Prix des vignes 2024 : la baisse se généralise
Le mouvement de baisse des prix moyens à l’hectare entamé en 2022 se poursuit en 2023, selon le bilan Prix des Terres 2024 de la Fédération nationale des Safer. Sauf exceptions, le coup de frein s’étend à de nouvelles appellations.
Le mouvement de baisse des prix moyens à l’hectare entamé en 2022 se poursuit en 2023, selon le bilan Prix des Terres 2024 de la Fédération nationale des Safer. Sauf exceptions, le coup de frein s’étend à de nouvelles appellations.

Pour 2024, le bilan Le prix des terres 2024 de la Fédération nationale des Safer (FnSafer) fait état d’un prix moyen des vignes AOP hors champagne de 93 800 euros, en baisse de 3,9 % par rapport à 2023. La tendance baissière amorcée en 2022 se poursuit. Le mouvement concerne également les vignes pour eaux-de-vie AOP (cognac, armagnac), d’une valeur moyenne de 51 100 euros/ha, en recul de 9,8 %, et celles hors AOP (IGP, VSIG), d’une valorisation moyenne de 13 800 euros/ha, qui perdent 7 %. La Safer note que cette catégorie de vigne connaissait une hausse des prix continue depuis 2010, avant qu’une baisse commence à s’amorcer en 2023.

Des appellations prestigieuses stables ou en baisse
En 2024, le mouvement de baisse atteint de nouvelles appellations. La Safer évoque une « mise en pause du cycle haussier des appellations prestigieuses ». Hors champagne, le prix des vignes AOP avait augmenté de 69 % entre 2006 et 2022. « La hausse de la valeur moyenne était tractée par la progression régulière des prix dans les appellations prestigieuses, qui bénéficient d’un attrait en tant que valeur refuge auprès d’investisseurs fortunés », commente la Safer.
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Le tassement, d’abord observé à partir de 2022 dans le Bordelais, se confirme en 2024. Seules les appellations bourguignonnes, notamment de Côte-d’Or continuent de grimper. Pour la plupart des autres (sancerre, pic-saint-loup…) « la stabilité prévaut » informe la Safer, qui constate aussi que « des baisses parfois importantes, touchent de nombreuses appellations en rouge ». Ainsi le prix moyen de l’hectare de pauillac recule de 17 %, celui de saint-estèphe de 20 % et de margaux de 7 %.
Le constat d'un coup de frein à la tendance haussière s'observe nettement pour le prix des vignes à eaux-de-vie AOP (cognac pour l’essentiel), dont le prix s’était multiplié par 2,7 entre 2004 et 2022. En 2024, le recul est de 11 % pour le prix des vignes de Charente et de 8 % pour celles de Charente-Maritime. Ce bassin enregistre une baisse des transactions de 13,6 % en 2024.
La Champagne connaît, elle, une hausse des prix de 1,7 %. Mais le prix moyen à l’hectare de 1 121 800 euros, s'il reste stratosphérique, revient au niveau de 2010.
Les plus fortes baisses s’enregistrent dans le quart sud-ouest
Un grand quart sud-ouest englobant les bassins Charente-Cognac, Bordeaux-Aquitaine, Sud-Ouest et Languedoc-Roussillon concentre les plus fortes baisses de prix.

Avec un recul du prix des vignes AOP de 18,4 %, Bordeaux-Aquitaine enregistre la plus forte diminution par bassin par rapport à l’an dernier. Le prix moyen s’établit à 101 100 euros pour 2024. Cette baisse de prix se conjugue avec un nombre de transactions en hausse de 7,2 % par rapport à l’an dernier. Un chiffre élevé sachant que la moyenne pour l’ensemble des transactions viticoles 2024 est de - 1,4 %.
Si le bassin Sud-Ouest, avec - 9,1 %, connaît lui aussi une baisse des prix importante (prix moyen de 13 400 euros), les transactions reculent de 3,5 %.
Même évolution pour le Languedoc-Roussillon, avec un prix moyen de l'hectare de vigne réduit de 5,1 % et des transactions en recul de 2,9 %.
Pour ces deux bassins, la Safer note qu’à la dominante de vins rouges dans la production, s’ajoute l'impact des aléas climatiques.
En Val de Loire-Centre, la situation est contrastée entre des baisses sur les AOP touraine, cheverny, saumur ou encore saumur-champigny et des hausses sur reuilly, pouilly-fumé, coteaux-du-giennois, montlouis-sur-loire ou encore côtes-du-forez.
Le - 0,5 % du bassin Vallée du Rhône-Provence recouvre des réalités différentes entre des appellations toujours en hausse (+ 2 % pour chateauneuf-du-pape, + 7 % pour saint-joseph) tandis que les prix des hectares de côtes-du-rhône et de côtes-de-rhône villages sont en baisse. Les prix des vignes de rosés AOP de Provence se maintiennent.
La hausse des prix de + 11 % affichée par le bassin Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura, est avant tout tirée par les appellations bourguignonnes surtout de Côte-d'Or et du Chablisien (+ 20 % pour les vignes en AOP chablis et + 34 % pour celles en petit chablis). Car en Jura et Savoie les prix sont stables, tandis qu'ils sont stables ou en baisse dans toutes les appellations du Beaujolais.
L'Alsace-Est affiche un prix quasi stable (- 0,7 %) mais la Safer note des disparités entre des vignes en grand cru ou lieux-dits recherchés et d'autres qui ne trouvent pas preneur parce que moins qualitatives ou sujettes aux aléas. « Le prix des vignes ne reflète pas encore la faiblesse des revenus viticoles mais un mouvement baissier est clairement enclenché », prédisent les spécialistes de la Safer.