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Tests positifs pour de futurs nouveaux cépages bordelais

Le château La Tour Carnet, à Saint-Laurent-du-Médoc, s’est lancé il y a six ans dans l’essai de 44 cépages en vue de s’adapter au changement climatique. Certains montrent déjà un potentiel d’adaptation aux nouvelles conditions locales.

Arnaud Delaherche, responsable R&D des vignobles Magrez, est en charge de la collection de cépages de La Tour Carnet. Il espère identifier les mieux adaptés au climat de demain. © X. Delbecque
Arnaud Delaherche, responsable R&D des vignobles Magrez, est en charge de la collection de cépages de La Tour Carnet. Il espère identifier les mieux adaptés au climat de demain.
© X. Delbecque

Il y a six ans, nous étions en reportage au château La Tour Carnet, en Gironde, pour présenter la toute jeune plantation expérimentale de 44 cépages oubliés ou exogènes. Cette initiative, impulsée par le propriétaire Bernard Magrez, s’inscrit pleinement dans une réflexion face au changement climatique. « L’idée étant de pouvoir évaluer quels sont les cépages qui s’adaptent bien à notre terroir de grand cru bordelais et à ce nouveau climat, avant que nos cépages historiques ne soient plus adaptés », résume Arnaud Delaherche, responsable recherche et développement des vignobles Magrez. Nous sommes retournés voir cette collection de cépages, maintenant en production, pour savoir comment elle se comporte.

Le mourvèdre est tardif à tous les stades

Chaque année, un stagiaire du domaine est en charge d’observer les différents cépages à des fins d’analyse. Tout au long de la saison il note les paramètres agronomiques, en particulier la phénologie et la sensibilité aux maladies cryptogamiques. « Nous observons de gros écarts », relève le responsable R & D. Le tannat par exemple peut avoir 25 jours de retard à véraison par rapport au merlot. Entre la nouaison et la fermeture de grappe, les vitesses sont très hétérogènes et ne laissent pas entrevoir de réelle différence avec le témoin, mis à part le mourvèdre, invariablement plus tardif. « Le comportement des cépages n’est pas linéaire, explique Arnaud Delaherche. La majorité arrive à fermeture de grappe avant le merlot, mais se révèle paradoxalement plus tardive à la véraison. De plus, il y a aussi un effet du millésime. » Ainsi la syrah a montré l’an dernier 4 jours de retard par rapport au merlot, le touriga national 17 jours et le nielluccio 22 jours. Pour ce qui est de la maturité, le merlot a été vendangé en 2019 le 3 octobre alors que syrah et touriga national sont entrés en cave le 8 octobre, et le nielluccio le 10 octobre. « Cela étant dit, nous devons affiner les itinéraires. Car tous les cépages ne sont pas autant productifs : une même année certains vont donner 50 hl/ha alors que d’autres seront à 120 hl/ha. La maturation est alors différente », concède Arnaud Delaherche.

Du côté des maladies, le grenache et le marselan montrent une grande sensibilité au mildiou, bien plus que le merlot. Opter pour ces cépages à l’avenir impliquerait donc d’accentuer la protection phytosanitaire. Syrah, nielluccio et touriga se montrent également un peu plus sensibles que le merlot, à un niveau toutefois acceptable. Les cépages originaires de la façade ouest comme la négrette, le chenin ou encore le grolleau affichent quant à eux moins de mildiou.

Trois cépages sortent du lot et présentent un intérêt gustatif

L’an dernier, le château a investi 200 000 euros dans une microcuverie. Un chai de vinification à part entière de 40 cuves de 400 litres chacune, équipées de drapeaux et d’une gestion automatique des températures. Une trentaine d’autres viendront bientôt les compléter. « Les itinéraires que l’on mène sur ces cuvées sont les mêmes que sur les cuvées grand cru du château, la seule variable qui change c’est le cépage », indique Arnaud Delaherche. Le tout est mis en bouteille, gardé et dégusté régulièrement. Selon le responsable R & D, le nielluccio, le touriga national et la syrah semblent être des candidats relativement adaptés et présentent un intérêt particulier au niveau gustatif. « Il faut toutefois faire attention, ces observations sont à prendre avec des pincettes car ce sont des résultats préliminaires, dit-il. Pour pouvoir faire des généralités, nous devons poursuivre les suivis et les essais de microvinification. »

Depuis 2013, une trentaine de nouveaux cépages sont venus grossir les rangs de la collection. Les derniers en date, plantés l’an dernier, sont floréal, voltis, artaban et vidoc, les variétés résistantes Inrae récemment autorisées.

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