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Bacchus enfin clément pour les vignes de Vieillevie

Sur les terrasses surplombant le Lot à Vieillevie, Isabelle et Serge Broha scrutent la météo, espérant des vendanges enfin abondantes.
 

Isabelle et Serge Broha devraient bientôt débuter les vendanges.
© Patricia Olivieri

En serpentant sur la RD341 qui descend vers le Lot et Vieillevie, l’ambiance et la végétation se font plus méridionales. Alors que plus haut, sur la Châtaigneraie, l’orage gronde et grêle, sur les terrasses  de la Vidalie, le soleil réchauffe la terre schisteuse contribuant à la fin de maturation du fer-servadou (ou mansois(1)) et du cabernet franc. En ce début septembre, les grappes sont magnifiques, bien remplies et colorées, promesse d’une récolte enfin généreuse pour Isabelle et Serge Broha qui devraient débuter les vendanges dans quelques jours. En commençant par le blanc, le chenin, plus précoce. 

Remplir les caves après les vendanges de 2024 

Cette dernière décennie, les deux viticulteurs ont composé avec les caprices du réchauffement climatique, entre gels printaniers tardifs et sécheresses estivales qui ont amputé de 20 à 30 % (voire 50 % en 2021) leurs cuvées. Mais le pire des millésimes a été 2024. “Dans la nuit du 19 avril, la température est descendue à - 2°C avec 90 % d’humidité, se souvient Serge. La végétation était super avancée, les pampres faisaient déjà 15 cm... le gel a tout brûlé.” Résultat : 95 % de la production anéantie, 4 hectolitres de vin blanc vendus, 6 hl de rouge vinifié “mais qui ne vaut rien, on l’a laissé en cave”. Du jamais vu pour le couple qui a relancé et étendu la production viticole familiale en 1999. Ce sont aujourd’hui 2 ha de vigne qu’ils cultivent sur les coteaux escarpés, exposés plein sud et surplombant le Lot.

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Météo 2024 enfin favorable pour la vigne

Cette saison, les Terrasses de la Vidalie ont donc composé avec les stocks des années antérieures, sérieusement entamés, comptant sur la prochaine récolte pour les reconstituer. “On a perçu une aide de la Région, mais maintenant, il nous faudrait une bonne année”, glisse Serge Broha qui scrute la météo. “Le démarrage n’a pas été trop précoce, le printemps a été assez clément(2) au niveau sanitaire et on a eu une belle sortie de grappes, retrace le vigneron. La canicule de juin n’a pas trop impacté la vigne, les grains n’étaient pas encore trop formés et il y avait encore de la réserve hydrique.” 

Le secteur a bénéficié de deux orages localisés et de précipitations tombées à point nommé (25 mm en juillet puis 36 mm le 13 août), sans grêle. Quant à la deuxième vague de canicule, le talc pulvérisé sur les grappes a visiblement bien fait écran aux morsures du soleil. Il manque encore quelques belles journées ensoleillées pour une pleine maturité des rouges mais aussi pour enrayer les points de pourriture apparus sur les grappes de chenin. 

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Le retour en grâce dans le palais des locaux

Les Broha espèrent ainsi renouer avec une cuvée “normale”, de l’ordre de 
70 hl. Leurs vins, sous l’appellation AOP Entraygues-Le Fel, l’une des plus confidentielle de France par sa taille (six producteurs et moins de 20 ha), sont commercialisés dans un rayon de 50 km autour des vignes : auprès de cavistes (Aurillac, Salers, Entraygues), de quelques magasins de producteurs, sur trois marchés l’été et un peu à la cave à la belle saison. “Les modes de commercialisation ont un peu changé, observe Serge Broha. Avant, on vendait plus aux touristes, aujourd’hui on vend davantage aux locaux, c’est une victoire même s’il y a encore du boulot...” Les vins d’Entraygues-Le Fel ayant en effet longtemps pâti d’une piètre réputation au palais des Cantaliens.

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1) Vieux cépage proche des formes sauvages de la vigne.
(2) Seuls cinq traitements ont été nécessaires cette année, un ratio bas pour le secteur de la vallée du Lot, très humide et donc exposé aux attaques de champignon.

Le marché du rosé perd des couleurs
Autre évolution : le tassement du marché du rosé, même en cet été 
caniculaire où sa fraîcheur n’a pas rempli les verres, détrôné par la bière. “Dans toutes les manifestations festives, c’est la bière qui a pris le pas, hormis dans quelques festivals où des appellations viticoles tiennent un stand”, note le viticulteur de Vieillevie. Le blanc semble lui reprendre des couleurs, prisé notamment à l’apéritif. Ces vins tranquilles, frais et légers, qui ne titrent pas plus de 12,5 degrés d’alcool, ne sont pas encore affectés par la hausse de leur teneur en alcool et sucre, contrairement à ceux du Midi.    
 

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