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« J'ai investi dans le traitement des eaux blanches plutôt que dans une fosse à lisier »

Suite à une extension, le Gaec Faugeras, dans le Puy-de-Dôme, a investi dans un SBR, un dispositif de traitement des eaux peu chargées. L’occasion d’y greffer l’assainissement de quatre logements pour dix-sept équivalents-habitants.

En 2018, le Gaec Faugeras, à Vernines dans le Puy-de-Dôme, terminait son agrandissement du troupeau (80 à 110 logettes), avec l'installation d'une salle de traite rotative de 20 places, en remplacement de la salle de traite de 2x5 places. Pour rester dans les normes, deux choix s’offraient alors au Gaec : refaire une fosse à lisier, car celle de 1 009 m3 utiles ne suffisait plus, ou installer un SBR (sequencing batch reactor en anglais ou réacteur biologique séquentiel en français) pour la gestion des effluents peu chargés.

La première solution aurait été trop coûteuse en travaux, en temps et en gasoil pour l’épandage, avec un lisier moins concentré et moins intéressant d’un point de vue agronomique. Elle a donc été abandonnée au profit du SBR.

Les eaux de lavage du bloc traite et fromagerie

Cette technologie reçoit les eaux de lavage du bloc traite et de l’atelier de transformation fromagère. Elle permet de conserver la fosse à lisier qui reçoit, en plus du lisier, les résidus solides qui finissent par s’accumuler dans le SBR. Une pompe les remonte vers la fosse.

Cerise sur le gâteau, le SBR permet aussi le traitement des eaux usées de quatre logements dont deux hébergements touristiques. Au total, l'équipement fait 78 m3 pour environ 50 m2 d’emprise au sol. Le SBR permet ainsi aux agriculteurs de s’affranchir des contraintes du service public de l’assainissement non-collectif (Spanc) à condition, toutefois, de montrer patte blanche. Une convention a été signée avec la commune.

regard d'échantillonnage des eaux usées traitées
Ultime étape avant le rejet dans le milieu naturel, le regard d’échantillonnage présente une eau épurée à plus de 90 %. C’est là que sont effectuées les analyses. © F. Pigot - APAP

Une fois par an, pour une centaine d’euros, le Gaec fait analyser les eaux que son installation rejette dans le milieu naturel. Les résultats révèlent un taux d’épuration supérieur à 90 %. Les prélèvements sont assurés par la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme qui a également réalisé l’étude des besoins.

Un taux d'épuration de plus de 90 %

Sur le département, plusieurs installations ont été accompagnées, notamment dans la zone saint-nectaire. En plus d’inviter les éleveurs à vérifier régulièrement le bon fonctionnement de leur SBR, les deux techniciennes de la chambre d’agriculture soulignent l’importance de surveiller les voyants d’alerte. Elles préconisent ainsi l’installation du boîtier électronique dans un lieu de passage à l’intérieur du bâtiment. De même, elles insistent sur la nécessité de préserver le SBR du lactosérum, trop chargé. La vigilance s’impose donc au niveau de la laiterie. Enfin, il faut garder à l’esprit que l’installation a été dimensionnée pour un certain volume. Tout changement peut avoir des conséquences sur le bon fonctionnement du SBR.

Pour le Gaec Faugeras, l’investissement s’est élevé à 77 000 euros (dont 55 500 € pour le SBR) subventionnés à hauteur de 60 %(1). Une bonne affaire pour les intéressés qui s’en félicitent. « C’est impeccable, les analyses sont au top », constatent les éleveurs, qui assurent qu’ils n’ont rencontré aucun problème majeur. Certes, deux turbines sont tombées en panne et ont dû être changées, mais ils l’ont fait eux-mêmes.

Frédéric Pigot - APAP

(1) Les aides des agences de l’eau (Adour-Garonne et Loire-Bretagne) ne sont plus que de 30 % et ne sont accordées qu’aux ateliers fromagers en service depuis plus de deux ans.

Fiche élevage

130 vaches laitières

650 000 l de lait produits et transformés en fromages saint-nectaire

Le SBR est énergivore

Le réacteur biologique séquentiel (SBR) ressemble à une mini-station d’épuration parfaitement adaptée aux exploitations laitières et fromagères, à condition de séparer les eaux de lavage du lactosérum qui risque de saturer le système. Le SBR du Gaec Faugeras se compose de deux cuves de 12 m3 et 66 m3 précédées d’un dégrilleur. La première sert de tampon en cas de problème, avant le passage vers le réacteur où la matière organique est consommée par des bactéries en milieu aéré par une soufflante en fond de cuve.

La soufflante du SBR
La soufflante du SBR se met régulièrement en marche. Cette alternance de phases d’aération et de décantation maintient en vie les bactéries qui consomment les matières organiques. © F. Pigot - APAP

Dans le réacteur, des phases de traitement en mode aération et des phases de décantation se succèdent. Chaque phase de décantation est suivie de l’évacuation partielle des eaux superficielles, déjà traitées, vers un regard d’échantillonnage, ultime étape avant le rejet dans le milieu naturel. De leur côté, les résidus solides sont dirigés vers la fosse à lisier. Ce SBR permet d’éliminer quotidiennement jusqu’à 8,2 m3 d’eaux blanches par jour et par bovin.

Un minimum de surveillance est nécessaire. L’éleveur est tenu de vérifier visuellement le bon fonctionnement du SBR et les voyants d’alerte du boîtier électronique.

La consommation électrique de l’installation a été estimée à 20 530 kWh/an dont 20 440 kWh rien que pour la soufflante. Chacune des quatre pompes consomme moins de 0,11 kWh/j. Les filtres à roseaux peuvent constituer une alternative non énergivore aux SBR, mais ils nécessitent beaucoup d’emprise au sol et craignent le gel, ce qui les exclut en altitude.

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