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Contre le gel, la nébulisation fait ses preuves mais nécessite de la technicité

En 2021, la création d’un brouillard artificiel a porté ses fruits. Mais la prise en main des nébulisateurs n’est pas si aisée.

L'efficacité de la nébulisation est amoindrie par le vent. Au-delà de 6 km/h, le brouillard se dissipe et s'accumule dans les fonds de vallons. Il faut alors réduire la surface à protéger.
L'efficacité de la nébulisation est amoindrie par le vent. Au-delà de 6 km/h, le brouillard se dissipe et s'accumule dans les fonds de vallons. Il faut alors réduire la surface à protéger.
© Y. Simon

Avec un prix de vente jusqu’ici inférieur à 21 000 €, les nébulisateurs figurent parmi les équipements de lutte contre le gel bon marché. Mais former un brouillard cohérent n’est pas si facile que ça. « Il faut respecter un certain ratio d’air entre la botte de foin et la chaudière, ce qui nécessite pas mal d’ajustements », pointe Yann Simon, viticulteur au sein de la SCEA Simon Beaulieu, en Charentes.

La qualité de la fumée dépend du combustible organique choisi

Former un brouillard suffisamment épais pour protéger des premiers rayons du soleil est techniquement assez pointu.

Yann Simon a sorti son Dragon brouillard, commercialisé par la société Vert Protect, une première fois en mars, pour protéger un îlot de 4 hectares. « Je n’ai eu aucun dégât alors que le thermomètre enregistrait – 6 °C », relate le viticulteur. En avril, il a protégé 6 hectares alors que les températures ont chuté à -2,5 °C. Avec des rendements moyens à 110 hl/ha, le viticulteur se dit satisfait de son investissement. « J’ai remarqué que le foin déclassé, utilisé comme combustible, forme une fumée plus dense que le foin de qualité », témoigne-t-il. Il rapporte avoir utilisé six à huit bottes de foin par nuit. « À environ 3 euros la botte, c’est plus que raisonnable », estime Yann Simon.

Sur les conseils d’agriculteurs voisins, le viticulteur, qui est aussi céréalier, prévoit à l’avenir de semer du lin. « Il paraît que ça fait beaucoup de fumée lorsqu’on le brûle », indique-t-il. Marc Simon, dirigeant de la société Vert Protect, précise qu’un mélange de bois et de foin humide montre de très bons résultats. « On monte plus en température lorsqu’il y a du bois. Et ça permet de valoriser les déchets comme les bois de taille, les souches mortes ou les vieux piquets », rapporte le dirigeant.

Trois personnes nécessaires pour assurer le fonctionnement de l’engin

Le fait que les nébulisateurs soient techniquement difficiles à prendre en main est un sentiment partagé par Pierre Auché, chef de culture au Château Brane Cantenac, en Gironde. « Il y a des réglages à faire en cours de nuit, il faut être tout le temps derrière. Je pense qu’il faut beaucoup de pratique avant d’être à l’aise », note-t-il. L’engin nécessite par ailleurs a minima trois personnes. « Il faut un chauffeur, une personne pour le ravitaillement et une autre pour assurer la sécurité sur les axes de circulation où le brouillard est susceptible de s’installer », commente le chef de culture.

Pour autant, Pierre Auché estime que le Viti Protect K30, distribué par les sociétés Pulsfog et BVDIS, est efficace. Sur les 8 hectares qu’il a choisi de protéger, correspondant « non pas aux zones les plus gélives mais à nos parcelles les plus qualitatives », le chef de culture déclare n’avoir subi aucune perte de rendement. Le thermomètre est descendu à - 2,9 °C.

Une efficacité due à la composition du brouillard ?

Toujours en Gironde, Jérémie Duvigneau, viticulteur sur 50 hectares en coopérative, se montre lui aussi satisfait du Viti Protect K30. Il n’attribue toutefois pas sa satisfaction au brouillard. « J’ai formé un nuage sur 7,5 hectares de merlot. J’ai eu -7,2 °C pendant plusieurs nuits », se souvient-il. Au lendemain des nuits de gel, il était persuadé d’avoir tout perdu. « Un vent du Nord ou de l’Est selon les nuits, a gêné la formation du brouillard, qui s’est vite dissipé et accumulé dans les fonds de vallon », indique-t-il.

Pourtant, les rendements s’établissent à 70 hl/ha sur une partie de ses vignes, et à 48 hl/ha sur une parcelle « qui a toujours du mal ». « Je suis persuadé que les oligo-éléments contenus dans la solution utilisée pour alourdir le brouillard artificiel ont aidé les vignes à redémarrer. À l’avenir, j’envisage même de pulvériser cette solution sur les vignes que je ne pourrai pas protéger avec la machine les veilles de gel », projette le viticulteur.

En 2021, l’organisme de certification Apave a analysé le brouillard formé par la solution composée d’eau, de glycérine et d’oligoéléments produite par le Viti Protect K30. Bilan, il ne contient aucune molécule nocive pour la santé.

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