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Prairie : « Dans la Loire, mes 65 vaches pâturent tout l’été sur 22 hectares »

Le dactyle, la luzerne, le lotier et six autres espèces composent les prairies des vaches laitières de Sylvain Tola, dans la Loire. Avec ce mélange et l’adaptation de sa conduite d’herbe, l’éleveur assure l’autonomie fourragère de son troupeau.

Avec 22 hectares accessibles pour 65 vaches traites toute l’année, Sylvain Tola, dans la Loire, veut faire pâturer un maximum sur des sols superficiels et filtrants. Et ce, même en été, avec l’impact du changement climatique. « Pendant plusieurs années, le mélange suisse OH430, avec entre autres du dactyle, du ray-grass anglais, du trèfle blanc a fonctionné. Nous avions choisi ce mélange car il comporte un dactyle tardif. A l'époque en France, mes fournisseurs ne proposaient que des dactyles précoces, qui montent vite en épi et sont plus difficiles à gérer. Les tardifs sont plus souples d'utilisation : leur valeur chute moins vite à l'épiaison. »

Lire aussi Un mélange pour prairie d’été adapté en Rhône-Alpes

« À partir de 2015, nous avons fait évoluer ce mélange et nos pratiques, pour pouvoir pâturer même en été », expose Sylvain Tola, resté seul sur l’exploitation familiale depuis janvier 2024.

Pas de coupure du pâturage l’été

En 2023, l’herbe pâturée dans la ration des vaches était de plus de 14 kg MS/VL/j sur 20-22 kg MS/VL, concentrés compris, début juin. Elle est descendue à 7,5 kg MS mi-septembre, sans coupure du pâturage en été. Pour des vaches qui produisent 21 à 24 litres de lait par jour au pâturage.

Pour parvenir à ce résultat, les éleveurs ont renforcé la résistance à la sécheresse de leur mélange. « Grâce au travail de mon groupe pâturage, avec l’appui de la chambre d’agriculture de la Drôme, j’ai ajouté de la luzerne et du lotier, en réduisant la dose du OH430 : 78 % de la dose pleine de 36 kg/ha. »

Mélange suisse OH430% du poids total 
Dactyle demi-tardif16%
Ray-grass anglais précoce tétraploïde16%
RGA tardif tétraploïde16%
Paturin des prés16%
Fétuque rouge10%
Fléole10%
Trèfle blanc à grandes feuilles8%
Trèfle blanc à petites feuilles5%
Trèfle violet diploïde3%
Dose de semis du mélange suisse OH43028 kg/ha
Ajouts de Sylvain TolaDose de semis
Luzerne typée méditerranéenne 4,5 kg/ha
Luzerne typée flamande4,5 kg/ha
Lotier corniculé2 kg/ha
Total du mélange "diversifié"39 kg/ha
Rendement : 9 à 13 tMS/ha en moyenne sur un an. Sur un an, chaque parcelle des vaches est visitée jusqu'à 9 ou 10 fois, avec parfois un débrayage pour ensiler.
Valeur alimentaire : elle n'a été mesurée que dans une parcelle semée en 2020 : 1,1 UFL - 260 g de MAT - 120 g de PDI (sur une fauche d'avril 2023)

Hausse progressive de la luzerne

Au début, les éleveurs n’ont mis que 5 kg/ha de luzerne. « Cela ne faisait pas beaucoup de luzerne dans la prairie. Nous avons augmenté la dose à 9 kg/ha, sans réduire les doses du reste du mélange. Nous n’avons pas de souci de météorisation, sans doute parce que le mélange est diversifié et qu’il y a toujours un complément d’ensilage de maïs et de concentrés, toute l’année. »

Sylvain Tola a failli arrêter de semer du lotier, car « je ne le voyais pas dans les prairies. Puis, en 2022, année très sèche, il s’est bien exprimé et a permis de faire pâturer un peu plus longtemps ».

