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Six exosquelettes à l’essai dans les vignes

Pour nous, le Vitilab a fait tester six exosquelettes du marché à des viticulteurs et salariés bourguignons. Le verdict est clair : aucun ne sort du lot. Il est indispensable d’en essayer plusieurs avant de faire son choix.

<em class="placeholder">Opérateur dans les vignes réglant la tension d&#039;un exosquelette Bisko</em>
Le réglage des exosquelettes demeure assez simple. Après avoir serré toutes les sangles au plus près du corps, l'opérateur ajuste la tension d'assistance.
© Exofair

Le Vitilab de Bourgogne a fait tester différents exosquelettes du marché auprès de viticulteurs et salariés viticoles du Mâconnais et du Châlonnais, pendant trois semaines d’hiver. « Il n’y a pas eu un exosquelette qui a fait l’unanimité, dans un sens comme dans l’autre. Et il n’y a pas un matériel qui sort du lot », résume Hugo Adellon, ingénieur au Vitilab.

Les testeurs présentaient des profils et âges différents, certains souffrant de problèmes de dos, d’autres non. Tous se sont portés volontaires pour essayer ces appareils visant à assister ou soulager l’opérateur dans ses manipulations les plus pénibles, tout du moins atténuer les douleurs.

Des biais de perception qui compliquent les évaluations

Les essais se sont accompagnés de fiches de questionnaires, avant, pendant et après le test de chaque matériel. « Au bout du compte, il est très délicat d’émettre des critères positifs et négatifs, reconnaît Hugo Adellon. Il y a des biais de perception de la part des essayeurs. Par exemple, certains ont commencé par l’Exoviti, un appareil plus gros et massif que d’autres. L’aspect robuste a pu faire passer d’autres équipements essayés par la suite comme trop légers, pas assez efficaces. » D’autres au contraire ont jugé ce même appareil comme trop bridant dans les mouvements, avant même de le porter.

 

 
<em class="placeholder">Opérateur dans les vignes équipé d&#039;un exosquelette Skor</em>
Les exosquelettes incitent les utilisateurs à adopter une meilleure posture et les assistent quand ils se relèvent. © Skor

Le succès ou l’échec d’un essai d’exosquelette est une question de ressenti propre à chacun. Pour un même matériel, la perception peut être très variable. « Certains vont l’enlever dès les premières minutes, observe Hugo Adellon. D’autres se rendront compte qu’il ne leur convient pas au bout d’une journée ou d’une semaine. » L’ingénieur du Vitilab conseille de ne pas trop insister dès lors que l’on sent une gêne. Plusieurs fabricants préconisent de ne porter l’exosquelette qu’une à deux heures les premiers jours, puis d’augmenter progressivement la durée. « C’est comme les chaussures de sécurité. Il faut les faire les premiers jours. On ne va pas les porter tout le temps au début », cite pour exemple Julien Bonansea, de la société ErgoSanté. D’ailleurs, bon nombre d’utilisateurs d’exosquelette ne le portent pas toute la journée, mais seulement l’après-midi, quand, avec la fatigue, on tend à moins plier les genoux et davantage courber le dos.

Car, avant d’apporter une assistance quand on redresse son dos, les exosquelettes ont en première fonction d’obliger leurs utilisateurs à adopter une bonne posture en pliant plus les jambes et moins le bas du dos, une habitude que l’on tend à perdre au cours de la journée. L’autre fonction principale est d’utiliser les éléments élastiques ou les ressorts pour se redresser plus facilement, en sollicitant moins les muscles lombaires.

Un accompagnement médical pour les pathologies sévères

Selon les individus, la perception des gênes est à mettre en perspective avec les bénéfices générés. Supporter des frottements est pour certains tolérable, s’ils ne ressentent plus de douleurs lombaires. Pour les pathologies lourdes, Hugo Adellon insiste tout de même sur un accompagnement médical. « N’hésitez pas à expliquer à votre spécialiste qui vous suit le fonctionnement de l’exosquelette que vous voudriez essayer, en vous assurant auprès de lui que l’appareil n’aura pas d’effets délétères, explique-t-il. En revanche, si vous n’avez pas de problème de dos, il n’y aura pas de contre-indication. Même mal réglé, il ne fera pas de mal. »

L’ingénieur du Vitilab met cependant en garde contre les mauvais usages. « Ce n’est pas parce que vous avez une assistance à la levée du dos qu’il faut jouer à porter des charges plus lourdes », prévient-il.

