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L'accord avec le Mercosur affectera tous les éleveurs de bovins

Les éleveurs européens de bovins viande, mais aussi de bovins laitiers, seront touchés par l'accord commercial qui a été conclu entre l'Union européenne et les pays du Mercosur, le 28 juin dernier.

© F. Moriset

Pour les transformateurs laitiers français, "cet accord est favorable et donne des perspectives pour nos exportations, notamment de fromages, principalement vers le Brésil", résume Gérard Calbrix, économiste à Atla, en évoquant l'accord de libre échange conclu entre l'Union européenne et les quatre pays du Mercosur - Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay.

Pour les produits laitiers, les concessions sont bilatérales. Chaque partie se verra ouvrir progressivement des contingents libres de droit pour atteindre 30 000 tonnes de fromages, 10 000 tonnes de poudre de lait et 5 000 tonnes de poudre de lait infantile, au bout de dix ans (1/10e chaque année). Autre satisfaction, plus de 350 indications géographiques européennes seront reconnues et protégées par l'accord, dont des produits laitiers.

Un accord favorable pour la transformation laitière

L'UE devrait davantage tirer parti de cette ouverture que les pays du Mercosur. "Elle exporte déjà vers cette zone, environ 4000 tonnes par an, dont 1128 tonnes exportées par la France. Ce sont essentiellement des pâtes molles, des fromages de grande marque et des AOP", rappelle Gérard Calbrix. Le Brésil est le principal pays visé ; il est déficitaire en produits laitiers. Ce sont les grandes entreprises implantées sur place qui profiteraient le plus de l'accord : Lactalis et Savencia.

L'Uruguay et l'Argentine sont des exportateurs qui pourraient profiter de l'ouverture du marché européen. "Mais ils exportent des produits basiques. D'autre part, leur collecte est très dépendante des aléas climatiques car il s'agit de systèmes herbagers", expose Philippe Chotteau, chef du département économie à l'Institut de l'élevage.

Un risque élevé de baisse des prix de la viande bovine

Cette petite ouverture très progressive sur dix ans ne saurait éclipser la mauvaise nouvelle que constitue l'ouverture du marché européen à la viande bovine du Mercosur. Car le Brésil et l'Argentine sont très offensifs à l'export - Lire l'article de nos confrères de Réussir bovin viande. Cette ouverture fait peser un risque élevé de dégradation des prix de la viande, qui impacteraient donc aussi les éleveurs laitiers et le produit viande des exploitations laitières. Lire aussi l'article de l'Institut de l'élevage sur leur site internet.

"On parle beaucoup du nouveau contingent de 99 000 tonnes équivalent carcasse de viande bovine, à droit de douane de 7,5%, qui s'ouvrira progressivement en six ans. Mais il y a aussi la mise à zéro des droits de douane (20% aujourd'hui) qui s'applique sur le contingent Hilton (61 500 t), sans délai, dès la mise en oeuvre de l'accord, pointent Quentin Mathieu et Thierry Pouch, du service économie de l'APCA. Et si on cumule tous les contingents de viande bovine des différents accords commerciaux conclus ces derniers temps - avec l'Ukraine (15 000 t), le Canada (67 000 t)... - cela représente des tonnages importants, et cela va exposer durement nos territoires." Lire l'article du service économie de l'APCA de 6 pages sur les conséquences de l'accord UE - Mercosur.

Deux ans de négociations techniques et de ratification

Cet accord est loin de contenter tout le monde en Europe, et il pourrait être bloqué et retoqué à tout moment. Le 28 juin dernier a eu lieu l'accord politique. Les négociations techniques entre les administrations commencent à présent : sur le mode d'agréments des usines, le mode de sélection des détenteurs de licence, etc. L'objectif étant de lever les barrières non tarifaires. Puis, en Europe, le Conseil des ministres devra se prononcer, et enfin le Parlement européen. "Le tout prendra bien 1,5 à 2 ans", estime l'APCA.

Costie Pruilh

Le risque d'un scandale sanitaire

L'utilisation des hormones est interdite dans le Mercosur. Mais le mode d'élevage en feedlots avec un usage intensif d'antibiotiques est à l'opposé de ce qui est promu en Europe. "Et il ne se passe pas six mois sans qu'un nouveau scandale sanitaire agite les filières alimentaires", souligne Philippe Chotteau, de l'Institut de l'élevage. Or s'il y a un scandale sanitaire en Europe, cela risque d'impacter la consommation de viande bovine, toutes origines confondues.

L'Union européenne a au moins obtenu que "c'est elle qui délivrera les certificats d'exportations aux entreprises du Mercosur. Elle pourra se donner un moyen de contrôle...  si elle l'exerce", tempère Thierry Pouch de l'APCA.

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