Une forte pression de pâturage

vaches montbéliardes au pâturage, en mars, dans la Loire
Ici, la prairie est en 3e année de production, avec encore du ray-grass anglais. « Mais en 4e année, on ne voit quasiment plus le ray-grass anglais. Et si je conservais la prairie cinq ans, le rendement annuel baisserait sous les 9 tMS/ha. » © C. Pruilh

En parallèle, avec l’appui du groupe, les éleveurs ont fait évoluer en 2015 la conduite du pâturage, en découpant leurs parcelles en petits paddocks pour un chargement instantané entre quatre à cinq vaches par hectare au printemps. Les vaches n’y restent qu’entre 24 et 36 heures, quand il y a vraiment beaucoup d’herbe. « Cette conduite stimule la pousse de l’herbe et l’ingestion des vaches. »

Un allongement du temps de retour

Au printemps, 13 hectares sont accessibles aux vaches traites sur 25 paddocks : le temps de retour sur un paddock est d’environ un mois. En été, quand la pousse ralentit, 22 hectares en 35 paddocks permettent d’allonger le temps de retour : 40 à 50 jours maximum, mais pas plus pour conserver une valeur alimentaire. « S’il fait vraiment très chaud, les vaches ne sortent que la nuit, pour leur bien-être et pour éviter d’abîmer l’herbe », ajoute l’éleveur.

Sylvain Tola cultive aussi du sorgho multicoupe et a semé de la betterave fourragère ce printemps, pour pouvoir allonger encore si besoin le tour de pâturage en été.

Réduire le piétinement par forte chaleur

Pour réduire la dégradation de la prairie par les animaux, l’éleveur est aussi passé d’une forme de parcelles en rectangle allongé à une forme carrée ou circulaire. Et les abreuvoirs ne sont surtout pas mis en entrée de paddock.

Enfin, pour préserver l’équilibre du mélange, « je n’apporte pas de fertilisation minérale sur ces prairies, car le chargement est suffisant. Par contre, je passe la herse en fin de saison de pâturage afin d’étaler les bouses ».

Dans les années à venir, avec le climat qui va ressembler de plus en plus à un climat méditerranéen, il sait « qu’il faudra encore faire évoluer ce mélange ».

Fiche élevage

110 ha, dont 35 ha de prairies permanentes et 35 ha de prairies temporaires. Sur les 35 ha de prairies temporaires : 15 ha d’une association luzerne et trèfle violet pour la fauche et 20 ha du mélange diversifié, pour le pâturage des vaches laitières essentiellement

65 vaches traites toute l’année à 8 000 kg de lait par vache et par an

25 vaches allaitantes

1,4 UGB/ha SFP de chargement moyen

Composition du mélange diversifié

En 2010, Sylvain Tola a choisi le mélange suisse OH430 qui comporte un dactyle tardif car « à l’époque en France, mes fournisseurs ne proposaient que des dactyles précoces, qui montent trop vite en épi et sont plus difficiles à gérer. Les tardifs sont plus souples d’utilisation : leur valeur chute moins vite à l’épiaison ».

Le rendement des prairies va de 9 à 13 t MS/ha en moyenne sur un an. Sur un an, chaque parcelle des vaches est visitée jusqu’à neuf ou dix fois, avec parfois un débrayage pour ensiler.

La valeur alimentaire n’a été mesurée que dans une parcelle semée en 2020 : 1,1 UFL, 260 g MAT, 120 g PDI, sur une fauche d’avril 2023.

Quelques millimètres d’irrigation

S’il reste de l’eau après irrigation du maïs, Sylvain Tola passe un ou deux tours d’irrigation (de 35 à 40 mm d’eau par tour) fin août-début septembre sur ces prairies. Cette eau ne fait pas redémarrer l’herbe. Mais dès la pluie suivante, l’herbe repousse très vite. Comme si cette irrigation préparait le sol et la plante à valoriser pleinement la pluie. « Je l’ai fait en 2021, et en 2022 sur une parcelle qui a produit 4 à 5 t MS/ha de plus que d’autres parcelles comparables non irriguées. »

Un mélange toutes saisons

brome dans une prairie de pâturage, en mars
Semé il y a longtemps, le brome, adapté à ce terroir, est toujours présent. « Malheureusement, déplore Sylvain Tola, il est peu appétent, et les vaches le boudant à partir du deuxième cycle, il finit par faire des touffes. Je réalise donc un topping en juin : je fauche 12 à 24 heures avant le pâturage s'il ne pleut pas. Les vaches mangent tout quand c'est coupé et légèrement fané. » © C. Pruilh

L’éleveur est satisfait de ce mélange « maison ». « Le paturin et la fétuque rouge permettent de limiter le salissement. Le ray-grass anglais démarre fort au printemps, la fléole et le paturin s’expriment quand il fait frais et humide. Et l’herbe continue de pousser sur la fin de printemps et l’été grâce au dactyle, à la luzerne et au lotier. »

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