Diversification
L’agriculture du Cantal change de visage
Le Cantal n’est plus figé. La diversité des fermes et l’accompagnement professionnel renforcent l’avenir d’une agriculture où l’on ne met pas tous ses œufs dans le même panier.
Le Cantal n’est plus figé. La diversité des fermes et l’accompagnement professionnel renforcent l’avenir d’une agriculture où l’on ne met pas tous ses œufs dans le même panier.
L’agriculture cantalienne explore de nouvelles voies
Dans le Cantal, l’élevage bovin domine encore. Mais près de 800 fermes misent désormais sur d’autres activités agricoles ou agro-touristiques.
La diversification se traduit par environ 300 ateliers végétaux : châtaignes, lentilles, légumes, petits fruits, céréales, plantes aromatiques ou médicinales.
Lire aussi : Diversification, du sécadou à châtaignes, à la stratégie collective
Côté élevage, 400 ateliers non bovins (ovins, volailles, porcs, caprins, apiculture, escargots, etc.) se sont spécialisés sur les débouchés locaux et la vente directe.
Enfin, une centaine d’exploitations propose aujourd’hui hébergement, restauration ou visites pédagogiques, pour compléter leurs revenus.
La diversification, c’est avant tout une question d’équilibre entre ambition, faisabilité et ancrage local." Pascale Bel, conseillère à la Chambre d’agriculture du Cantal.
Un accompagnement de la Chambre d’agriculture
La Chambre d’agriculture du Cantal accompagne les porteurs de projets : formation, conseils économiques, mise en réseau et analyse des contraintes.
Principal conseil de Pascale Bel : bien préparer sa diversification, ajuster ses ambitions, évaluer le marché local.
C’est dans cette optique qu’a été lancée la série de journées de témoignages “Des idées plein la ferme”, organisées directement sur les exploitations qui ont franchi le pas de la diversification.
Exemple : la Ferme de Vabres à Lacapelle-Viescamp
Parmi les exploitations visitées, le Gaec de la Ferme de Vabres, à Lacapelle-Viescamp, a ouvert ses portes le mardi 4 novembre.
Installée en 2020 aux côtés d’Anthony Lafon, Caroline Roques a développé un atelier volaille qui a rapidement dépassé les objectifs initiaux.
Avec un investissement total de 170 000 € (dont 40 000 € de subventions), la ferme a créé un laboratoire de transformation de 100 m², un local de vente et un poulailler.
La production a connu un essor spectaculaire : de 30 à 120-150 abattages hebdomadaires.
Les poulets, achetés à environ trois semaines, sont conduits jusqu’à l’abattage, réalisé par les deux associés les mardis et jeudis matin, de l’électrocution à la mise sous vide.
Un travail qui mobilise chacun, en complément d’un cheptel de 80 vaches allaitantes, 120 à 130 brebis et quelques cochons.
“Dans une vraie ferme, il faut de tout”, estime Caroline Roques.
Une production locale et maîtrisée
La Ferme de Vabres privilégie la vente directe aux particuliers — poulets, pintades et canettes, vendus prêts à cuire à la ferme du jeudi au samedi matin — mais aussi la vente aux professionnels locaux :
Leclerc, l’Écho paysan, Gamm Vert, Fermiers du Cantal, ainsi que divers points de vente à Saint-Paul-des-Landes et La Roquebrou.
L’exploitation sera prochainement référencée au Drive fermier du Cantal.
Des projets inspirants
Parmi les visiteurs de cette journée figurait Pierre-Alexandre Chastaing, ancien infirmier, qui prévoit de s’installer en janvier 2026 à Saint-Simon avec un élevage de volailles de chair et de poules pondeuses.
Il vise 60 abattages par semaine et compte s’appuyer sur la vente directe sur les marchés de Massiac et Vic-sur-Cère, ainsi que sur des livraisons locales.
C’est toujours bien de connaître ce qui se fait ailleurs, pour la transformation, mais aussi pour la vente directe que j’envisage.” Pierre-Alexandre Chastaing, porteur de projet.
Caroline Roques insiste sur le peu de foncier nécessaire, tandis qu’Anthony Lafon met en avant l’intérêt de fixer soi-même ses prix, contrairement à des productions plus dépendantes du marché comme le lait ou les broutards.
Pierre-Alexandre Chastaing, lui, achètera la totalité de son alimentation animale, sans surface céréalière, et prévoit donc un prix de vente légèrement supérieur.
Diversification : un levier d’avenir
Pour Pascale Bel, la production de volailles n’est qu’un exemple parmi de nombreuses possibilités :
“À travers un suivi personnalisé, notre rôle est de voir ce que l’on peut faire pour qu’un projet soit économiquement viable, tout en conservant l’envie de se lancer.”