre ? Pour Scott Wellcome, le plus gros changement que pourrait engendrer la crise sanitaire est le renforcement d’un « switch » des affaires en « B to B » vers le « B to C ». Gunham Ulusoy, acquiesce, estimant que « la meunerie devra investir davantage dans des équipements et infrastructures permettant de traiter davantage avec les détaillants ».

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