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Crédits carbone en viticulture : quelles actions pour en générer ?

Les outils de mesure des émissions et de séquestration carbone permettent de réaliser des simulations. Voici à titre indicatif ce que l’on peut attendre de quelques choix agronomiques.

Selon l'outil GES & Vit de l'IFV, opter pour le broyage des sarments plutôt que pour le brûlage aboutit à un bilan net de 582,5 kgCO2eq par hectare et par an.
Selon l'outil GES & Vit de l'IFV, opter pour le broyage des sarments plutôt que pour le brûlage aboutit à un bilan net de 582,5 kgCO2eq par hectare et par an.
© J.- C. Gutner

Tout calcul est dépendant du modèle choisi, chacun ayant ses choix méthodologiques. À ce jour, l’outil d’évaluation des projets de réduction et de stockage carbone validé pour le label Bas carbone en viticulture n’est pas encore opérationnel.

Mais des outils existants permettent des premières estimations comme GES & Vit, conçu par l’IFV. Quant au prix des crédits carbone, il s’agit d’hypothèses. Combiner plusieurs leviers maximise évidemment les gains potentiels.

Passer d’un désherbage 100 % mécanique à un enherbement 100 % permanent

L’outil GES & Vit de l’IFV intègre différents itinéraires de gestion du sol. Passer d’un désherbage 100 % mécanique à un enherbement 100 % permanent génère un bilan net du projet de 1 134 kg CO2eq par hectare et par an. Sur cinq ans, le gain sera donc de 5 669 kg CO2eq/ha.

À 35 euros la tonne équivalent CO2 (tCO2eq), la rémunération sera de l’ordre de 200 euros par hectare mais pourrait être de 570 euros pour un prix tCO2eq de 100 euros.

Faire évoluer une fertilisation 100 % minérale

Pour les leviers possibles en fertilisation, une première hypothèse calcule l’impact du passage d’une fertilisation 100 % minérale à du 100 % fumier. Cela soustrait la fabrication des engrais et réduit l’emission de protoxyde d’azote (N2O) tandis que le stockage augmente.

Au final, le projet génère 815 kg CO2eq par hectare et par an, soit 4 074 kg CO2eq/ha sur cinq ans. La rémunération potentielle tourne donc autour de 145 euros par hectare pour un prix de la tonne de carbone de 35 euros, mais de 407 euros pour une tonne valorisée à 100 euros. Pour atteindre 2 000 euros l’hectare, il faudrait un prix à 500 euros par tCO2eq !

Si l’on opte pour de l’engrais vert un rang sur deux, le modèle GES & Vit calcule un bilan net de 900 kgCO2eq par hectare et par an, donc de 4 500 kg CO2eq/ha sur cinq ans. La rémunération sera donc assez proche.

Broyer les sarments plutôt que les brûler

Broyer les sarments ajoute le passage d’un broyeur. Mais l’impact est plus que compensé par le stockage carbone issu des sarments, estimé par l’IFV à 1,1 tMS par hectare et par an. Un tel projet aboutit à un bilan net de 582,5 kg CO2eq par hectare et par an et à 2 912 kg CO2eq par hectare sur cinq ans.

La rémunération du projet ne sera donc que de 102 euros par hectare pour un prix de la tonne de carbone à 35 euros et de 290 euros s’il est à 100 euros.

Planter 500 mètres de haies

Selon l’IFV, la plantation de 500 mètres de haies est susceptible de générer un crédit de 11 460 kg CO2eq sur cinq ans soit une rémunération potentielle de 400 euros pour un prix de la tonne carbone de 35 euros et de 1 150 euros s’il est de 100 euros par tCO2eq.

Témoignage : Mathieu Jehanno, conseiller à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire

« Il faut prendre du recul sur ses émissions et séquestrations de carbone »

« Nous avons appelé notre outil de diagnostic carbone Presages pour 'Prendre du recul sur ses émissions et séquestrations de gaz à effet de serre'. Le modèle donne des ordres de grandeur sur de grands postes. C’est surtout un outil de mesure de ses progrès et de simulation de plans d’action. S’évaluer donne un angle d’attaque pour réfléchir à son système de culture, mais à côté d’autres approches. Il faut donc aussi intégrer des données économiques. Les gains à attendre sont à relativiser. J’ai suivi un domaine ayant diminué le poids de ses bouteilles de 100 g avec comme impact, une réduction de 10 tonnes d’émissions en équivalent CO2, soit de 10 % par rapport à l’empreinte mesurée par Presages. Sur cinq ans, ça correspond à 50 tonnes, et donc à 1 500 euros si la tonne n’est qu’à 30 euros. L’enjeu de la réduction peut être aussi la communication ou la réflexion sur le climat et sur ce qu’on veut léguer à nos enfants. »

 

Deux outils d’évaluation de l’empreinte en vigne

GES & Vit, conçu par l’IFV, se concentre sur la viticulture. Il intègre pour l’instant les émissions directes à la vigne, le stockage de carbone dans les sols, les émissions indirectes liées à la fabrication et au transport des intrants et celles dues au transport des personnes.

Presages, élaboré par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, est issu d’un modèle développé par le GIEE Agroécologie en vignoble nantais. Il intègre un indicateur de biodiversité. Il évalue les émissions à partir des consommables utilisés pour la production, en vigne mais aussi au chai à travers l’électricité et les conditionnements. Plusieurs chambres d’agriculture l’utilisent.

 

 

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