Aller au contenu principal

Betterave porte-graine : « Des pertes de rendements de 40 à 50 % depuis l’arrêt des néonicotinoïdes »

Agriculteur à Nérac (Lot-et-Garonne), Yannick Pipino est confronté à la limitation de solutions insecticides sur betteraves porte-graine, avec comme résultat une augmentation des coûts de traitements et une chute des productions grainières.

Yannick Pipino, agriculteur à Nérac (Lot-et-Garonne)"Le coût des traitements insecticides sur betteraves porte-graine s'élève à 250 à 300 €/ha, contre 120 €/ha précédemment quand les néonicotinoïdes étaient disponibles."
Yannick Pipino, agriculteur à Nérac (Lot-et-Garonne)"Le coût des traitements insecticides sur betteraves porte-graine s'élève à 250 à 300 €/ha, contre 120 €/ha précédemment quand les néonicotinoïdes étaient disponibles."
© Y. Pipino

« L’interdiction des insecticides néonicotinoïdes (NNI) a eu de fortes répercussions, particulièrement en betteraves porte-graines. La dérogation pour la culture de betterave sucrière ne vaut pas pour la production de semences. En 2020 et 2021, nous avons connu les pires rendements depuis les années 60, avec une perte de 40 à 50 %. Quand les néonicotinoïdes étaient autorisées, nous pouvions les utiliser avec un coût des traitements s’élevant à 120 euros par hectare. Maintenant, sans les NNI, nous avons augmenté le nombre de traitements avec d’autres insecticides moins efficaces et le coût s’élève entre 250 et 300 euros par hectare. Les NNI permettaient de lutter efficacement contre les pucerons vecteurs de virus et contre le charançon Lixus, qui cause d’importants dégâts sous nos latitudes.

En conséquence, pour pouvoir produire suffisamment de semences, nous sommes obligés d’augmenter les surfaces de production en France et une partie se retrouve délocalisée dans d’autres pays. La betterave porte-graines était une référence en termes économiques dans notre secteur. Aujourd’hui, on se demande si ce n’est pas la culture qui va plomber l’exploitation.

Dans notre région, des productions ont complètement disparu, comme le radis ou le chou, à cause notamment de problèmes de ravageurs devenus ingérables, alors que le chou porte-graines était parmi les productions les plus rémunératrices.

Nous constatons une chute des surfaces de productions de semences potagères dans le Lot-et-Garonne. Elle est compensée par d’autres productions de semences comme le maïs, le tournesol ou le colza, mais pas avec le même rapport économique. Nous négocions avec les établissements semenciers pour prendre en compte ces augmentations de charges dans les rémunérations. Tous les établissements ne sont pas réceptifs à nos demandes. Le risque est que nombre d’agriculteurs se détournent de ces productions. »

125 hectares. 45 % de la sole en production de semences : tournesol, maïs, betterave, chicorée, oignon, colza, soja (bio). Reste : blé tendre, soja… Irrigation. 70 % du chiffre d’affaires en semences.

Les plus lus

Parcelles avec des infrastructures agroécologiques dans le lointain
Suppression des 4 % de jachère : quel impact sur ma télédéclaration PAC 2024 ?

Dès cette campagne 2024, il n’est plus nécessaire de mettre en place de la jachère, cultures fixatrices d’azote ou …

Installation de stockage de céréales de Jean-Christophe Dupuis, agriculteur à Mancey, en Saône-et-Loire
Stockage des céréales : « Mon installation simple me permet d’atteindre un coût de stockage de 8 €/t »
Jean-Christophe Dupuis est agriculteur à Mancay, en Saône-et-Loire. Depuis 2021, il stocke 1 200 tonnes de grains sur son…
Epandage d'engrais sur champ de blé
Engrais azotés : quelle stratégie d'achat adopter pour la prochaine campagne ?
La nouvelle campagne d’achats d’engrais azotés par les agriculteurs pour 2025 démarre à peine. C’est le moment de réfléchir à sa…
Parcelles agricoles au printemps, colza au premier plan, champ de blé et de colza au deuxième plan
PAC et DPB : les six points à retenir avant de faire un transfert

Le transfert des droits à paiement de base (DPB) est une démarche qu’il ne faut pas prendre à la légère puisqu’elle…

parcelles de blés au printemps
Blé tendre et orge d’hiver : quel impact du froid ces derniers jours ?
Le froid de ces derniers jours est arrivé sur des céréales à des stades sensibles localement. Le point sur le risque de dégâts…
Clément Savouré, agriculteur en Eure-et-Loir
Achat d’engrais : « Nous arbitrons entre l’ammonitrate et la solution liquide en fonction du prix de l’unité d’azote »

Clément Savouré, agriculteur à Le Gué-de-Longroi, en Eure-et-Loir, privilégie les achats d’engrais à la morte-saison pour…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures