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Les cochenilles, des ravageurs de la vigne pas si secondaires

Les cochenilles sont en progression dans les vignobles septentrionaux. À surveiller, car elles peuvent transmettre les virus de l’enroulement avec des conséquences sur le rendement et la qualité de la récolte.

La cochenille du cornouiller (Parthenolecanium corni) est celle que l’on retrouve un peu dans tous les vignobles.
La cochenille du cornouiller (Parthenolecanium corni) est celle que l’on retrouve un peu dans tous les vignobles.
© Inrae Colmar

« Les populations de cochenilles sont en augmentation depuis quelques décennies, observe Étienne Herrbach, entomologiste à l’Inrae de Colmar. Une progression à relier aux évolutions climatiques, mais également à un moindre recours aux insecticides pour gérer les ravageurs, compte tenu d’une large mise en œuvre de la confusion sexuelle dans les vignobles. » Plus que la présence de cochenilles, ce qui inquiète les vignerons, c’est le risque de transmission des virus de l’enroulement que représentent ces insectes.

Plusieurs espèces de cochenilles sont fréquemment rencontrées dans les vignes : les lécanines, les farineuses et les floconneuses (voir encadré). Dans les vignobles du Sud-Est, on trouve une autre cochenille farineuse (Planococcus ficus), « une espèce très polyphage que l’on observe sur les agrumes et qui a la particularité de développer deux à trois générations par an, ce qui augmente son pouvoir de dissémination », précise Étienne Herrbach.

Peu de risques pour le développement de la vigne mais attention à l’enroulement

Les cochenilles sont des insectes piqueurs suceurs qui absorbent la sève du végétal, entraînant une diminution de la vigueur des souches. Par ailleurs, elles excrètent un miellat sucré sur lequel se développe une moisissure noirâtre, la fumagine, dont un développement intense peut conduire à l’altération des vins. « Les dégâts directs et indirects des cochenilles sont malgré tout rarement préjudiciables, souligne Étienne Herrbach. En revanche certaines espèces peuvent transmettre les virus de l’enroulement avec des pertes de rendement de 10 à 40 %, une baisse du taux de sucre et une maturité perturbée. »

 

 
Symptôme d’enroulement de la vigne sur cépage rouge.
Symptôme d’enroulement de la vigne sur cépage rouge. © Inrae Colmar

 

Les symptômes de l’enroulement se traduisent par un rougissement des feuilles sur les cépages rouges et un jaunissement sur les cépages jaunes, avec des nervures qui restent vertes. Pour aider les vignerons à identifier les vecteurs et les symptômes de l’enroulement, le BIVB a mis en place deux parcelles d’expérimentation sur les coteaux (à Chablis et en Côte châlonnaise) pour à la fois observer et reconnaître les cochenilles au printemps et les symptômes d’enroulement en juin. « Pour cette deuxième année d’expérimentation, nous avons constaté sur le site de Chablis un grand nombre de cochenilles. Les observations en fin de saison permettront de vérifier si elles étaient vectrices du virus de l’enroulement, afin de mettre en place, le cas échéant, des stratégies de gestion concertées des cochenilles pour prévenir l’enroulement », précise Héloise Mahé, responsable de la coordination technique du BIVB.

Le rôle majeur des auxiliaires pour la régulation des populations

Les cochenilles ne nécessitent pas, la plupart du temps, de gestion spécifique en vigne car il existe tout un cortège d’auxiliaires prédateurs qui participent à la régulation naturelle des populations comme les coccinelles, les chrysopes, les punaises Anthocorides, les coléoptères Anthribides ou encore des mouches prédatrices. Le rôle de parasitoïdes, comme Blastothrix longipennis, émergeant de coques de cochenilles lécanines a également été démontré.

En cas de très forte pullulation, il peut être envisagé un traitement chimique qui cible les larves avec Admiral Pro (à base de pyriproxyfène), seule spécialité autorisée en préfloraison depuis le récent retrait du fenoxycarbe. Ce traitement peut être complété par des huiles paraffiniques appliquées au stade prédébourrement.

 

 
Pulvinaria vitis – Cochenille floconneuse de la vigne.
Pulvinaria vitis – Cochenille floconneuse de la vigne. © Inrae Colmar

 

Six espèces principales dans les vignobles

La cochenille du cornouiller (Parthenolecanium corni) est celle que l’on retrouve un peu dans tous les vignobles. Elle appartient à la famille des lécanines : l’adulte femelle mesure 4 à 6 mm et se présente sous la forme d’une coque globuleuse brun acajou légèrement brillante. « En Gironde, on a identifié plus récemment une autre espèce de lécanine, très proche, la cochenille à coque du pêcher, Parthenolecanium persique », observe Lionel Delbac, de l’Inrae de Bordeaux. Cette espèce est également présente en Alsace.

La cochenille floconneuse de la vigne, dénommée également pulvinaire (Pulvinaria vitis), est un peu plus petite que la cochenille du cornouiller. Elle se distingue par un amas floconneux blanc qui déborde de la carapace au moment de la ponte. Elle est observée notamment dans les vignobles septentrionaux tout comme la cochenille farineuse bohémienne (Heliococcus bohemicus). La femelle adulte de cette dernière est allongée, d’une couleur gris-rosé et recouverte d’une fine pruine blanchâtre avec des filaments fins et longs, ce qui la distingue de la cochenille du platane (Phenacoccus aceris), espèce particulièrement efficace pour la transmission de l’enroulement. Une autre cochenille farineuse, Planococcus ficus, n'est observée que dans le Sud-Est.

 

 
Heliococcus bohemicus – Cochenille farineuse bohémienne.
Heliococcus bohemicus – Cochenille farineuse bohémienne. © Inrae Colmar

 

Le saviez-vous ?

Les cochenilles peuvent vivre en association à but réciproque avec les fourmis. Les cochenilles sécrètent différents composés via leur miellat qui servent de nourriture aux fourmis. En échange, les fourmis assurent une protection aux cochenilles contre les prédateurs ou parasitoïdes. Pour trouver les cochenilles, il faut suivre les fourmis !

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