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Allo véto : un veau qui a une drôle de tête

Quelques heures après s’être blessé, ce veau ne saigne pas et parvient à manger. Mais au bout de quelques semaines, il dépérit. Verdict : il souffre d’une fracture mandibulaire en plus du scalp de la lèvre.

Le jour de l’accident : la lèvre pend et la salive s’écoule.
Le jour de l’accident : la lèvre pend et la salive s’écoule.
© DR

« Bonjour, j’ai un veau qui a une tête bizarre, la lèvre du bas pendouille. » Le motif de cet appel demande quelques précisions que l’éleveur me donne au téléphone. « Et la langue ? Elle pend aussi ? » - « Non, elle est bien dans la bouche » - « C’est plutôt bon signe ! Le veau bave beaucoup ? » - « Un peu, mais ce n’est pas une fontaine non plus. »

Il va quand même falloir l’attraper au cornadis pour pouvoir lui ouvrir la gueule. L’éleveur le fait, prend des photos et me rappelle. Le veau paraît comme coupé à la limite entre la gencive et la lèvre inférieure. Il arrive à boire, à manger et n’est pas abattu. Bien que la plaie soit assez récente (quelques heures), elle ne saigne pas. Il paraît très difficile de faire des points car dans cette zone, la chair est trop limitée pour servir d’accroche à une suture. Le bout de la mâchoire ne bouge pas et l’animal ne paraît pas trop souffrir. La décision est prise de surveiller le maintien de l’appétit et l’absence d’infection locale.

L’os qui s’échappe

Pas de nouvelles pendant les semaines qui suivent... bonne nouvelle ? Finalement non. Lors d’une visite de suivi repro, l’éleveuse me demande de le regarder car il dépérit. Effectivement, le veau a perdu de l’état, même s’il arrive encore à s’alimenter. Elle lui a ouvert la bouche il y a quelques jours et me dit avoir sorti un morceau bizarre de bois ou d’os.

À l’ouverture de la bouche, la lèvre inférieure ne tient plus à la gencive, mais ce n’est pas très grave. Les dents de l’extrémité de la mâchoire inférieure sont toutes là, mais toute l’extrémité paraît légèrement mobile par rapport à la mandibule. Et surtout il y a une plaie de chaque côté entre les incisives et les molaires. L’os est visible à cet endroit, et un morceau d’os mort, dévascularisé, est retiré sur un côté : l’éleveuse avait enlevé la même chose de l’autre côté.

Verdict : il y a une fracture mandibulaire en plus du scalp de la lèvre. Autant le scalp a peu de gravité pour la survie du veau, autant la fracture, ancienne maintenant, est rédhibitoire. Le veau sera euthanasié. Si la fracture avait été vue immédiatement, il aurait éventuellement été possible de réaliser un montage avec des fixateurs externes. Cette opération reste réservée aux veaux avec une forte valeur génétique.

Autres affections de la bouche

De multiples affections peuvent concerner la bouche, la langue et les mâchoires des bovins. Si ce cas reste relativement rare, il est nettement plus fréquent de rencontrer des langues de bois ou actinomycose, dues à la prolifération d’un champignon dans les tissus de la langue. Dans ce cas, la langue est épaissie, peu mobile, l’animal bave et l’évolution se fait sur plusieurs jours. Sur les jeunes veaux, les infections liées aux dents (les « chiques » : grosseurs dures, peu mobiles, adhérentes à la mâchoire), et les chancres (sorte d’aphtes très douloureux, qui font baver l’animal et le gênent beaucoup lorsqu’il mange) sont également communs.

Enfin, un certain nombre d’affections virales créent des ulcères sur les muqueuses orales et sur la langue : c’est le cas de la BVD, mais aussi de la fièvre aphteuse, terriblement contagieuse et normalement non présente en France, ou encore de la fièvre catarrhale ovine (FCO).

 

Les points à vérifier lors d’un problème de bouche

]]> Plaie, infection, ulcère dans la bouche

]]> Langue mobile, gonflée

]]> Dents en position normale, absence de décalage entre les dents

]]> Mouvements normaux de la mâchoire

]]> Écoulement de salive, odorant ou non

]]> Gonflement visible, douleur associée

À retenir

Il convient de toujours prêter attention lors de déformation ou d’écoulement de salive. Un examen approfondi permettra de déterminer la cause, le traitement (antibiotique, soins locaux…) et la gravité : un veau qui bave à cause d’une infection dentaire n’a pas la même importance qu’un veau qui bave à cause d’ulcères liés à la BVD.

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