Aller au contenu principal

Energie et biomasse - L’élevage d’insectes pousse la porte des marchés

Bien qu’il valorise de son côté des sources qui trouvaient des usages en nutrition animale, le secteur des insectes pointe aussi la concurrence des utilisations de certains gisements de biomasse, notamment avec la production d’énergie.

De gauche à droite Anya Sitaram (animatrice), Christian Bärtsch (IPIFF), Koen Dillen (DGAgri).
© Yanne Boloh

Plus de 1,5 milliards d’euros d’investissements et la création de 3 500 emplois dont un millier d’emplois directs : les entreprises européennes du secteur des insectes destinés à l’alimentation humaine et la nutrition animale ont clairement passé un cap. Selon Christian Bärtsch,membre du comité exécutif de l’IPIFF (plateforme internationale des producteurs d’insectes pour le feed et le food) qui tenait son congrès annuel à Bruxelles le 15 novembre : « Les entreprises sont principalement de petite taille (45% ont moins de 10 salariés) ou de taille moyenne (36% ont entre 10 et 250 salariés) mais quelques sociétés emploient plus de 250 salariés (18%) »

Christian Bärtsch (IPIFF) s’attend à une croissance importante d’ici 2030 avec une production d'insectes de 870 000 t !

Les plus gros producteurs ont choisi de développer de grosses fermes verticales directement branchées sur les ressources dont elles ont besoin pour alimenter leurs insectes, comme Ynsect (Amiens-80) et encore plus Innovafeed (Nestle-80). Plusieurs investissements entrent en production comme celui d’Agronutris (Rethel-08) ou démarrent une extension comme Mutatec (Cavaillon-84) qui valorise les écarts de tris de fruits et légumes localement. Mais un modèle décentralisé s’installe comme celui d’Invers à Saint-Ignat (63). La reconversion ou la diversification des élevages de monogastriques pourraient s’accélérer pour démultiplier la production.

Christian Bärtsch s’attend à une croissance importante d’ici 2030 avec alors une production de 870 000 t de protéines d’insectes contre 21 619 t en 2022 et 122 830 t attendues cette année. La transformation des insectes produit des protéines et des lipides mais aussi du frass, ces effluents composés des déjections et du substrat d’élevage, qui composent un engrais organique encadré par le règlement UE 2021/1925 qui définit les conditions de production et de commercialisation et aligne le process de traitement thermique sur celui appliqué aux autres effluents animaux (au moins 70°C durant une heure). S’il entre dans la règlementation sur les fertilisants attendue fin 2024, début 2025, il portera une bonne partie de la croissance de la production d’insectes en sécurisant les débouchés. 

L’I’Ifipp travaille aussi sur l’évolution règlementaire en Bio et sur l’autorisation d’un plus grand nombre de substrats notamment les restes alimentaires comportant des produits animaux.

La tension sur la valorisation de la biomasse va en effet aller croissante explique Koen Dillen de la DG Agri qui veut que la hiérarchie des usages soit respectée, l’énergie venant normalement après les filières alimentaires pour les humains et les animaux alors que la méthanisation s’approprie des volumes de biomasse autrefois valorisés en nutrition animale. La concurrence peut survenir d’un autre secteur, notamment l’aéronautique qui veut utiliser de plus en plus d’huiles végétales dans ses carburants verts. Dans ce cas, les insectes en profitent car la raréfaction d’huiles bon marché augmente l’attrait du petfood non seulement pour les protéines mais aussi pour les lipides d’insectes.

Les plus lus

Champ de blé tendre.
Moisson 2025 : l'espoir renaît pour les cultures d'hiver malgré des contrastes régionaux

Des moissons d’orges qui démarrent, suivies dans une quinzaine de jours par la récolte des blés, des colzas prometteurs, mais…

Canal Seine-Nord Europe : les travaux vont entraîner la fermeture du canal du Nord pendant de nombreux mois

Outre le problème du financement et de la construction des plateformes multimodales, la construction du canal Seine-Nord…

pain avec logo filière CRC
Meunerie : Auchan se désengage de la filière CRC

Le groupe Auchan, qui utilisait de la farine CRC dans ses ateliers de boulangerie-viennoiserie-pâtisserie depuis 2018, a…

Une moissonneuse batteuse en action pour la moisson 2025 dans un champ de blé avec les drapeaux de l'Ukraine et de l'UE en arrière plan.
Droits de douanes sur le blé ukrainien : quel effet pour le blé français ?

Depuis le 6 juin 2025, l’Union européenne a rétabli des quotas et des droits de douane sur les importations de céréales…

À gauche, un agriculteur français observe des épis de blé dans un champ où flotte le drapeau tricolore ; à droite, un cargo est en cours de chargement de céréales au port.
Exportations céréalières : « L'origine française connaît un regain d’intérêt sur cette deuxième partie de campagne »

À l’issue de son conseil spécialisé du 18 juin, FranceAgriMer a fait le point sur la situation des marchés céréaliers, lors d’…

parcelle de blé dur dans les Bouches du Rhône
Moisson 2025 : un démarrage précoce et prometteur en Europe du Sud

Alors que la moisson a déjà débuté dans plusieurs pays au sud de l’Europe, les premières estimations tablent sur une…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne