Surgreffer la vigne, un chantier qui s’anticipe
Le surgreffage est un geste technique qui demande dans la majorité des cas l’intervention d’une entreprise extérieure. Voici quelques informations sur la démarche.
Le surgreffage est un geste technique qui demande dans la majorité des cas l’intervention d’une entreprise extérieure. Voici quelques informations sur la démarche.
Les raisons de surgreffer ne manquent pas. Que ce soit pour rééquilibrer son encépagement après un achat de vignes, s’adapter au changement du climat ou encore implanter des variétés résistantes, les motivations de ceux qui franchissent le pas sont diverses. « J’ai également des vignerons sur de grands terroirs qui sont déçus par un clone, mais dont les vignes sont en plein dans l’âge qualitatif et ne souhaitent donc pas arracher », remarque François Chaudière, gérant de la société de surgreffage L’Epibiote dans l’Hérault, et qui surgreffe en travaillant seul près de 17 000 souches par an. Marc Birebent, gérant de la société Worldwide Vineyards, dans le Var, réalise avec ses équipes près de 600 000 greffes par an dans le monde entier. Plus de 70 % de ses interventions sont d’ailleurs faites à l’étranger. Il observe que les grandes maisons sont plutôt sur des logiques de cépages internationaux pour coller aux marchés, alors que les petits vignerons travaillent davantage sur la valorisation à l’aide de cépages oubliés ou délaissés. Attention toutefois si vous souhaitez vous lancer, un chantier de surgreffage ne s’improvise pas. Lorsqu’on est décidé mieux vaut s’y prendre à l’avance, d’autant plus que peu de greffeurs maîtrisent la technique. « L’idéal c’est de nous contacter quasiment un an avant », indique Marc Birebent. Car il y a des démarches à entreprendre, autant administratives que techniques. Pour ce qui est des formalités, la déclaration d’intention de travaux à envoyer aux douanes a disparu en 2019, seule la déclaration de fin de travaux doit être réalisée, en ligne sur la plateforme Parcel, au plus tard un mois après l’opération. Dans le cas d’une zone d’appellation, il faudra également l’autorisation de l’Inao.
Le prestataire se rend généralement trois fois sur la parcelle
En ce qui concerne la technique, le greffeur va venir visiter les parcelles, pour voir si l’opération est réalisable et pertinente. « Au-delà de l’aspect sanitaire, on regarde aussi la morphologie des souches, explique Marc Birebent. Les vignes basses par exemple font beaucoup plus de nœuds, le tronc ne s’y prête pas toujours ». « Je profite de la visite pour bien expliquer aux vignerons comment ça va se passer et quel sera le travail », ajoute François Chaudière. Avec l’opération et la visite de suivi, cela fait en général trois déplacements pour les prestataires. François Chaudière propose de son côté un prix au forfait par cep, compris entre 2,50 et 3 € selon la quantité et l’éloignement, et ne se déplace qu’à partir de 1 000 souches. Ce forfait ne comprend pas toutefois la reprise des greffes qui ont échoué. « Certains vignerons sont négligents et ont davantage d’échecs, justifie le greffeur, ce ne serait pas juste vis-à-vis de celui qui a fait l’effort de favoriser la reprise. » Marc Birebent quant à lui s’engage par contrat à un taux de réussite supérieur à 90 %. « Et on ne facture que le taux réel de reprise, dit-il. Généralement, on repasse l’année suivante pour faire le solde. » Il faut compter chez lui entre 1,70 et 2,70 €/cep selon la quantité demandée. Et l’entreprise se déplace sans minimum de surface, dans la limite du raisonnable et au cas par cas.
voir plus loin
Le surgreffage sur vignes âgées
François Chaudière a réalisé entre 2008 et 2012 des essais sur le surgreffage en chip-budding sur vignes âgées. Pour lui, greffer une vigne de 40 ans est plus difficile que pour une vigne de 25 ans, mais ce n’est pas impossible. Dans le Médoc, il a même réussi à obtenir un taux de réussite avoisinant les 75 % sur des vignes sexagénaires. Il faut toutefois apporter pour cela une attention toute particulière à plusieurs facteurs, dont la date d’intervention, le régime hydrique (des arrosages hebdomadaires de 80 m3/ha sont nécessaires jusqu’à fin juillet en l’absence de pluie), la qualité physiologique des greffons et la précision du greffeur.