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Salers primeurs : une plus-value économique, écologique et génétique

Éleveur-sélectionneur à la génétique reconnue, le Gaec Duffayet à Saint-Cernin (15) a expérimenté un premier lot de TJB salers primeurs, pour valoriser le “talon d’Achille” de la race.

Un premier lot de salers conduit à l'écart pour la période de finition.
© Gaec Duffayet

Hormis quelques individus, les meilleurs, destinés à la reproduction, jusqu’en 2023, tous les broutards mâles(1) du Gaec Duffayet partaient à l’engraissement en France ou en Italie. “Cela faisait un moment qu’on réfléchissait à une valorisation supérieure pour nos broutards purs salers, le talon d’Achille de la race, on avait fait au départ pour la SVA Jean-Rozé, mais ça n’avait pas été concluant. Depuis, on repoussait la décision, faute de place, de stocks disponibles mais aussi pour les besoins de trésorerie de l’exploitation”, retrace Lionel Duffayet, qui élève avec Brigitte Troucellier, sa compagne, 120 mères salers sur le plateau de Saint-Cernin. 

Salers primeurs : une filière locale

Aux paroles, les deux associés décident de substituer les actes. Guidés par deux arguments principaux : économique, en valorisant leurs salers purs via une filière locale, “plutôt que de leur faire traverser une partie de l’Europe”, génétique également en pouvant comparer sur l’exploitation les performances à l’engraissement d’une partie des produits du cheptel mère. “Ça permet de voir ce qui répond le mieux”, avance l’éleveur dorien, engagé de longue date dans un travail de sélection.  

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Des veaux précoces

En septembre dernier, ce sont donc douze veaux sevrés que le Gaec a contractualisés avec le groupe Altitude pour sa filière salers primeurs sur la base d’un prix garanti indexé sur celui du broutard. Des animaux retenus en second choix, après le top des futurs reproducteurs, mais avant ceux laissés à une commercialisation en maigre
Les premiers, les plus précoces, ont été abattus en janvier à moins de 16 mois, tout en dépassant les 360 kg carcasse, les autres en février. L’ensemble affichant en moyenne 371 kg carc. (à 16 mois) et un classement R. Et un GMQ (gain moyen quotidien) de 1,2 kg/j qui aurait pu être encore bien meilleur si la période d’engraissement intensif n’avait pas été retardée d’un mois. “Après le sevrage, on les a encore conduits plus d’un mois comme ceux pour la reproduction”, explique Lionel Duffayet. D’ailleurs, sur les derniers mois de finition, le gain de poids a grimpé : entre 1,8 et 2,4 kg/j, pour une alimentation composée d’ensilage de maïs(1) à volonté, de 2,5 kg de correcteur azoté et de foin également à volonté pour la rumination, mais finalement un peu délaissé des veaux. 

Une marge perfectible

Ces derniers ont profité d’un environnement paisible, dans un 
bâtiment isolé. Un cadre propice et nécessaire pour une bonne 
finition. Une conduite “tranquille” aussi pour les éleveurs, avec une moyenne de 1 h 30 par semaine dédiée à cet atelier. À l’heure du premier bilan, la marge brute différentielle par rapport au prix d’un broutard s’élève à 480 €/TJB, ramenée à 205 € une fois retranché le coût alimentaire. Moins qu’espéré en septembre 2024 mais “on ne pouvait imaginer qu’en sept mois, les cours du broutard prendraient 1 €”, reconnaît Lionel Duffayet. 

L’évolution de la conjoncture tout autant que les stocks de l’année, la qualité des lots de broutards au sevrage et la part de ceux conservés pour la reproduction détermineront si le Gaec engage de nouveaux TJB. “Aujourd’hui, ce n’est pas un oui franc, mais pas un “non” non plus, ces différents paramètres feront pencher la balance sachant qu’aujourd’hui, je ne me sens pas de faire du TJB sans maïs”, confie l’éleveur, bien conscient que cette difficulté à se projeter n’aide pas à consolider des filières comme le salers primeur dont il reste néanmoins convaincu de la pertinence.

(1) 90 % des velles sont destinées à la reproduction, pour les besoins propres du Gaec ou ceux d’autres éleveurs. Parallèlement, chaque année, entre 5 et 12 vaches sont finies pour le Label rouge salers.
(2) 15 ha de maïs et autant de céréales sont cultivés par le Gaec pour l’autoconsommation, le reste des 185 ha de SAU (dont des estives) sont en prairies.

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