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Mercosur : « Pour la filière vin, le Brésil devrait être la priorité numéro un »

Pour Jean-Marie Cardebat, professeur d’économie à l’université de Bordeaux et affilié à l’INSEEC Grande École, président de l’Association européenne des économistes du vin (EuAWE), l’accord Mercosur pourrait être profitable à la filière vin, notamment grâce au Brésil.

Jean-Marie Cardebat, professeur d’économie à l’université de Bordeaux et affilié à l’INSEEC Grande Ecole, président de l’Association européenne des économistes du vin (EuAWE).
Jean-Marie Cardebat, professeur d’économie à l’université de Bordeaux et affilié à l’INSEEC Grande Ecole, président de l’Association européenne des économistes du vin (EuAWE), estime que le Mercosur peut ouvrir des opportunités pour la filière vin.
© C. Gerbod

Le Mercosur peut-il être profitable à la filière vin française ?

Jean-Marie Cardebat : L'export de vin doit forcément se réinventer. Il faut vraiment aller collectivement, à l'échelle européenne, vers des pays où l'on peut avoir des accords. Il faut ouvrir des nouveaux marchés et ne pas trainer parce que les Australiens, les Sud-africains, les Néo-zélandais le font.

Avec ses 275 millions d’habitants, le Mercosur est un marché sur lequel l’effort commercial pour vendre du vin doit exister. L’accord prévoit à terme la fin des droits de douane qui sont de 27 % pour le vin et de 20 à 35 % pour les spiritueux. La priorité numéro un dans le groupe de pays du Mercosur devrait être le Brésil. Il a une population de 220 millions d’habitants, donc intéressante en quantité, avec des classes moyennes qui émergent. 

Le Brésil ne risque-t-il pas d’être demain, comme la Chine, un marché qui se dégonfle brutalement sous l’effet d’une crise ou de préférences locales ?

J.-M. C. : C’est un risque. Le Brésil est déjà producteur de vin. Les Brésiliens peuvent consommer davantage de vin sans qu’on leur vende une bouteille. Mais quoi qu’il en soit, ça vaut le coup de les acculturer aujourd’hui parce qu’en étant tôt sur un marché, on peut ancrer une marque, ou une origine à l’image des Australiens qui attaquent un marché en tant que vins australiens.

L’habitude de consommation étant prise, il y aura des productions locales qui reprendront des parts de marché mais il n’empêche que les vins importés garderont une place. Certes, nous serons en concurrence avec les autres pays européens producteurs de vin, dont certains ont une proximité culturelle avec des pays du Mercosur. Mais ne pas y aller, c’est être sûr de ne pas y avoir de parts de marché ! ll faut jouer sur l'image de la France, sur notre notoriété.

L'Argentine étant un gros pays producteur, le Mercosur n'est-il pas plutôt un danger pour la filière viticole française ?

J.-M. C. : Ce n’est pas en Argentine que nous vendrons le plus parce qu’ils ont leur production locale. Est-ce qu’il faut craindre davantage d’exportations vers chez nous ? Aujourd’hui, ce pays exporte avant tout vers les États-Unis et le Royaume-Uni, beaucoup plus que vers les pays traditionnellement producteurs en Europe. De plus, leur production est plutôt en déclin avec beaucoup de problèmes liés au changement climatique. Et leurs problématiques macroéconomiques actuelles d’inflation et de dévaluation sont très perturbantes pour le commerce international, à l’exportation comme d’ailleurs à l’importation.

Avec quels produits pourrait-on conquérir le marché brésilien ?

J.-M. C. : Ce marché reste largement à construire. Aujourd’hui, dans ce qui est consommé en vin importé français, on va retrouver des marques fortes, plutôt du haut de gamme, des bulles que nous savons bien vendre partout dans le monde. Mais ce sont les efforts marketing de certaines marques qui entraîneront l’adhésion du consommateur local. Pourquoi du rosé du Languedoc en canette ne se vendrait pas sur les plages du Brésil ? Il ne faut pas y aller qu’avec notre champagne et nos crus classés mais aussi avec des nouveaux produits que l’on peut ensuite tenter sur la France, sachant que les investissements seront amortis.

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