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Les mises en œuvre de plants de vigne en pépinière plongent
En quatre ans, les mises en œuvre par les pépiniéristes français ont chuté de 100 millions de plants, soit 50 %.
La filière fait les frais de la crise viticole
Les mises en œuvre totales en pépinière viticole, c’est-à-dire les plants mis en terre, devraient avoisiner cette année les 160 millions d’unités. Une situation inédite, selon Christophe Raucaz, président de la fédération française de la pépinière viticole (FFPV). « Cela s’explique par la mutation du secteur viticole, touché par la déconsommation du vin, et les incertitudes qui y sont liées », relève-t-il. Le marché intérieur comme l’export se sont effondrés. Autre témoignage des difficultés de la filière, les reports en chambres froides sont estimés à un niveau historiquement haut (18 millions de plants).
Une rentabilité en berne
Lors de la crise des années 2000, les mises en œuvre totales étaient passées de 297,4 millions en 2003 à 178,9 millions en 2007, le chiffre le plus bas de la période 2003-2024. « À l’époque les coûts de production étaient plus faibles, et la filière a passé le cap sans trop d’accidents, analyse Christophe Raucaz. Depuis, nos coûts ont explosé et le prix du plant a peu évolué en cinq ans, les pépiniéristes ont déjà compressé leurs marges et n’ont plus de levier pour jouer sur la rentabilité. » En 2025, le nombre de pépiniéristes français devrait passer sous la barre des 400. Ils étaient presque 900 en 2004.
10 % du parc de vignes mères de porte-greffes arraché
Un peu plus de 250 hectares de vignes mères de porte-greffes ont été arrachées en 2025, principalement en Occitanie (106 hectares) et dans le Vaucluse (75 hectares). Cela représente 10 % du parc. Cela fait suite à la campagne primée (3 000 euros par hectare) obtenue par les pépiniéristes pour éviter de déstabiliser le marché dans un contexte de baisse de la demande. La FFPV espère que cela favorisera par la même occasion la plantation de nouveaux porte-greffes davantage adaptés aux enjeux actuels (changement climatique, court-noué…).
Un besoin croissant de visibilité
Pour Christophe Raucaz, l’avenir de la pépinière française passera par un rapprochement plus efficace avec le secteur viticole. « Il faut 18 mois pour produire un plant, rappelle le président. Plus que jamais nous aurons besoin d’avoir en amont la vision des viticulteurs et de construire ensemble l’offre, la pépinière devra être un partenaire et non un fournisseur. D’autant plus que l’innovation variétale sera probablement au cœur de la reprise. Nous avons déjà commencé à travailler avec les bassins pour tracer une feuille de route. » Pour lui, il y va de la future souveraineté française en termes de plants de vigne.