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Pourquoi le motoculteur trouve sa place dans les vignes

Léger et économique, le motoculteur porte-outils répond à certaines situations viticoles, notamment aux vignes étroites, banquettes fragiles ou petites exploitations. Le point sur les possibilités.

<em class="placeholder">Porte-outil Köppl travaillant dans les vignes</em>
Les viticulteurs suisses emploient le motoculteur dans leurs vignobles pour le passage de brosses horizontales.
© Köppl

À l’heure des tracteurs spécialisés de 120 chevaux, l’emploi d’un motoculteur en vigne paraît complètement anachronique. Et pourtant. À Courcy, dans la Marne, le concessionnaire Laurent Camus en prépare une dizaine par an pour des viticulteurs. « Ce sont soit des doubles actifs pour qui investir dans un chenillard est trop onéreux, soit des prestataires ou des grandes maisons qui l’utilisent pour les jeunes vignes », témoigne-t-il. Le gérant adapte sur ces machines des lames intercep mécaniques maison, qui complètent les outils proposés par les constructeurs (canadien, fraise rotative, broyeur à sarments, tondeuse…).

Sur les plantiers en vignes étroites, le motoculteur se révèle plus doux que les chenillards ou enjambeurs. La lame intercep étant au niveau des pieds de l’opérateur, la vision sur le travail est optimale et il est facile de s’arrêter ou bien de manier la machine de droite ou de gauche si besoin, pour ne pas blesser les jeunes plants. Pour les doubles actifs (ou les néovignerons), le motoculteur permet de s’équiper d’une solution pour l’entretien des vignes à un coût défiant toute concurrence. « Il faut compter entre 3 000 et 4 000 euros pour un engin neuf sans outil, rapporte Laurent Camus. On peut s’en tirer pour 6 000 ou 7 000 euros et avoir un package bien fourni permettant de réaliser plusieurs travaux. » Quand on sait qu’un prestataire pour le travail du sol en vigne étroite avoisine les 600 euros de l’heure en Champagne et qu’un motoculteur travaille 50 ares en 3 heures, l’achat peut se révéler vite amorti.

Entretenir régulièrement le sol pour garder une terre souple

D’aucuns demanderont si de tels outils, dont les puissances tournent autour de 10 chevaux, sont capables de réaliser correctement les tâches attendues. Laurent Camus l’assure : si le sol est bien pris en début de saison, le motoculteur fait tout à fait l’affaire. « Mais il est clair que les fenêtres de passage sont plus réduites que lorsqu’on a la puissance d’un enjambeur », concède-t-il. D’ailleurs, certains viticulteurs font faire le premier passage au printemps par un prestataire pour décompacter le sol. D’autres passent la première fois avec la charrue brabant du motoculteur avant de pouvoir travailler avec la fraise ou le canadien.

En Suisse, Marc-Henri Chevalley, commercial chez Paul Forrer, constate que les vignerons utilisent les motoculteurs porte-outils mono-axe principalement pour broyer les herbes et les sarments, mais aussi pour l’emploi de brosses horizontales. La fraise est également employée dans certains cas à vitesse élevée pour « casser » l’herbe et éviter qu’elle ne repousse trop rapidement. « Le choix de ces machines est généralement motivé par un contexte topographique particulier, comme des banquettes avec murets ou des fortes pentes », observe Marc-Henri Chevalley. Il faut dire que les chenillards sont plus lourds et encombrants. Affichant 100 à 150 kg, un motoculteur engendre un moindre impact sur les sols et sur les murs en pierre sèche. Il est plus maniable et permet aussi de tourner plus facilement en bout de rang. « Sans compter qu’il n’y a quasiment pas de risque de verser avec un porte-outil », ajoute le commercial.

 

 
<em class="placeholder">Porte-outil Köppl Multitalent</em>
Le Multitalent de Köppl peut accueillir un broyeur poussé, proposé au catalogue pour un peu plus de 3 500 euros HT. © J. Flixeder

L’entreprise Paul Forrer distribue les matériels du constructeur suisse Köppl, qui propose une myriade d’outils à atteler : broyeur à fléau, gyrobroyeur, brosses de désherbage métalliques, brosses épampreuses à axe horizontal, machine à bêcher, herse rotative, remorque, épandeur, pulvérisateur, râteau de nivellement ou encore enfouisseur de pierre font partie du catalogue. Ce type d’engins coûte plus cher (environ 14 000 euros HT pour le Multitalent, modèle adapté à la vigne) mais bénéficie de technologies de pointe, comme la transmission hydrostatique, qui permet une conduite facile et accessible à n’importe quel opérateur. « C’est toujours plus économique qu’un chenillard, avance Marc-Henri Chevalley, d’autant plus qu’un porte-outil consomme moins de carburant. »

Les masses de roues et avant sont indispensables pour ne pas patiner

De son côté, l’entreprise Camus a déjà réalisé des montages sur des engins Kubota ou Honda, mais travaille principalement avec l’entreprise Staub. « Leur force réside dans leur centre de gravité très bas et leur boîte de vitesse dotée d’un pignon en bronze, qui confère davantage de motricité et de force », estime Laurent Camus. Il les équipe systématiquement avec des masses de roues et une masse avant. Le gérant apprécie particulièrement les modèles à motorisation essence Jogger 7 (5,8 cv) et Rancher K1050 (9,6 cv), tous deux équipés du blocage de différentiel avec levier de commande au guidon. Ils sont en plus faciles d’entretien : une vidange par an et un coup de soufflette sur le filtre à air de temps en temps suffisent. Un argument de plus pour ne pas cantonner systématiquement les motoculteurs au jardin potager…

Neuf exemples de modèles 

Les prix et niveaux d’équipement des motoculteurs porte-outils varient du simple au quadruple

MarqueModèleMoteurPoidsCaractéristiquesPrix constaté (€ HT)
Agria5900 BisonKohler 429 cc/
14 cv
177 kgTransmission hydrostatique, direction active, accroche rapide12 000
BCS750 PowerSafeHonda 389cc/
11,7 cv
134 kgEmbrayage hydraulique PowerSafe, blocage de différentiel, frein de stationnement3 680
GrilloG131 BCBriggs&Stratton 479 cc/14 cv195 kgDémarreur électrique, différentiel avec blocage, transmission mécanique3 990
HondaF560Honda 163 cc/5 cv53 kgPoignées réversibles, mancherons pliables, embrayage latéral2 530
IsekiSA603FSE4Mitsubishi 
181 cc/6,3 cv
72 kgTransmission mécanique, 6 vitesses AV 
et 2 vitesses AR
4 395
JansenMGT-600ELoncin 420cc/
15 cv
105 kg3 vitesses avec inverseur, blocage de 
différentiel désactivable, phare LED
1720
KopplMultitalent MT14Robin 404 cc/
14 cv
153 kgTransmission hydrostatique, réglages 
facilités, aide au retournement
13900
RapidVarea S231Briggs&Stratton 627 cc/23 cv214 kgTransmission hydrostatique, rotation sur place, direction active, accroche rapide23995
StaubRancher K1050 SKohler 277cc/
9,6 cv
148 kg avec fraiseBlocage de différentiel, embrayage 
ergonomique, accroche rapide
4 130

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