Aller au contenu principal

Le lien au sol s’évapore du règlement sur l’agriculture biologique

Le règlement européen sur l’agriculture biologique donnera la possibilité de faire du lait bio quasiment hors sol, avec des vaches nourries à l’ensilage de maïs et au soja…

Le nouveau dispositif réglementaire européen qui s’appliquera à partir du 1er janvier 2009 est connu dans ses grandes lignes. Le 2 juillet dernier, le principal règlement d’application a été voté à Bruxelles, complétant le règlement cadre voté il y a un an. Par rapport au règlement français actuellement en application, les assouplissements sont importants. En vaches laitières, le lien au sol est réduit. Le règlement français actuel demande à ce que les aliments viennent au moins à 50 % de la ferme(1). Avec le nouveau réglement européen, « la quasi-totalité des aliments peuvent venir de l’extérieur », résume Juliette Leroux, de la Fnab(2). « La possibilité de faire de la coopération avec d’autres exploitations bio ouvre la porte au hors sol », ajoute Interbio Bretagne. Pour l’épandage, le nouveau réglement permet aussi la coopération entre exploitations biologiques. Pour l’accès au pâturage, les règles sont inchangées. Il faut toujours qu’au moins 60 % de la matière sèche qui compose la ration, vienne de fourrages grossiers, frais, séchés ou ensilés.

PLUS DE MÉDICAMENTS

Alors que les traitements antibiotiques étaient limités à deux par an, et à deux pour les antiparasitaires, le règlement européen ne limite plus l’emploi de ces derniers et limite à trois le nombre d’antibiotiques. En France, le règlement actuel limite l’emploi d’ensilages à 50 % de la ration journalière. Le règlement européen ne limite pas l’utilisation d’ensilage. « C’est un problème en bio car les systèmes avec ensilage rencontrent plus de problèmes sanitaires, qui demandent alors des traitements », développe Juliette Leroux. La Fnab pointe l’élévation de la surface maximale autorisée en caillebotis. « On passe de 25 % de la surface des bâtiments à 50 % de la surface minimum autorisée en bio (6 m2 par vache). Au-delà des 6 m2 par vache, on peut tout mettre en caillebotis. Le problème est que le lisier convient moins aux systèmes en bio (pas compostable) et qu’il est plus lessivable, dégage plus de gaz. » Autre changement, la mixité est autorisée. Ainsi, une exploitation peut avoir un atelier bovin lait en bio et un atelier lapin non bio par exemple. Enfin, le nouveau règlement fixe le seuil maximum de présence d’OGM dans un produit bio à 0,9 %. Actuellement, il est de 0,1 %.

RÉPONDRE AUX OBJECTIFS POLITIQUES

Le règlement européen vise à faciliter les échanges entre États membres, grâce à un cahier des charges commun, mais aussi à faciliter les conversions à la bio, et à permettre le développement d’une agriculture biologique intensive pour répondre aux objectifs politiques. Le règlement européen se voulait également plus simple, mais il s’avère plus compliqué à appliquer, car « il croise texte cadre et règlement d’application ». Enfin, il reste encore de nombreux points à compléter, comme la transformation. « Le texte cadre stipule juste qu’il ne faut pas dénaturer le produit, et le règlement d’application ne liste pas les opérations autorisées. En attendant un complément futur, ce sont les organismes certificateurs qui estimeront si l’opération utilisée dénature le produit ou non », indique Juliette Leroux. ■ 

(1) Le règlement d’application européen ajoute que l’alimentation peut venir d’autres fermes bio.

(2) Fédération nationale d’agriculture biologique des régions de France.

Vers un logo privé

Cette harmonisation par le bas des exigences du bio conduit la Fnab à lancer un chantier avec les acteurs de la filière bio en France, pour créer un logo privé qui reprendrait les exigences du cahier des charges français actuel. « Il faut le développer au plus vite, pour pouvoir informer le consommateur de la différence entre les exigences françaises actuelles et le nouveau règlement européen », souligne Juliette Leroux.

Le logo européen pour l’agriculture biologique ne sera finalement pas obligatoire au 1er janvier 2009, mais au 1er juillet 2010. En attendant, le logo AB restera, mais il portera le nouveau règlement européen. D’où un risque de confusion pour le consommateur, voire un sentiment de tromperie; et un risque de manque à gagner pour les agriculteurs bio français, concurrencés par une bio plus souple. La Fnab cherche donc à sortir le logo privé le plus rapidement possible.

Les plus lus

<em class="placeholder">Vache laitière au robot de traite.</em>
Sept conseils pour faciliter l’adaptation des génisses à la traite robotisée
Les premiers passages au robot de traite demandent patience et accompagnement. Un peu d’anticipation et quelques astuces vous…
<em class="placeholder">Pierre, François, Delphine et Simon Bouvier, éleveurs laiiters</em>
« Nous voulons produire le plus de lait possible avec 100 vaches maximum, dans l’Allier »

Au Gaec des Guillemins dans l’Allier, les deux associés cherchent à augmenter la productivité par vache en maintenant le…

<em class="placeholder">Pulvérisateur ultralocalisé Ara d&#039;Ecorobotix traitant des rumex dans un prairie</em>
« Nous avons traité les rumex en localisé sur 1 400 hectares de prairie »

En Normandie, la Cuma La Pratique fait le bilan d’une année de désherbage ultralocalisé des rumex et chardons avec le…

<em class="placeholder">Aymeric et Eric Gérard conduisent les génisses au robot deux fois par jour pendant une semaine au début de leur lactation.</em>
Robot de traite : « Nous faisons tout pour minimiser le stress des primipares, en Ille-et-Vilaine »
Au Gaec du grand Fleuré, en Ille-et-Vilaine, les associés habituent une quarantaine de génisses au robot de traite en cumulant…
<em class="placeholder">Argent de la zone Euro. Pièces et billets de 10 20 et 50 euros. Monnaie d&#039;échange dans l&#039;Union européenne. Paiement en euros. Europe monnétaire.</em>
Le prix du lait monte encore en France en août alors qu’il baisse dans le nord de l’Europe

Dans l’Union européenne, les prix du lait d’août et septembre montraient les premiers signes de baisse en lien avec la…

<em class="placeholder">Romain Humblot avec vaches montbéliardes</em>
« J’élève moins de génisses et j’allonge les lactations », dans les Vosges

Au Gaec de la Perrière, dans les Vosges, Romain Humblot a défini une nouvelle stratégie de reproduction : moins de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière