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Réduire le feuillage de la vigne pour s’adapter au climat

Initiée pour retarder la maturité, une expérimentation alsacienne montre également l’intérêt de réduire la surface foliaire pour gérer le stress hydrique.

Compte tenu de l’impact du réchauffement climatique sur l’avancement des stades phénologiques, la chambre d’agriculture d’Alsace a mis en place en 2017 une expérimentation sur la hauteur des haies foliaires, afin de retarder la maturité des raisins. Quatre modalités ont été testées : le rognage classique, le non-rognage avec tressage des extrémités sur le dernier fil, le rognage bas et l’effeuillage haut (effeuillage entre la zone de grappe et la partie supérieure), pour des hauteurs de feuillage d’environ 140, 135, 90 et 140 centimètres, respectivement.

Une semaine de décalage de maturité au maximum

« Les premières mesures de l’expérimentation ont concerné la surface foliaire exposée (SFE), et sans surprise, la modalité rognage bas présente une SFE de 0,62 m2/pied contre 1,42 pour le rognage classique et 1,37 pour le tressage », observe Jérôme Attard, de la chambre d’agriculture d’Alsace. "Concernant les dates de véraison, les modalités les plus précoces sont le rognage classique et le tressage, alors que le rognage bas les décale de 3 à 4 jours", souligne le conseiller. La maturité est au final retardée d’à peine une semaine, « ce qui est un peu juste par rapport à notre objectif de récolter dans des périodes plus fraîches, afin de bénéficier au maximum de l’expression d’arômes de fruits exotiques d’un cépage comme le gewurztraminer, par exemple », précise le conseiller. À noter que les contrôles de maturité sur les deux essais ont montré des degrés très proches à la récolte sur les différentes modalités (13,7 à 14 sur l’un et 12,6 à 13 sur l’autre).

Le rognage bas résiste mieux au stress hydrique

Si l’objectif de retarder la maturité a été partiellement atteint, en revanche, les essais ont permis de mettre en avant l’intérêt de diminuer le volume de feuillage pour mieux gérer le stress hydrique. En effet, la mesure des potentiels de tige montre l’intérêt des modalités tressage et rognage bas, avec des valeurs de - 6,5 bars, ce qui situe ces deux modalités dans une zone de contrainte hydrique plus faible que le rognage classique, à - 7,25 bars. « La différence se fait ensuite à la dégustation, indique Jérôme Attard, avec une note de 13,67 sur 20 pour la modalité rognage bas, par rapport à 11,04 pour le tressage et 11 pour le rognage classique ». Les essais ont été reconduits en 2017 sur deux sites, avec une tendance équivalente sur l’un d’entre eux et peu de différence sur l’autre, qui était pourtant sur un sol plus léger. « Un résultat surprenant, remarque Jérôme Attard, qui nécessite de poursuivre l’expérimentation ».

Il semblerait malgré tout que la réduction de la hauteur de feuillage soit une piste intéressante pour limiter le stress hydrique et une voie d’adaptation au réchauffement climatique. L’essai conduit en Alsace a été réalisé sur pinot gris. Il devrait être poursuivi, en partenariat avec l’interprofession alsacienne, sur d’autres cépages comme le riesling, très sensible au manque d’eau.

repères

Qu’est ce que le potentiel de tige ?

Le potentiel de tige fournit une information fiable sur l’état hydrique du végétal. Il se mesure en journée, alors que la photosynthèse est active et la demande climatique importante. On prend un échantillon de feuilles préalablement ensachées sur pied et laissées en l’état le temps nécessaire pour que, transpiration arrêtée, le potentiel hydrique de la feuille s’équilibre avec le potentiel hydrique du rameau, représentatif du statut hydrique de la plante entière. Le potentiel de tige est mesuré dans une chambre à pression et s’exprime en bars. En dessous de - 6 bars, la contrainte hydrique est absente et au-delà de - 14 bars, elle est sévère.

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