Trouver le bon exosquelette

 

 
<em class="placeholder">Tracteur enjambeur Bobard travaillant le sol dans les vignes</em>
La taille n'est pas le seul travail pour lequel un exosquelette est envisagé. Conduire pendant de longues heures un tracteur enjambeur penché vers l'avant à surveiller les outils de travail du sol sollicite fortement les lombaires, d'autant que les muscles du dos travaillent peu (position assise). © L. Vimond

Parce qu’elle dure de longs mois, la taille est le premier poste pour lequel on envisage l’achat d’un exosquelette. Mais ce n’est pas la seule tâche pour laquelle un exosquelette peut être utile. Ce dernier trouve son intérêt également à l’attachage des baguettes, opération au cours de laquelle on parcourt plusieurs mètres courbé sans se redresser et où l’assistance de l’exosquelette s’avère bienvenue. Mais aussi, l’ébourgeonnage, les longues journées de tracteur à scruter le sol en permanence, en restant immobile sur son siège, les travaux de chai, les manipulations logistiques de l’embouteillage à l’expédition des cartons, etc. Il convient donc de cibler les usages principaux pour lesquels on aura besoin de cet équipement, ainsi que la période à laquelle on va l’utiliser. « Certains appareils un peu plus imposants sont difficilement compatibles avec le port d’une veste chaude et/ou d’une batterie dorsale de sécateur électrique », cite pour exemple Hugo Adellon.

Une fois le contexte défini, l’essai en conditions reste primordial avant d’investir. Avec des tarifs pouvant atteindre 7 500 euros, les viticulteurs n’ont pas intérêt à se tromper dans leur investissement. La majorité des appareils restent dans une fourchette de prix autour de 1 000 à 2 000 euros, un investissement que sont prêts à franchir bon nombre de viticulteurs et de salariés qui souffrent du dos. Sauf si la personne bénéficie d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), il reste encore difficile aujourd’hui d’obtenir des aides, des subventions à l’achat d’exosquelette, notamment auprès des MSA. Ces technologies restent encore très récentes et, par conséquent, rares sont les études sur le long terme qui valideraient le financement partiel ou total de ces équipements par les organismes de santé. Il ne faut cependant pas hésiter à contacter les caisses locales de MSA, les régions, les départements ou les mutuelles, qui peuvent à l’occasion participer.

Bien régler son exosquelette

Les exosquelettes sont des appareils qui restent assez simples. Ils comportent des réglages avec des sangles au niveau des cuisses (ou des genoux), de la ceinture et de la poitrine. Ils doivent épouser le corps (sans être trop serrés), comme un sac à dos. Pour Hugo Adellon, « des mauvais réglages peuvent desservir un essai en rendant l’exosquelette inconfortable ou inopérant. »

 
<em class="placeholder">Étalage de concession viticole intégrant un exosquelette</em>
Pouvoir acheter un exosquelette en concession viticole permet d'avoir à proximité des vendeurs formés pour les réglages. © L. Vimond

Rares sont les appareils, à l’image des Exoviti et Symbo de RB3D, qui sont commercialisés par des concessions viticoles, avec des magasiniers et des commerciaux formés pour les réglages. Bon nombre de fabricants proposent des vidéos tutorielles pour guider l’utilisateur dans les réglages. Olivier Baudet, de RB3D incite les utilisateurs à se faire confiance et à tester différents réglages : « on n’a pas tous les mêmes besoins ni les mêmes ressentis, rappelle-t-il. Certaines personnes aiment un serrage des lacets de chaussure très fort, quand d’autres veulent quelque chose de plus lâche ».

Pour les appareils dotés d’un système de tension réglable, les fabricants préconisent d’éviter une assistance trop forte. Il vaut mieux commencer par un réglage léger, puis augmenter progressivement jusqu’à atteindre un bon compromis. Certains utilisateurs expérimentés n’hésitent pas non plus à augmenter l’assistance du système tenseur au cours de la journée, en fonction de la fatigue.

Des idées reçues sur les matériels

Les exosquelettes ne sont pas encore démocratisés dans le monde viticole. Si les viticulteurs connaissent ces appareils, c’est bien souvent parce qu’ils ont eu l’occasion d’en voir sur des salons, les considérant parfois avec un certain détachement. « Bien souvent, les viticulteurs commencent à s’y intéresser au bout de deux à trois semaines de taille, lorsqu’ils commencent à souffrir du dos », note Hugo Adellon. Et même dans ce contexte, il reste une certaine réticence à l’utilisation de ces équipements. « Premier frein, le qu’en-dira-t-on, explique Hugo Adellon. Être aperçu ainsi équipé peut être assimilé comme une faiblesse. »

L’encombrement de certains modèles peut laisser craindre une perte de souplesse et de mobilité, ce qui est partiellement vrai : il faut en effet abandonner avec certains appareils l’idée de tailler deux rangs en même temps.

Enfin, dernière crainte, l’idée de démuscler le dos, comme peut le faire la ceinture lombaire. Les fabricants se veulent rassurants en insistant sur le fait que le dos reste très mobile.

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