Moisson 2025 : rebond des rendements en pois protéagineux
Après une récolte 2024 catastrophique, les rendements en pois d’hiver rebondissent en 2025, s’affichant entre 40 et 45 quintaux par hectare. La bonne moisson devrait jouer sur les semis 2025. En féverole, les résultats sont moins positifs.
Après une récolte 2024 catastrophique, les rendements en pois d’hiver rebondissent en 2025, s’affichant entre 40 et 45 quintaux par hectare. La bonne moisson devrait jouer sur les semis 2025. En féverole, les résultats sont moins positifs.

La récolte de pois d’hiver est maintenant terminée, tandis que celle de pois de printemps est bien avancée. « La récolte de pois de printemps est finie en Île-de-France, achevée à hauteur de 85 % en Normandie, et un peu moins avancée dans le Nord de la France » précise Afsaneh Lellahi, directrice adjointe de Terres Inovia. Du côté des féveroles, la moisson est également terminée pour les féveroles d’hiver, mais est plus tardive pour les féveroles de printemps, les agriculteurs étant encore occupés par la fin des moissons de céréales. Les résultats sont jugés « pas mauvais, et dans tous les cas bien meilleurs que l’an passé, à 40-45 quintaux à l’hectare cette année contre 15 quintaux à l’hectare en 2024 » par Benjamin Lammert, président de la Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (FOP).
Des conditions climatiques qui ont inhibé le développement des maladies en pois
Sur la campagne culturale 2023-2024, la recrudescence des maladies fongiques permise par des conditions humides avait largement pénalisé les rendements. « C’est une situation complexe, avec des maladies qui s’installent durablement » rappelle Afsaneh Lellahi. Cette année, le contexte sanitaire a été bien meilleur, « sans développement de maladies dans la grande moitié nord de la France, mais un peu plus dans la partie sud » précise la directrice adjointe de Terres Inovia. Selon elle, ces progrès dans les rendements sont dus à la fois à de meilleures conditions climatiques, mais aussi à la communication de l’institut technique. « Nous avons beaucoup insisté l’année dernière sur l’importance des dates de semis et sur les méthodes de protection des cultures, pour permettre au potentiel du pois de s’exprimer » précise-t-elle.
Des rendements en baisse d’un an sur l’autre en féverole
La récolte de féverole avait été exceptionnelle l’an passé. « Cette année, les coups de chaud en mars et en juin ont nuit au rendement » précise Benjamin Lammert. « Les rendements sont faibles cette année » regrette-t-il. Selon un communiqué commun de Terres Univia, Terres Inovia et de la FOP, les rendements sont estimés entre 30 et 35 quintaux par hectare en féverole d’hiver, et 25 à 30 en féverole de printemps, celles-ci ayant souffert de la chaleur et du stress hydrique pendant le remplissage.
Les rendements sont estimés entre 30 et 35 quintaux par hectare en féverole d’hiver, et 25 à 30 en féverole de printemps
Les bons résultats de cette année déboucheront-ils sur un rebond des surfaces de pois ?
La sole de pois avait largement baissé ces dernières années, avec notamment les conditions climatiques humides de l'automne 2024 qui avaient pénalisé les semis. La filière espère un effet positif des bons rendements sur les intentions de semis en 2025. « Cette bonne année devrait permettre de stabiliser voire d’augmenter les surfaces en pois d’hiver, qui avaient beaucoup baissé l’année dernière, ou tout du moins d’en freiner la baisse. Et ce, d’autant plus que le choix du pois d’hiver est une bonne stratégie pour éviter le stress du printemps » explique la directrice adjointe de Terres Inovia. Les acteurs de la filière restent cependant prudents : « Nous visons les 300 000 hectares en pois, mais il faut déjà remonter la pente » tempère Benjamin Lammert.
De plus, une éventuelle hausse des surfaces semées en 2025 reste tributaire des conditions de semis à l’automne et des prix de marché sur la campagne. Selon le communiqué de Terres Univia, « les marges obtenues en pois sont comparables à celles du blé tendre, avec les prix, rendements et charges de la campagne 2024-2025. De plus, l'effet précédent du pois, par rapport à un précédent blé, représente un gain de marge brute de + 140 à 200 €/ha sur le blé suivant grâce notamment aux économies d’azote que permet cette culture aux multiples atouts environnementaux ». Pour Benjamin Lammert, président de la FOP, « un rendement de 35 q/ha ne permet pas au pois d’être compétitif par rapport au blé, il faut au moins 45 q/ha. On va y arriver cette année ». Sans compter le fait que de bons résultats peuvent rendre le moral aux agriculteurs qui ont persévéré sur cette culture.
Quel marché pour le pois et la féverole en 2025-2026 ?
« La meilleure récolte française en 2025 ne devrait pas peser sur les prix du pois fourrager » estime par ailleurs Benjamin Lammert. En effet, le marché reste très tributaire de la récolte canadienne. En ce qui concerne les débouchés, la demande est attendue constante en alimentation humaine. En revanche, la demande en pois fourrager peine à décoller, selon le président de la FOP. « Il y a un effet de seuil lié à la taille de la récolte. Les fabricants d’aliments, avant d’incorporer le pois dans les formulations, veulent pour la plupart s’assurer de sa disponibilité tout au long de la campagne. La baisse des surfaces risque de pénaliser ce débouché » affirme-t-il. Par ailleurs, il faut tout de même noter que les transformateurs ont des besoins en pois français. En féverole, les perspectives de demande ne sont pas très encourageantes : « Le débouché à l’exportation pour la pisciculture a été pénalisé par les problèmes de bruches [une mouche qui pont dans les graines, ndlr] » précise-t-il. Sans compter l’effondrement du débouché vers l’Égypte en féverole pour l’alimentation humaine.
Sur ce début de campagne, les prix en pois fourrager départ Marne, sa place de référence, sont évalués par La Dépêche Le Petit Meunier à 240 €/t, une valeur en baisse par rapport aux prix en vigueur sur la campagne précédente. Quelques affaires se font d’ores et déjà à l’exportation sur la Belgique. Dans le Sud-Est de la France, l’établissement d’une cotation est difficile, les vendeurs proposant autour des 300 €/t tandis que les acheteurs ne sont pas du tout prêts à offrir ce prix.

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