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L'électricité, une nouvelle piste pour le désherbage

A l'étude depuis les années 80, le désherbage électrique fait l'objet d'un intérêt nouveau dans le contexte de recherches d'alternatives aux herbicides. Un outil intercep sera testé par l’IFV à partir de cet automne.

Zasso-CNH commercialise actuellement une version de 3m de large de son Xpower et travaille au développement d’autres versions, notamment pour la viticulture et l’arboriculture. © Zasso-CNH
Zasso-CNH commercialise actuellement une version de 3m de large de son Xpower et travaille au développement d’autres versions, notamment pour la viticulture et l’arboriculture.
© Zasso-CNH

Le désherbage électrique consiste à faire passer un courant haute tension à travers les plantes, du sommet de la plante jusqu’aux racines. Le passage du courant fait éclater les cellules de la plante qui se dessèche et meure. Un temps de contact de 0,01 à 1 seconde est suffisant selon le type d’adventices à traiter, leur stade et leur densité. Le courant est créé par un générateur relié à la prise de force du tracteur. Il passe dans la plante grâce à une électrode positive qui entre en contact avec la partie aérienne des adventices. Une autre électrode, négative celle-ci, récupère le courant, fermant ainsi le circuit électrique.

Le désherbage électrique n'en est pas à ses premiers essais

En 1982, Evrard avait déjà lancé un système de désherbage électrique destiné à éliminer les betteraves montées. Une technique de désherbage haute tension avait aussi été développée par Irstea dans les années 1995-2000. Depuis, d’autres laboratoires et entreprises ont travaillé le sujet. La plus avancée est la société suisse Zasso, qui a conçu l’Electroherb, devenu Xpower après l’accord de distribution passé entre Zasso et CNH. Deux rangées d’applicateurs, des rubans en inox flexibles, reliés au pôle positif du générateur, « balayent » les adventices, leur apportant le courant. Celui-ci traverse les plantes puis rejoint une troisième rangée d’applicateurs situés en arrière et reliés au pôle négatif. La puissance appliquée, réglable par l’utilisateur, peut atteindre 3 000 Watts par applicateur. L’efficacité du désherbage dépend de la biomasse, de sa nature, de l’humidité et de l’énergie appliquée. Selon les premiers essais d’Arvalis et de l’Inra, il n’y aurait par contre aucun effet sur la vie du sol.

Un outil intercep à l’étude

Le seul modèle disponible aujourd’hui est un outil de 3 m de large proposé pour le désherbage en plein, la destruction des couverts et le défanage des pommes de terre. Mais des essais sont menés par Zasso-CNH sur un outil intercep, dont un premier prototype a été présenté en Allemagne en juin 2019. « L’idée est de proposer un outil utilisable sur enjambeur ou tracteur étroit », précise Ludovic Munoz, responsable produit de AgXtend, marque de CNH dédiée à l’agriculture de précision. Des essais devaient être engagés sur l’outil par l’IFV Occitanie à partir d’octobre. « Le désherbage électrique a des atouts, analyse Christophe Gaviglio, de l’IFV. Comme il n’y a pas de travail du sol, il ne favorise pas de nouvelles levées d’adventices et limite les risques de blessure des racines. Il peut éviter la perte de terre dans les vignobles pentus. Et comme les adventices sont détruites jusqu’à la racine, la persistance d’action est peut-être plus grande. »

Moduler l'intensité du courant selon le type de flore

Des essais préliminaires ont été menés en 2018 en interrang avec un Xpower de 1,50 m de large porté à l’avant du tracteur. « Ils ont montré la pertinence de la technique sur une flore viticole et l’intérêt de moduler l’intensité du courant selon le type de flore », indique Christophe Gaviglio. Les travaux initiés en 2019 viseront à mesurer l’efficacité de l’outil, notamment sa capacité à désherber tout le cavaillon, la persistance d’action, l’impact sur le débourrement… et à préciser les intensités et durées d’application nécessaires.

D’autres techniques électriques à l’étude

D’autres techniques de désherbage électrique sont étudiées dans d’autres domaines. Le désherbage thermique électrique, qui consiste à créer un choc thermique grâce à de l’air chauffé à 650 °C par une résistance, est déjà proposé aux jardiniers.

Un programme de recherche national, WeedElec, a aussi été lancé pour développer une solution de désherbage interrang en légumes et grandes cultures. La détection des adventices par drone est couplée à un robot Ecorobotix équipé d’un outil de désherbage haute tension. L’électrocution des adventices se fait par un arc électrique et non par contact, ce qui limite la puissance nécessaire.

Une étude du signal électrique le plus efficace selon l’adventice est aussi prévue. La technologie laser, qui consiste à tuer l’adventice en détruisant son méristème par rayon laser, est également étudiée.

Plusieurs laboratoires et entreprises travaillent sur des solutions associant des caméras et un algorithme permettant de repérer et identifier les adventices à un système de pointage laser, le tout monté sur une plate-forme autonome.

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