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Prospection : prêts, partez !
Flavescence : ne rien lâcher

Inutile d’espérer, du moins à moyen terme : l’éradication de la cicadelle Scaphoïdeus titanus, vecteur de la maladie de la flavescence dorée, n’est pas envisageable. Tout au plus peut-on contenir la maladie, au prix d’une prospection exigeante dans les vignobles conduisant à l’arrachage des ceps malades. La situation sanitaire dans les vignobles varie justement selon les moyens mis en œuvre pour cette prospection. Et l’implication des viticulteurs.

Cicadelle vectrice de la flavescence dorée de la vigne.
Cicadelle vectrice de la flavescence dorée de la vigne.
© Novartis / archives

“ Quand les mesures de lutte contre la cicadelle sont bien menées, quand un état des lieux dans le vignoble est réalisé, on arrive à contenir l’évolution de la maladie ”, indique Jacques Grosman, chargé de mission environnement au ministère de l’Agriculture. “ Mais on ne pourra pas l’éliminer, le vecteur de cette maladie. ” Et pour Jacques Grosman, la prospection visant à repérer les ceps malades est essentielle. “ Mais elle demande du temps et des moyens. Et même si elle est bien faite, elle ne sera jamais parfaite. ” L’Aquitaine, néanmoins, a une bonne vision de sa situation sanitaire. Et si le nombre de ceps malades a augmenté, c’est parce que la prospection a été accentuée. “ Par cette dernière, l’Aquitaine a pu affiner l’évaluation du risque, en fonction de la découverte de foyers et par le suivi des populations de l’insecte vecteur de la maladie et, au final, le nombre de traitements obligatoires a été limité. Actuellement, l’Aquitaine est à 20 % du potentiel de traitement sur la base des trois traitements obligatoires. Sans cet effort, la région en serait à trois traitements ”, poursuit Jacques Grosman. À titre d’exemple, depuis la création du GDON (Groupement de défense contre les organismes nuisibles) sur Pessac-Leognan, aucun traitement sur cicadelles adultes n’est intervenu. “ Ce qui prouve que les populations sont très basses sur les secteurs de lutte obligatoire ”, indique Emma Fulchin, de Vitinnov, cellule de transfert en viticulture, adossée à Bordeaux Sciences Agro et qui réalise pour le compte du GDON, ce travail de prospection en prestations de service.


“ Une véritable prise de conscience s’est opérée ”


Un réseau de piégeage des insectes est disposé dans les vignes avec un maillage variable, selon le risque estimé, soit un piège pour trente hectares dans les zones peu sensibles et un piège pour cinq hectares dans les zones où ont été découverts des foyers. Le traitement sur adultes est alors déclenché uniquement en cas de captures dans ces pièges. “ Des communes limitrophes d’autres communes qui étaient dans le périmètre de lutte obligatoire y sont entrées puis en sont sorties aucun cep contaminé n’ayant été observé. Mais malgré cela, nous continuons à surveiller les populations. Nous arrivons ainsi à contenir le problème. De plus, les viticulteurs sont très favorables à l’action du GDON. Ils appliquent sérieusement les traitements. Une véritable prise de conscience s’est opérée. ”
Dans le Vaucluse, les premiers foyers ont été découverts en 2002 dans l’Enclave des Papes, cette partie du département enclavée dans la Drôme. “ Nous avons donc commencé la surveillance à cette époque et, au fil du temps, la zone de lutte obligatoire s’est étendue jusqu’à atteindre 20 000 ha en 2008, soit 26 communes, toutes cantonnées dans le Nord Vaucluse. En 2013, ce périmètre a été réduit à moins de 10 000 ha sur 17 communes ”, explique Pascale Savarit, du Fredon Paca. Depuis 2005, la lutte a été aménagée pour aboutir à un seul traitement, voire à zéro traitement. “ Mais cet aménagement est conditionné par des protocoles d’engagements communs, cosignés par le SRAL, la Fredon et les syndicats locaux. Ces protocoles définissent les conditions de surveillance du vecteur. Il est demandé que 35 % de la surface soit prospectée annuellement ce qui fait qu’au bout de trois ans, la totalité du vignoble a été inspectée. Si nous avons aussi peu de flavescence dorée, ce n’est pas seulement le fait des traitements insecticides mais bien celui du travail de tous les professionnels. Il y a bien quelques vignerons récalcitrants mais nous sommes là pour les accompagner et engager un dialogue avec eux en expliquant les mesures d’aménagement de lutte mises en place. En général, cela se passe plutôt bien. ” Il faut dire qu’en Paca, la gestion de la flavescence est facilitée, le vignoble étant d’une taille modeste (20 000 ha). En Languedoc-Roussillon, les choses sont plus compliquées. On y parle même d’une “ gestion industrielle ” de la maladie. “ Toute la région est en périmètre de lutte obligatoire. Compte tenu de la surface du vignoble, la prospection est difficile à réaliser et ne peut être qu’imparfaite. On se contente de détecter les foyers les plus importants. Le Languedoc-Roussillon dispose aussi de moins de moyens que le Bordelais où les viticulteurs participent financièrement aux prospections. L’implication des viticulteurs est pourtant essentielle. Dans le cadre du groupe national flavescence dorée, nous voudrions les sensibiliser par le biais notamment des BSV (bulletin de santé du végétal), le viticulteur étant le seul à pouvoir réaliser la meilleure prospection possible. ”

Pour en savoir plus :

voir dossier de Réussir Vigne de juillet-août 2013. R. Vigne n°198, p. 14 à 19.

. Des doses réduites et mieux adaptées - p. 17

. “ Tout l’été avec un sécateur dans la poche ” - p. 18

. La Bourgogne du sud cherche une alternative - p. 19

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