Comment limiter les températures élevées en bergerie en trois fiches techniques
Avec le changement climatique, la question du stress thermique des petits ruminants et omniprésente. Le projet Batcool apporte des éléments de réponses pour lutter contre les températures élevées en bâtiment.
Avec le changement climatique, la question du stress thermique des petits ruminants et omniprésente. Le projet Batcool apporte des éléments de réponses pour lutter contre les températures élevées en bâtiment.

Implantation, rayonnement et ventilation. En suivant les recommandations de bonnes pratiques autour de ce triptyque, le stress thermique des petits ruminants (ovin lait et viande, caprin) peut être limité en cas de fortes chaleurs extérieures.
Batcool, un programme piloté par la chambre d’agriculture d’Occitanie, la chambre d’agriculture d’Aveyron et l’Institut de l’élevage entre novembre 2021 et avril 2025, avait pour objectif d’identifier et d’expertiser différents moyens de lutte contre le stress thermique des petits ruminants en bâtiment. Trois fiches techniques récapitulent les moyens à mettre en œuvre pour cela, enrichies de témoignages d’éleveurs. Elles sont disponibles gratuitement en ligne sur occitanie.chambres-agriculture.fr.
Des indices permettent d’évaluer le niveau de stress des animaux par des mesures d’ambiance. Le THI (Temperature Humidity Index) prend en compte la température et l’humidité, c’est un bon indicateur d’alerte car il est facile à calculer. Le HLI (Heat Load Index) est plus complet car il prend en compte les quatre paramètres qui entrent en jeu dans la régulation du stress thermique des animaux que sont la température, l’humidité, la vitesse de l’air et les rayonnements, mais il demande un matériel spécifique (anémomètre et thermomètre à globe noir).
Optimiser l’implantation des bergeries pour faire face aux fortes chaleurs
Avant l’implantation d’un nouveau bâtiment d’élevage, il est recommandé de prendre en compte différents paramètres dans la mesure du possible et en fonction de l’espace disponible. Les vents dominants et fréquents vont par exemple être des moyens de ventilation naturelle qu’il est intéressant d’utiliser.
Cependant, l’exposition au soleil doit être bien étudiée, afin que l’impact de celui-ci sur le réchauffement des façades, donc la montée en température intérieure, et le rayonnement direct soient les plus limités.
La ventilation estivale des bergeries
La ventilation va permettre de renouveler l’air dans le bâtiment, tout en évacuant la chaleur, l’humidité et les différents gaz émis par les animaux (respiration et rumination). Si le bâtiment s’avère sous ventilé, l’humidité risque de s’accumuler et, combinée à la chaleur estivale, favorise le développement de micro-organismes indésirables. L’humidité impacte également directement le confort thermique des animaux.
Limiter l’impact des rayonnements dans les bergeries
On distingue les rayonnements directs (rayons du soleil qui pénètrent directement dans le bâtiment, créant des halos lumineux et des puits de chaleur en été) des rayonnements indirects (émissions de chaleur issues des matériaux frappés par les rayons du soleil).
Des idées sont proposées dans le projet Batcool pour limiter l’impact des rayonnements sur les bâtiments existants : supprimer, peindre en blanc ou laisser s’encrasser les translucides en toiture, installer des débords de toiture sur les façades les plus exposées, poser des bandeaux translucides en façade ou encore végétaliser les abords des bâtiments.
Les leviers de ventilation naturelle d’une bergerie
• Réaliser de larges ouvertures ventilantes, basses si possible, pour balayer au plus près
des animaux.
• Tenir compte de la course du soleil et des vents fréquents dans le choix des
ouvertures et de l’orientation.
• Privilégier les bâtiments de faible largeur
• Favoriser la porosité sur les 4 faces.
• Prendre en compte la topographie (fond de vallée, sommet de colline…).
• Éviter d’accoler des annexes (silos, stockage…) et des obstacles (haie) autour du
bâtiment.
Jérôme Pellegrin, 2 200 ovins allaitants, Gaec de La Grande Bastide, Alpes-de-Haute-Provence
« Gérer au mieux les courants d’air lors des agnelages »
« Lorsque je me suis installé en 1991, j’ai construit la première bergerie en bois avec un faîtage orienté Nord-Sud. J’avais déjà prévu que si j’agrandissais, je ferais une deuxième bergerie perpendiculaire à la première avec le faîtage orienté cette fois Est-Ouest. Cette bergerie a été réalisée en 1998.
Les mesures effectuées avec le programme Batcool m’ont permis de voir que les conditions n’étaient pas si divergentes entre les deux bergeries malgré la différence d’orientation et d’ouvertures en façades.
La première bergerie comporte une lame d’air comprise entre la couverture et une sous-face de toiture en bois. Pour la chaleur, sans ce dispositif, ce serait sûrement pire. Dans la deuxième bergerie, malgré les rideaux brise-vent sur toute une façade, je réfléchis à mieux ventiler, en remplaçant les bandeaux de translucides situés à l’opposé, qui ont aussi beaucoup vieilli, par des châssis que l’on pourra ouvrir et fermer selon la saison. Il faut surtout pouvoir gérer le courant d’air sur les bêtes lors des agnelages et de la tonte hivernale. Je souhaite vraiment continuer à ventiler mes bâtiments naturellement et ne pas avoir recours à une ventilation mécanique ».
Luc Mirman, 450 brebis laitières, Gaec Biofonts, Lozère
« Un rideau d’ombrage pour le confort des brebis »
« À la construction de la bergerie en 2015, même si on avait anticipé en mettant moins de surface de bandeau translucide sur le long pan Sud-Ouest, on a ajouté en 2021 un rideau d’ombrage. Depuis, on constate que les animaux utilisent beaucoup mieux les aires paillées coté Sud-ouest. Le résultat est favorable pour le confort des animaux et l’entretien des litières plus homogènes.
Le rideau est utilisé une bonne partie de l’année de mars à octobre et malgré la possibilité de régler son ouverture, le rideau est le plus souvent en position fermé. Les animaux apprécient de ne pas avoir le rayonnement du soleil même hors périodes de fortes chaleurs estivales ».