Vers Déter
Du bois, des copeaux, pas d’eau : Vers Déter, des toilettes écolos
Encore en phase de création, l’entreprise s’est lancée en juin avec succès dans la location de toilettes sèches avec l’ambition à terme de créer une filière locale de valorisation des déjections humaines.
Encore en phase de création, l’entreprise s’est lancée en juin avec succès dans la location de toilettes sèches avec l’ambition à terme de créer une filière locale de valorisation des déjections humaines.
Les toilettes sèches font leur retour dans le Cantal
L’histoire est un éternel recommencement, y compris dans le domaine des toilettes ! Déjà utilisées dans l’Antiquité, puis au Moyen Âge, sous Louis XIV et Napoléon, les toilettes sèches – sacrifiées depuis sur l’autel de la salubrité et d’une société hygiéniste – reviennent sur le devant de la scène, conjuguant des atouts à la fois écologiques et économiques.
Depuis quelques mois, celles louées par Vers Deter, une société en phase d’incubation, rendent une fière chandelle aux organisateurs de manifestations sportives, culturelles et autres festivals du Cantal et de la Corrèze voisine.
Une initiative – et une première dans le Cantal – que l’on doit à un trio, Élise Chatevaire, Élodie Hercouet et François Blanchard, trois (néo)Cantaliens venus d’horizons divers mais réunis par la même sensibilité aux questions écologiques – notamment à celle de la ressource en eau – et la même volonté de créer leur propre emploi autour d’un projet dans l’économie verte et circulaire.
Des WC autonomes en matériaux recyclés
Élodie connaissait déjà le principe des toilettes sèches et on était conscient que dans des départements ruraux comme le Cantal, accéder à des sanitaires à l’extérieur de bâtiments n’est pas si évident que ça”, retrace Élise Chatevaire.
La solution : installer des toilettes sèches, parfaitement autonomes, ne nécessitant ni raccordement au réseau d’eau ni électricité, avec comme seule contrainte un véhicule pour les amener sur site.
Ces WC, non contentes d’économiser neuf litres d’eau par passage et de ne pas encombrer les réseaux d’assainissement, sont en outre conçues par les trois associés avec des matériaux locaux, récupérés ou recyclés : leur armature est issue de bois de scieries cantaliennes, tout comme les copeaux de la litière du bac ; la toile des modèles plus légers provient de Métabik, une association clermontoise œuvrant pour le réemploi des matériaux de construction, dans le cas présent des stores.
À la clé : moins de ressources et d’énergie consommées, et de fait une faible empreinte carbone.
Lancée en juin, la gamme de 16 toilettes sèches en location a vite trouvé son public cet été : des organisateurs d’évènements locaux, de festivals comme celui du théâtre de rue d’Aurillac, ou encore de mariages, auxquels des modèles “premium” sont proposés.
On est très contents de notre première saison, sachant que c’est allé très vite, on n’a même pas eu le temps de communiquer que déjà, on était sollicités par des collectivités”, se réjouit la co-fondatrice de Vers Déter, dont l’ambition est d’aller jusqu’au bout du cycle en valorisant ces déchets organiques.
Rien ne se perd, tout se transforme
En effet, la litière et l’urine récupérées dans les bacs de ces toilettes sèches sont ensuite compostées un minimum de 18 mois afin d’être conformes aux normes requises pour une utilisation comme fertilisant dans les potagers.
Pour l’instant, on fait ça chez nous, sur nos propres terrains. Mais l’idée est de développer une filière locale” (palliative à l’importation d’engrais de synthèse), explique Élise.
Pour ceux qui s’interrogent sur l’innocuité de ce compost et sur la persistance éventuelle de résidus de médicaments et de germes pathogènes, elle précise que ce lent et long compostage a justement vocation à éliminer tout risque. “C’est un processus très encadré, sur des bases scientifiques, et on est suivi par le Réseau de l’assainissement écologique. On s’est tous les trois formés non seulement aux différentes techniques de toilettes sèches mais aussi comme guides-composteurs.”
Le trio de Vers Déter a initié des opérations de sensibilisation, notamment lors de la foire écobiologique d’Aurillac, avec un écho favorable du grand public : “Les gens déjà sensibilisés sont très contents que ça se développe dans le Cantal, ceux qui ont des petits a priori passent au-dessus, séduits par la simplicité d’utilisation”, constate Élise.
Location et vente
Au-delà de la location saisonnière, l’objectif est de développer une activité de vente, avec d’autres modèles adaptés à des lieux touristiques. Une commune de la Haute Corrèze a ainsi fait appel à Vers Déter pour construire, sur-mesure, une toilette sèche pérenne sur l’un de ses sites.
D’autres projets sont à l’étude pour le trio, accompagné par BGE Sud-Ouest, et qui espère faire éclore son entreprise début 2026.
Contact : contact@versdeter
QUESTIONS:RÉPONSES
- Quel coût ? Compter 100 €/j la location d’une toilette sèche. Davantage si Vers Déter se charge de changer les bacs au cours de la journée. - Et le papier ? Le papier toilette est composté avec les déjections. - Comment se laver les mains ? Possibilité de louer également des lave-mains autonomes avec pompe à pied, alimentés par des bidons d’eau fournis. - Et les odeurs ? Les toilettes sèches ne dégagent pas de mauvaises odeurs dès lors qu’à chaque passage, on recouvre bien les matières fécales d’une quantité suffisante de copeaux de bois.