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Arboriculture : quels sont les risques majeurs rencontrés par les producteurs ?

Les risques rencontrés par les arboriculteurs semblent s’amplifier et se diversifier. La FNPF travaille sur l’identification et la hiérarchisation de ces risques au niveau national, afin de s’en prémunir au maximum. Une cartographie des risques qui apporte une vision générale des vulnérabilités du secteur fruitier.

Gel de printemps, inondations, sécheresses… La multiplication des événements météorologiques extrêmes rappelle à la population que les agriculteurs sont en première ligne face au changement climatique. Mais celui-ci n’est qu’un risque parmi tant d’autres auxquels la profession est confrontée. La Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF) travaille depuis deux ans à identifier et évaluer les risques rencontrés par les arboriculteurs, afin de s’en prémunir. « Nous avions la sensation d’une intensification des difficultés des arboriculteurs au quotidien, a évoqué Stéphanie Prat, directrice de la FNPF, lors du congrès annuel de la Fédération en février 2022. C’est pourquoi nous avons lancé ce projet, en partenariat avec le cabinet de conseil en risque Marsh Advisory. L’objectif est d’apporter une vision globale des vulnérabilités du secteur et de sensibiliser les producteurs au renforcement de la gestion de leurs risques. » Une vingtaine d’ateliers ont été réalisés avec des producteurs et des experts nationaux, complétés par un sondage auprès des adhérents de la FNPF (voir encadré En pratique).

22 risques prioritaires ressortis

Ce travail de cartographie des risques est une pratique courante dans les entreprises de nombreux secteurs d’activité. Mais ce n’est pas le cas en agriculture. Pour la plupart de petite taille, les entreprises de production fruitière n’ont pas la capacité individuelle de réaliser ce travail, mais une étude au niveau national est possible. « Au total, 12 catégories de risques majeurs ont été identifiées au cours de l’étude, a indiqué Patrick Fesi, de Marsh Advisory, lors du congrès. Au sein de ces catégories, 22 risques prioritaires sont ressortis et ont été hiérarchisés. »

Pour l’ensemble des filières fruitières et des bassins de production, les trois premiers risques qui ressortent sont l’évolution de la réglementation sur les produits phytosanitaires, la présence de maladies et d’organismes nuisibles et la problématique de la transmission. On trouve ensuite le manque de main-d’œuvre, le changement climatique, les contraintes politico-économiques, la gestion de l’eau, le gel« Les résultats de cette étude vont dicter les priorités de travail de la FNPF, a assuré Stéphanie Prat. Il y a notamment une vraie problématique sur la transmission, liée à la pyramide des âges, qui est fortement ressortie. » Les risques liés à la disponibilité de la main-d’œuvre saisonnière et permanente, peuvent témoigner d’un manque d’attractivité de l’arboriculture par rapport à d’autres filières agricoles, en raison d’une visibilité insuffisante.

Des disparités selon les productions et les régions

La cartographie des risques est une photographie à un instant T des inquiétudes prioritaires des producteurs de fruits. Mais ce classement peut être très différent en fonction des filières, ou même des régions de production. Ainsi, le risque médiatique ressort beaucoup plus en production de fruits à pépins que pour les autres filières fruitières. Dans cette filière, c’est la réglementation phytosanitaire qui est le risque numéro 1, suivi par le manque de main-d’œuvre et donc le risque de crise médiatique. En fruits en noyau, la réglementation phytosanitaire est aussi en première position, mais le reste du podium n’est pas le même : le changement climatique et la concurrence sont aux 2e et 3e places. Enfin, les risques prioritaires de la filière kiwi sont plutôt de nature « opérationnelle ». On trouve les risques d’inondation et de grêle aux deux premières places, et l’insuffisance de main-d’œuvre en troisième place.

Les ateliers par bassins de production ont mis en évidence des disparités régionales dans la hiérarchisation des risques. « En Auvergne-Rhône-Alpes, la gestion de l’eau est le risque prioritaire, suivie par l’évolution de la réglementation phytosanitaire et par le manque de main-d’œuvre », a présenté Stéphanie Prat. En Occitanie, la transition technologique ressort en premier, puis la réglementation phytosanitaire et la présence de maladies et organismes nuisibles. Pour le bassin Pays de la Loire, le trio prioritaire est constitué de la transmission de l’exploitation, de la crise médiatique et de l’insuffisance de main-d’œuvre.

