Aller au contenu principal

Contractualisation / Filières
Egalim 2 : Intercéréales attend des décrets dérogatoires, le Snia et l'Ania des éléments pratiques

Cécile Adda Dailly, responsable RSE d’Intercéréales, explique que la loi mérite encore quelques précisions pour la filière céréalière.

© Geralt (Pixabay)

« Il y a possibilité de déroger à certaines dispositions de la loi non adaptée à la filière céréalière par décret. […] Tout va donc se jouer dans leur rédaction, prévue pour fin octobre début novembre, et nous serons vigilants », a déclaré Cécile Adda Dailly, responsable RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) au sein d’Intercéréales, suite à l’adoption de la loi dite Egalim 2, le 4 octobre.

Si l’interprofession de la filière Céréales se dit en accord avec l’esprit de la loi « visant à protéger la rémunération des agriculteurs », elle juge que ses modalités d’application, notamment ses trois premiers articles, sont inapplicables en l’état, car elles seraient contre-productives pour certains débouchés et viendraient compromettre une filière « déjà très organisée, structurée et avec des outils de sécurisation qui fonctionnent ».

Côté nutrition animale, la loi est mieux accueillie, puisque destinée à répondre plus particulièrement aux difficultés des filières animales. « Elle génère de fortes attentes de la part des éleveurs dans certaines filières », estime Stéphane Radet, directeur du Syndicat national des industriels de la nutrition animale (Snia).
 

Trois articles toujours problématiques

« La loi dit que les agriculteurs doivent contractualiser pour trois ans pour 100 % des volumes, avec des clauses de révision automatique des prix, sachant que les cultures céréalières sont annuelles et les coûts de production fixes pour une année donnée. Il est donc compliqué de l’appliquer », souligne la spécialiste d’Intercéréales, précisant que la filière céréalière contractualise déjà sur plusieurs années pour certaines filières nationales (blé CRC-McDonald’s par exemple). Cette dernière s'engage à intensifier ce genre d'actions afin de se rapprocher le plus possible de l'esprit de la loi.

Concernant l’article 2, régissant les relations à partir des organismes stockeurs et les opérateurs de l’aval (de la 1re transformation à la grande distribution et l’exportation), la loi impose une transparence et sanctuarisation du couts d’achat des matières premières dans les CGV, l’intégration dans les contrats d’indicateurs de coûts de production, de prix, et oblige l’inclusion de clause de renégociation à la hausse ou à la baisse en cas de fortes variations des prix des matières premières. « Inapplicable dans le cas de l’export, qui représente 50% de nos marchés », estime Cécile Adda Dailly. La loi peut s’appliquer uniquement dans le cas où la céréale produite se retrouve dans les rayons de la grande distribution nationale, « soit 4 à 5 % des volumes », précise-t-elle. Là aussi, des décrets sont attendus par Intercéréales pour déroger à ces mesures, « au moins jusqu’aux produits de 1ère transformation des céréales ». Cécile Adda Dailly rappelle que des indicateurs de prix de matières premières existent déjà, notamment les prix du contrat blé tendre n° 2 d’Euronext.

Enfin, concernant la création d’un organe de règlement des différends, prévu par l’article 3. Le recours à la chambre arbitrale de Paris en cas de litiges est prévu depuis plusieurs années dans les contrats Incograin, très largement utilisés dans la filière. « Nous avons déjà fait part de ces éléments aux pouvoirs publics, et le ministère s’est engagé à ne pas en rajouter », assure Cécile Adda Dailly.

Restent à éclaircir certains points. « La loi impose dans l’article 1, alinéa 15, qu’il n’y aura pas de pénalités pour les agriculteurs en cas d’aléas sanitaires ou climatiques exceptionnels. […] À l’origine, cela concernait la filière Élevage : grippe aviaire, fièvre porcine, etc. Mais quid de la filière céréalière ? Comment définir un aléas sanitaire exceptionnel, une attaque de ravageur, une année à mycotoxines ? Nous avons besoin de précisions à ce sujet ! », estime Cécile Adda Dailly.

Le Snia et l’Ania pour une « traduction opérationnelle »

« Les objectifs de cette loi sont partagés, particulièrement quand les coûts de production augmentent significativement », estime Stéphane Radet. « En alimentation animale, les indicateurs existent sur l’évolution de ce poste en élevage. Ils peuvent être complétés ou précisés sur certains segments, là où les indicateurs n’existent pas. Le dispositif nécessitera une traduction opérationnelle pour les opérateurs. » Enfin, le Snia salue la promotion de l’identification et l’étiquetage de la production française, « une demande historique des filières ».

De son côté, l’Ania note une inquiétude de ses adhérents sur « certains dispositifs qui vont être très difficilement applicables » et attend donc « une interprétation opérationnelle du texte ». Elle relève aussi le contexte actuel de « hausse exceptionnelle des prix de certaines matières premières agricoles à laquelle s’ajoute une augmentation sur les emballages, les transports et l’énergie ». « Les prochaines négociations commerciales seront le juge de paix », conclut l’Ania dans son communiqué du 5 octobre.

 

 

 

Les plus lus

Diapositive d'une présentation lors d'une conférence des JTIC 2025 montrant 3 cartes de risques de production de blé tendre en Beauce
Changement climatique : le blé tendre devient une culture risquée en Beauce

Lors de l'édition 2025 des Journées techniques des industries céréalières (JTIC) à Auxerre le 16 octobre, le cabinet Diagorisk…

Marché des engrais : sous tension avec l'application de la taxe MACF au 1er janvier 2026

Mouvementé, Novembre a démarré par un fort regain d’activité sur le marché des engrais dû à des rattrapages, malgré les…

Photo de groupe de l'équipe dirigeante de Maïsadour lors de la conférence de presse du 5 décembre 2025
Maïsadour : après une récolte 2025 difficile, cap vers l’agriculture régénérative

Après une récolte marquée par des conditions climatiques difficiles et de mauvais rendements, le groupe coopératif…

Alimentation animale : malgré la hausse des fabrications, les capacités d’investissement s’effritent

En dépit d’un contexte économique et sanitaire tendu, les fabrications d’aliments pour animaux se maintiennent. Mais la…

Graphique prix colza tournesol France au 24 novembre 2025
Marché des oléagineux du 24 novembre 2025 - Les États-Unis attendent un nouvel accord avec la Chine sur le soja

L’évolution des prix du colza et du tournesol français entre le 21 et le 24 novembre 2025, expliquée par La Dépêche-Le Petit…

manifestants tunisiens avec pancartes réclamant la fermeture des usines de phosphate à Gabès à Paris le 26 octobre 2025
Engrais : les manifestations contre les usines tunisiennes de Gabès n’auront pas d’impact sur le marché des phosphates

Depuis le 10 octobre dernier, la ville de Gabès en Tunisie est agitée par un vaste mouvement populaire réclamant la fermeture…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne