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Le carbure fait son trou dans les vignes

Les pièces d’usure au carbure de tungstène sur les outils de travail du sol rencontrent de plus en plus d’adeptes en viticulture.

Connues et reconnues en grandes cultures, les pièces d’usure renforcées au carbure de tungstène sont particulièrement appréciées des agriculteurs ayant des sols usants. Ces pièces en acier comportent en effet des petites plaques de renfort sur les parties qui s'usent le plus. Même si elles sont trois à quatre fois plus onéreuses que des pièces en acier classique, elles offrent une durée de vie trois à dix fois plus élevée, selon la nature du sol, la période d'intervention – un sol sec est plus usant – et bien entendu la vitesse de travail, qui peut être élevée. "Outre le prix d’achat de la pièce, il faut ajouter le prix de la boulonnerie et le temps passé à l’atelier pour changer les pièces, explique Yannick Monvoisin, directeur marketing d’Agricarb. Pendant que l’opérateur change les pièces, il n’est pas à travailler dans les parcelles alors que les conditions sont bonnes. Au final, le coût à l’hectare travaillé est favorable aux pièces au carbure." "Les coûts à l’hectare sont même divisés par 2,5 à 3", affirme Thierry David, dirigeant d’ADI Carbures.

Cette réflexion vaut également pour le monde viticole qui s’intéresse aux pièces au carbure depuis quelques années. "Il y a deux-trois ans, nous nous sommes aperçus que des viticulteurs adaptaient des pièces d’usure typiques des grandes cultures, comme le soc 60, sur leurs outils de travail du sol, se souvient Yannick Monvoisin. Depuis, nous avons développé notre offre avec des pièces conçues de A à Z spécifiquement pour le monde viticole. Elles représentent une vingtaine de références sur les 2 500 de notre catalogue. La dernière en date est la côte de melon (Catalana) que nous avons dévoilée au Fima, le salon international du machinisme agricole espagnol, à Saragosse, en février dernier. Et nous allons continuer à enrichir notre offre, car les ventes de pièces en carbure en viticulture enregistrent une progression à deux chiffres chaque année."

Même son de cloche chez ADI Carbures, dont l’offre se partage entre les pièces maison et les pièces de constructeurs sur lesquelles sont brasées des plaquettes de carbure. "À chaque fois que je rentre d’un déplacement, je reviens avec de nouvelles pièces à braser, pièces qui sont aussitôt ajoutées au catalogue", explique Thierry David. À l’inverse de la grande culture où les pièces sont construites en grande série, la viticulture doit jouer avec les spécificités régionales. "Il y a une diversité importante d’outils de travail du sol et donc de pièces travaillantes, poursuit Thierry David. Et ces dernières peuvent être utilisées différemment d’une région à une autre. Qui plus est, ce sont des pièces fines, qui travaillent de manière précise, ce qui rend plus délicat le brasage de pastilles de carbure, qui doit être millimétré."

Deux types de pièces sont actuellement disponibles

L’application des pastilles de carbure (par brasage) impacte la pièce d’origine. " Lorsque l’on brase une pastille de carbure sur une pièce classique, l’opération chauffe l’acier trempé et en modifie ses propriétés, d’autant plus quand l’épaisseur de la pièce est faible, explique Yannick Monvoisin. Dans nos pièces maison, nous tenons compte de l’effet du brasage de façon à conserver les propriétés de l’acier." C’est pour cette raison qu’ADI Carbures et Agricarb étoffent leur offre de pièces maison. Néanmoins, les vitesses de travail en viticulture sont plus faibles et les sécurités plus sensibles qu’en grande culture, limitant les risques de casse sur les pièces brasées. "Depuis six ans que nous brasons des pièces en acier pour la viticulture, nous n’avons pas eu un seul retour, confesse Thierry David, preuve de la fiabilité de nos pièces."

Les équipementiers ont également fait évoluer leur process. "Avant, nous utilisions de grandes plaquettes de carbure, se souvient Yannick Monvoisin. Mais comme le carbure de tungstène n’est pas réputé pour sa souplesse, il pouvait y avoir de la casse. Aujourd’hui, nous préférons placer deux petites plaquettes l’une juste à côté de l’autre. La résistance à l’usure est la même, la souplesse accrue, le risque de casse réduit."

Attention, il y a carbure et carbure

Les équipementiers mettent également en garde sur la qualité des plaquettes, constituée d’un mélange d’un liant (cobalt) et de grains de carbure de tungstène (voir l’encadré en savoir plus). "Plus c’est cher, plus la concentration en carbure de tungstène est élevée, plus la pièce est résistante à l’usure, souligne Yannick Monvoisin. Hier, les céréaliers comparaient pièces classiques et pièces renforcées au carbure. Aujourd’hui, ils comparent les pièces au carbure entre elles. Les viticulteurs doivent également être vigilants."

en savoir plus

Attention à la nuance !

Composé de carbone et de tungstène, le carbure de tungstène est un matériau très dense, très résistant et très dur. C’est pour cette raison qu’on le retrouve en bout des forets à béton ou des têtes des outils de forage. En revanche, il est peu résistant à l’élongation et tend à casser rapidement lorsqu’on le tord. C’est pourquoi, les plaquettes au carbure de tungstène sont composées de particules de carbure de tungstène et de cobalt. Ce dernier a été fondu pour se loger entre les particules de carbure et servir ainsi de liant en refroidissant. Aussi, la quantité de liant et la taille des particules de tungstène vont impacter les propriétés physiques des plaquettes : c’est ce qui définit la nuance. Une taille élevée du grain de carbure de tungstène et un pourcentage important de cobalt conféreront une résistance aux chocs élevée à la pièce. En revanche, une taille fine du grain de carbure de tungstène et un faible pourcentage de cobalt augmenteront la dureté et la résistance à l’usure de la pièce. Le travail des équipementiers consiste donc à optimiser ces paramètres tout en contenant les prix.

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