60 % de risques majeurs assurables

Les risques liés au marché et aux prix ont été classés assez bas dans l’étude. « Il y a dix ans, ce risque des prix serait apparu plus haut, a considéré Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et abricots de France, lors du congrès de la FNPF. Des efforts sont faits pour mettre en avant le produit français, les prix sont un peu plus élevés ces dernières années. Mais ce problème de prix peut revenir très rapidement. »

Sur les 22 risques majeurs identifiés à l’échelle de l’ensemble des filières et bassins de production, plus de 60 % sont assurables ou partiellement assurables sur le marché de l’assurance. « Pour les risques non assurables, des moyens et pistes de solutions ont été recensés afin d’initier une véritable démarche d’anticipation et de gestion des risques », a présenté Stéphanie Prat. Bruno Darnaud a estimé que le faible nombre d’entreprises assurées était en partie dû à la moyenne olympique, le référentiel historique utilisé pour les assurances (moyenne de la production des cinq dernières années, en excluant la valeur la plus forte et la plus faible). Le responsable professionnel a appelé à ne plus utiliser ce référentiel pour augmenter la part d’entreprises assurées. « La moyenne olympique est valable quand le climat est stable, ce qui n’est plus le cas », a abondé Serge Zaka, agroclimatologue. Selon Bruno Darnaud, une deuxième explication à cette situation est le fait que les investissements dans les équipements de protection du verger ne sont pas pris en compte par les assurances.

Lors du congrès, Ludovic Guinard (directeur du CTIFL) et Luc Barbier (secrétaire général de la FNPF) ont mis en garde contre les « signaux faibles » qui pourraient apparaître dans l’étude. En effet, des risques classés bas aujourd’hui, comme le risque numérique (cyberattaques), pourraient devenir plus importants à l’avenir.

En pratique

Vingt ateliers d’identification des risques ont eu lieu entre octobre et décembre 2021, mobilisant plus de 100 experts nationaux et producteurs sur 6 filières fruitières et 3 bassins de production et 5 thématiques, qui ont permis d’identifier les principaux risques.

Un sondage en ligne auprès de l’ensemble des adhérents de la FNPF a été réalisé en décembre 2021 pour évaluer les risques majeurs et compléter les informations obtenues pendant les ateliers.

Une analyse de l’assurabilité des risques a ensuite été réalisée par les conseillers spécialisés de la FNPF, livrée sous la forme de fiches synthétiques de garanties par risque assurable.

12 catégories de risques pris en compte

L’ensemble des risques majeurs recensés au cours de l’étude de la FNPF et Marsh Advisory ont été classés au sein de douze catégories, présentées ici selon leur ordre d’importance.

1. Réglementation/juridique (évolution de la réglementation, confidentialité des données, nuisance sonore, réglementation phyto…)

2. Risque sanitaire (bioagresseurs, risques environnementaux…)

3. Risque humain (risques psychosociaux, accidents, maladies, manque de main-d’œuvre, perte du savoir, transmission, formation, équilibre avec la vie personnelle…)

4. Evénements météo extrêmes

5. Risque stratégique (évolution des besoins des consommateurs et du marché, surproduction, perte de partenariats, contrainte politico-économique…)

6. Risque opérationnel (incendie, fraudes, défaillance du fournisseur, vol/dégradation des récoltes…)

7. Ressources naturelles (gestion de l’eau, déficit en matières premières)

8. Risques liés à la réputation (crise médiatique, perte de confiance des consommateurs, empreinte environnementale…)

9. Risque financier (fluctuation des prix du marché, risque d’investissement, ou de crédit, trésorerie, fermeture d’un marché)

10. Risque technologique/numérique (cyberattaques, accident industriel, transition technologique…)

11. Risques liés au consommateur (santé, perte de confiance, perception de cherté)

12. Risques liés au produit (conformité, intégrité, qualité, rappel de produit)

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